ISSA TCHIROMA BAKARY: La polémique sur l'accueil de Paul Biya n'a pas sa raison d'être

Yaoundé, 04 Février 2013
© GEORGES ALAIN BOYOMO | Correspondance

Le Ministre de la Communication fait le premier point du déplacement présidentiel en France.



Issa Tchiroma, MINCOM - Paris 2013
Photo: © P.V.M.


M. le Ministre, au stade actuel, quel bilan peut-on dresser de la visite de travail du Président de la République en France?

Tout se passe bien. Les objectifs assignés à cette visite ont été atteints. La preuve, c'est l'engouement que cette visite a suscité auprès des Investisseurs et opérateurs économiques français, au point où le Chef de l'Etat a senti le besoin de prolonger sa visite pour continuer à recevoir les innombrables opérateurs économiques et investisseurs qui se ruent aux portes au Cameroun. De manière générale, la visite de travail du président de la République en France s'est articulée autour de quatre points: la réception du Chef de l'Etat à l'Elysée, la rencontre avec le Medef, autrement dit le patronat français, la rencontre avec la diaspora et les audiences accordées aux opérateurs économiques français, lesquelles se poursuivront ce lundi et possiblement mardi.

Sur le premier point, la rencontre à l'Elysée a permis aux deux chefs d'Etat d'évoquer des questions d'ordre politique et économique. Sur le plan-politique, il s'est notamment agi d'échanger sur les points chauds où il y a conflit armé en Afrique, le Mali, la Rca, etc. Le Président Biya a salué la présence de la France au Mali. Le Cameroun soutient aussi tous les pays africains qui y sont ou qui envisagent d'y intervenir pour débarrasser cette nation des djihadistes et des narcotrafiquants qui l'ont coupé en deux.


Qu'en est-il de l'aspect économique?

Sur le plan économique, le Président camerounais a porté à l'attention de son homologue français, les investissements structurants, il a exalté la coopération exemplaire entre la France et le Cameroun, il a demandé le soutien de la France afin que les grandes réalisations puissent être menées à bon port, la France qui apporte déjà un soutien multiforme au Cameroun, chaque fois que cela est nécessaire.

Pour sa part, le Président français a exalté l'excellence des relations entre le Cameroun et la France et s’est engagé à soutenir, à continuer à soutenir le Cameroun dans ses actions de développement, notamment en ce qui concerne les projets structurants. Le Président Hollande a aussi invité les investisseurs et opérateurs économiques français à être aux côtés du Cameroun.

S'agissant de la rencontre avec le Medef, il faut dire que 135 patrons d'entreprises ont répondu à l'appel du Chef de l'Etat, Paul Biya, et ont participé sans réserve aux débats. Après l'exposé délivré par le Minepat, tous les autres Ministres qui font partie de la suite du Chef de l'Etat ont pris la parole, pour développer, chacun dans son domaine de compétence, le potentiel ainsi que les besoins présents et futurs du Cameroun en termes d'investissements. Il faut signaler que 200 entreprises françaises, au moins, sont déjà présentes au Cameroun.

L'enthousiasme noté au cours de la rencontre avec le Medef était telle que les hommes d'affaires français ont applaudi à tout rompre après l'exposé des différents membres du gouvernement. C'est dire que les exposés ont été à la hauteur de leurs attentes.

Il faut enfin dire sur ce point que le Chef de l'Etat a rassuré les investisseurs français. Le Cameroun est un bon risque, leur a-t-il dit. Les conditions et le réformes sont réunies pour faire les affaires. Les opérateurs économiques français ont donc été invités à se joindre au Cameroun dans le vaste chantier de l'émergence en 2035.

Il y a eu enfin la rencontre avec la diaspora. Malheureusement à cause d'un empêchement diplomatique, le Chef de l'Etat n'a pas pu y prendre part. Le programme du Président Biya ne lui permettait pas d'honorer cette rencontre de sa présence. Il a donc dépêché auprès de cette diaspora le Ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, et l'ensemble de sa suite officielle. Les échanges ont été cordiaux.


M. le Ministre, une controverse a cours en ce moment sur la qualité de l'accueil réservé au Président de la République à son arrivée en France. Est-ce que ce n'est pas un affront que d'être reçu par l'Ambassadeur Bruno Gain?

Cette polémique atteste de l'ignorance ou de la mauvaise foi des journalistes qui ont traité de la question et qui ignorent les us et coutumes diplomatiques. Dans tous les cas, je tiens à faire la précision suivante: en matière de diplomatie, il existe trois sortes de visites. Chacune des visites a un format immuable appliqué à tous les chefs d'Etat, quel que soit le pays d'où ils viennent. Il y a la visite d'Etat, la visite de travail et la visite amicale et de courtoisie. L'accueil et la réception offerts au Président camerounais correspondent au format de la visite de travail qui a été choisie par les parties française et camerounaise.


Sauf que ce n'est pas la première visite de travail que le Président Biya effectue en France, il n'a jamais été accueilli de la sorte!

Il ne faut pas confondre visite d'Etat et visite de travail. Consultez bien vos annales, pour ce qui est de la visite de travail, l'accueil s'est toujours fait de la sorte. J'en profite pour apporter un cinglant démenti à ce qui a été rapporté dans vos colonnes. Ici, à Paris, j'ai accordé des interviewes à des télévisions, Crtv, Camnews 24, Africa 24, Equinoxe, à des radios, Crtv, Magic Fm, Sky one, Rts, etc. Dans aucun de ces organes de presse, je n'ai fait état d'un mécontentement ou d'une frustration de la délégation camerounaise relativement à cet accueil. Toutes mes déclarations à ce sujet ont été faites publiquement donc ce qui je dis peut-être vérifié. J'apporte donc un démenti à ce qui a été écrit de Paris, tout en appelant au sérieux et au professionnalisme des uns et des autres. Du reste, j'annonce que je vais organiser, dès mon retour à Yaoundé, une séance de formation à l'intention des journalistes, à l'Institut des Relations internationales du Cameroun (Iric) afin de les éclairer sur les règles en matière de diplomatie.


M. le Ministre, finalement s'agissait-il d'un tête-à-tête entre les présidents Biya et Hollande à l'Elysée ou d'une séance de travail entre deux équipes autour des deux présidents?

Les deux à la fois. Le format était fonction de la visite de travail. Avant que les deux chefs d'Etat ne se rencontrent, tous les contours ont été dessinés. Et puis, je dois vous rappeler que l'objectif majeur de la visite du Président en France, qui était la rencontre avec les opérateurs économiques français, est un succès à 100%. Sur le perron de l'Elysée, le Président de la République a indiqué que le Cameroun est une terre de libertés, pourtant pas plus tard que la semaine dernière, des cas de violations des libertés et des droits de l'Homme ont été signalés à Yaoundé...

Avant le Chef de l'Etat, il y a d'abord les gouverneurs, préfets et sous-préfets, qui sont garants de l'ordre et de la paix sociale à travers le pays. C'est à eux qu'il incombe la charge d'apprécier si un rassemblement public n'est pas de nature à porter atteinte à l'ordre ou à la sécurité publics. Les autorités administratives sont investies de ce pouvoir d'appréciation. Sur cette base-là, on ne peut pas dire qu'il y a violations des libertés et des droits de l'homme. Il y a des raisons invoquées qui procèdent du maintien de la stabilité et de la sécurité du pays.


Comment percevez-vous les lettres adressées par Marafa Hamidou Yaya et par une certaine diaspora camerounaise aux autorités françaises au moment où le Président se trouve en France?

Comment pouvez-vous penser que le Président français peut prêter une oreille attentive à des gens qui sont en rupture de ban avec les lois et règlements de la République, des délinquants économiques, condamnés par les tribunaux à des lourdes peines de prison pour des détournements massifs d'argent? Non, ce n'est pas possible, parce que la France soutient le Cameroun dans la lutte engagée contre la corruption et les détournements de deniers publics.


Sur la question de l'homosexualité, d'aucuns estiment que le Chef de l'Etat n'a pas été tranché dans sa réponse à la presse...

Le Chef de l'Etat a été clair. Il y a 50 ans, dans la France, essentiellement chrétienne catholique, on ne pouvait pas un seul instant parler librement de l'homosexualité. C'est déjà le cas aujourd'hui. Au Cameroun actuellement, 95 à 99% de personnes sont des croyants catholiques, protestants, animistes et musulmans. Tous sont contre l'homosexualité parce qu'ils appartiennent à des croyances qui vont à l'encontre de l'homosexualité. La plupart des députés qui votent les lois à l'Assemblée nationale sont issus de ces 95 à 99% de Camerounais qui n'admettent pas l'homosexualité.

Le Président de la République a donc le devoir de respecter la volonté de son peuple et surtout de faire appliquer la loi dans ses dispositions actuelles. Peut-être, dans 50 ans, les choses peuvent évoluer.


Après la France, le Président Biya rentrera-t-il directement au Cameroun ou fera t-il un détour a Genève pour un court séjour privé?

Cessons de faire ce genre de procès au Chef de l'Etat. A l'heure où je vous parle (hier en milieu d'après-midi, ndlr), le programme des audiences du Chef de l'Etat est en train d'être établi. Le Président Biya va poursuivre ses audiences avec des personnalités qui peuvent aider le Cameroun. Des Ministres vont d'ailleurs assister à certaines de ces audiences. Donc, pas de procès de mauvais goût au Chef de l'Etat! Et puis, sachez-le: où qu'il se trouve, le Président de la République travaille pour la nation.

source: mutations




04/02/2013
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