Issa Bakary : Cet homme est dangereux pour le Cameroun

Le cheminot, aventurier politique devenu professeur de journalisme à la faveur du décret le nommant ministre de la Communication, s'est payé en l'occurrence le grade de professeur de médecine. Qui viole allégrement le serment d'Hippocrate (qu'il n'a jamais prêté) et le secret médical (qu'il ignore).Virtuose de la transhumance et des voltiges politiques, Issa Tchiroma Bakary restera-t-il fidèle à ses virevoltants retournements, même à la mangeoire autour de laquelle il venait d'être convié?

 Al'occasion de la Journée Internationale 2010 de la Liberté de la Presse célébrée avec beaucoup de bruit et peu de vergogne le 3 mai dernier, le gouvernement du "Renouveau" a offert aux journalistes du Cameroun et du monde un cadeau funèbre : la mort d'un journaliste en prison. Pas moins. Inédit ! Symptomatique de l'état de la liberté de la presse et des libertés en général dans notre chère et belle République démocratique… L'hystérie purificatrice qui gère l'administration publique de la communication vient de déborder le vase, notamment depuis le recrutement, à la tête de ce secteur, d'un griot de race génétiquement non modifiée.

C'est ainsi que le monde entier apprendra, à la volée : 1) Que Germain Cyrille Ngota Ngota (Bibi Ngota), directeur de publication de "Cameroun Express", un organe de presse ayant pignon sur rue, n'est pas journaliste, mais un "aventurier et tueur à gages" ! Qui mérite évidemment ce qui lui arrive, n'est-ce pas ? 2) Que Germain Cyrille Ngota Ngota n'était pas en détention préventive pour délit de presse, mais pour délit de droit commun (faux, usage de faux, et tutti quanti).

 

Comme si la législation et les pratiques liberticides du régime en place faisaient la différence entre ces deux notions ! La détention en question, comme les précédentes et les suivantes, attestent que non. Et puis, qui a dit que le délit de droit commun était une sentence de mort ? 3) Enfin, pour couronner l'imposture, que Germain Cyrille Ngota Ngota n'est pas mort de son hypertension et de sa hernie non soignées, ni des tortures subies à la Direction Générale de la recherche extérieure (Dgre), mais … de Sida ! Le cheminot, aventurier politique devenu professeur de journalisme à la faveur du décret le nommant ministre de la Communication, s'est payé en l'occurrence le grade de professeur de médecine. Qui viole allégrement le serment d'Hippocrate (qu'il n'a jamais prêté) et le secret médical (qu'il ignore). Manque de professionnalisme et d'éthique, cher Prof ! Exactement ce que vous reprochez à cor et à cri à vos cancres de journalistes ! Les qualificatifs avilissants dont vous les affublez vous vont comme des gants…

 

Le cheminot, aventurier politique devenu professeur de journalisme à la faveur du décret le nommant ministre de la Communication, s'est payé en l'occurrence le grade de professeur de médecine. Qui viole allégrement le serment d'Hippocrate (qu'il n'a jamais prêté) et le secret médical (qu'il ignore).

 

Dans un pays normal, dans un Etat de droit, on "dératise" systématiquement le gouvernement et la scène politique dans les cas du genre. Et pas seulement la scène médiatique qui turlupine tant le pouvoir et ses acolytes. Mais, le Cameroun ne serait pas le Cameroun si cela se faisait chez nous. Un journaliste est mort en prison, n'en déplaise aux affabulateurs patentés qui nous gouvernent depuis cinquante ans. A coups de tortures, avec les mêmes méthodes rétrogrades qui nous font reculer chaque jour davantage, avec des discours qui ne correspondent nullement aux actes promis et annoncés. Et l'on va fêter ça, à grandes pompes, à coups de milliards. Cinquantenaire de l'Indépendance, on vous dit ! Un cinquantenaire qu'on n'a vu venir que sur injonction de Paris, au point de l'annoncer seulement la veille de la commémoration (le 31 décembre 2009) et de commencer à le préparer le lendemain du jour de la proclamation, de l'Indépendance (le 1er janvier). Une "Indépendance" gérée vaille que vaille depuis lors par ceuxlà mêmes qui en avaient combattu l'idée, et gentiment "oubliée" au profit d'un référendum frauduleux commis le 20 mai 1972. Tout va ainsi, à vau-l'eau, dans ce Pays Pauvre, très Endetté et… fier de l'être.

 

La démocratie avancée… à reculons et apaisée par… la répression et la corruption. Une Constitution chiffon de papier et essuie-mains, qui institutionnalise le tribalisme et la monarchie. Un système électoral ad hoc, plombé à souhait, allergique au dialogue, au consensus et au pluralisme vrai. Le développement socio - économique sans programmation, au jour le jour, au petit bonheur la chance. La navigation à vue, quoi ! Une lutte contre la corruption à tête chercheuse, dont on n'aperçoit toujours pas les résultats, et qui ne nous épargne guère les trophées mondiaux à répétition de Transparency. Ce qui réussit le mieux, à tous les coups, c'est la durée au pouvoir.

 

Pas surprenant donc, dans un environnement aussi délétère, que les Droits de l'Homme subissent les assauts en tous genres, que la liberté d'expression et de presse agace, et que le journaliste soit le bouc émissaire de premier choix. Jusqu'à ce que mort s'ensuive… pas le Sida. Merci pour le cadeau du 3 mai 2010 et du Cinquantenaire de la répression.

 

Célestin Lingo

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17/05/2010
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