Jacques Doo Bell: Rendez le bébé de Vanessa Tchatchou!

DOUALA - 03 FEV. 2012
© Jacques Doo Bell | Le Messager

Six mois déjà que le bébé de Vanessa Tchatchou a, comme par enchantement, disparu de l'une des couveuses du service néonatalogie de cet illustrissime centre hospitalier.

Depuis le 20 août 2011, une jeune Camerounaise, Vanessa Tchatchou, âgée de 17 ans, s'est fait voler son bébé à peine né. Une prématurée qu'elle aura eu à peine le temps de caresser. Après ce premier geste, toute fatiguée, la jeune Tchatchou aura seulement eu quelques instants pour contempler sa petite merveille. Cette dernière devant séjourner dans la couveuse du prestigieux hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso à Yaoundé, qualifié d'hôpital de référence. Les mots ont-ils encore un sens au Cameroun?

Six mois déjà que le bébé de Vanessa Tchatchou a, comme par enchantement, disparu de l'une des couveuses du service néonatalogie de cet illustrissime centre hospitalier. Comme je le relevais déjà la semaine dernière dans ce même espace, le drame subi par cette jeune femme qui sort à peine de la puberté ne semble pas émouvoir les hauts responsables de ce pays. Encore que ce macabre fait divers se déroule dans un hôpital public. Il interpelle et engage la responsabilité de l'Etat, du gouvernement. L'indifférence qui, dans les milieux officiels, entoure la disparition de ce bébé qui n'avait même pas encore formellement reçu de nom semble indiquer que les pouvoirs publics ne sont pas innocents dans cette affaire. Et la détermination de cette adolescente en ajoute à l'embarras des auteurs de cet ignoble hold up.

On cherche plutôt à l'intimider par tous les moyens pour obtenir sa reddition. On va jusqu'à lui servir le billet de sortie d'hôpital par le canal de la gendarmerie. Il faut être un diable incarné pour franchir un tel Rubicon. Même en Haïti, sous le régime des Duvalier, les tontons-macoutes ne sont pas allés aussi loin, dans leur sale opération de terrorisme d'Etat. Devant la ténacité de la jeune mère qui oppose à ses tortionnaires que son billet de sortie ce sera son bébé, les gendarmes ont dû battre en retraite. Et pourtant Vanessa Tchatchou ne demande rien d'autre que lui soit rendu le fruit de ses entrailles qu'une main satanique lui a subtilisé. Pour quelle fin?

L'une des curiosités de cette tragédie, c'est que la jeune mère avance même le nom de l'infirmière ou accoucheuse qu'elle soupçonne d'avoir volé son bébé. L'intéressée se la coule douce, chez elle et dans les couloirs de cet hôpital qui traîne désormais une sinistre réputation. C'est plutôt la malheureuse jeune mère qui continue de boire son calice. Même après lui avoir fait ingurgiter la lie, on lui fait lécher le fond du vase. Autant de nombreux Camerounais ont perdu le sens de l'honneur, autant les cordes sensibles ne vibrent plus en eux. C'est effroyable!

Des indices existent pourtant qui peuvent aider à retrouver le nourrisson arraché à l'affection de sa mère. Les autorités camerounaises, malgré les cris de détresse de cette maman, se barricadent dans un ponce-pilatisme on ne peut plus épais. Le nouveau-né d'une gamine de 17 ans, volé dans un hôpital dit de référence, tout devrait être mis en branle par les pouvoirs publics pour traquer les ravisseurs de ce bébé, les punir comme des criminels, ils ne le sont pas moins et restituer le nourrisson à sa mère qui le réclame nuit et jour, depuis bientôt six mois. On a plutôt tenté de la «consoler» avec 500 000 Francs. Rien à faire avec cet argent souillé ! Faute d'avoir accepté cette prime semblable à celle que perçut Juda pour trahir Jésus, on lui présente une facture du même montant. Elle subit toutes les formes de menaces. Stoïquement ! On fait tout pour l'expulser de l'hôpital de son malheur. Elle se cramponne! Elle est torturée moralement et physiquement. Elle tient bon ! Pour l'amour de son bébé qu'elle a bien gardé dans son sein jusqu'à l'accouchement. Au contraire de ces autres femmes qui se débarrassent des leurs par l'avortement. De ces autres qui accouchent clandestinement et larguent l'être innocent dans un bac à ordures, une rigole, si elles ne l'étouffent pas. Il y en a également qui sont prêtes contrairement à Vanessa Tchatchou, de bazarder le «colis encombrant» pour une famille pauvre qui arrive à peine à supporter une marmaille piaffant de famine au quotidien et de diverses autres sollicitations. Une femme a défrayé la chronique à la même période de l'année dernière à Douala. Elle avait réussi à subtiliser lé bébé de sa nièce pour le vendre. Vanessa Tchatchou n'est pas de cette graine-là. Elle veut son bébé. Elle y tient. Toutes les forces de l'inertie et du mal qui se déploient autour d'elle depuis six mois déjà n'arrivent pas à l'épuiser.

On peut aussi se poser des questions sur le mutisme de la plupart des leaders politiques qui ont sollicité en octobre dernier les suffrages des Camerounais. Où sont donc toutes ces associations et organisations non gouvernementales qui proclament qu'ils luttent pour la protection des droits humains? Coup de chapeau à Mme Olive Mpongo de la Cndhl qui a été interpellée par la maréchaussée pour avoir voulu voir clair dans cette affaire. Pour le compte de l'institution où elle travaille.

Que ceux qui hébergent le bébé de Vanessa Tchatchou daignent bien le lui remettre sain et sauf. De grâce! Evitons à la jeune maman un traumatisme à vie. Pourquoi gardent-ils ce bébé malgré les cris de sa mère? Pourquoi d'abord l'avoir dérobé? A maints égards le kidnapping de ce nouveau-né lève un pan de voile sur l'existence d'un réseau de trafic humain qui sévirait au Cameroun et qu'il est urgent de démanteler. Déjà, une fois encore la renommée du Cameroun en prend un coup. A cause de la cynique indifférence qui entoure le combat héroïque de Vanessa Tchatchou.




03/02/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres