Investiture terne de Biya : Une indifférence qui devrait faire réfléchir

Investiture terne de Biya : Une indifférence qui devrait faire réfléchir
C’est singulier de voir un président africain prêter serment en solo, d’autant que pareille cérémonie est la consécration officielle qui confère à un processus électoral toute sa légitimité.

Le Pays

Le président camerounais Paul Barthélemy Biya a prêté serment hier, jeudi 3 novembre 2011. L’homme qui dirige le Cameroun d’une main de fer depuis 29 ans, rempile ainsi pour un nouveau mandat de sept ans. En 2018, il aura régné près de 36 ans sans partage, et comptera 85 ans ; soit l’âge où bien des hommes publics, conscients qu’ils ne sont pas indispensables, font valoir leurs droits à la retraite.

En tout cas, Paul Biya aura mieux fait que son prédécesseur Ahmadou Ahidjo qui totalisait à son actif 22 ans de règne. Il pourra même se vanter à suffisance d’être adulé par son peuple puisqu’il a été réélu avec près de 78% des suffrages exprimés ; quoique les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin laissent beaucoup à désirer. Toute chose d’ailleurs qui avait été vivement dénoncée par les puissances occidentales, notamment la France et les Etats-Unis. Sans doute que c’est ce qui explique que, même étant le meilleur élève de l’ancienne puissance coloniale, Nicolas Sarkozy n’a pas fait le déplacement de Yaoundé pour assister à l’investiture du président Biya, pas plus qu’il n’y a dépêché un représentant.

Même les Etats-Unis qui disent vouloir faire du Cameroun un hub économique ont brillé par leur absence. Hillary Clinton a préféré une randonnée automnale à une cérémonie d’investiture terne et atone. Que se passe-t-il donc ? Pourquoi a-t-on tant boudé Biya ? Certains caciques du système Biya arguent que la présence de chefs d’Etat amis, dans le cas d’espèce, n’était pas nécessaire, étant donné que les différentes représentations diplomatiques peuvent faire l’affaire. Curieux tout de même ! Puisqu’on ne note même pas la présence d’un seul chef d’Etat africain. Pas même les voisins immédiats.

C’est singulier de voir un président africain prêter serment en solo, d’autant que pareille cérémonie est la consécration officielle qui confère à un processus électoral toute sa légitimité. Et, la présence d’autres chefs d’Etat donne non seulement de l’éclat à l’événement, mais témoigne aussi d’une reconnaissance internationale. En tout cas, habituellement, pareil raout rassemble du monde. Mais dans ce cas-ci, il y a certainement anguille sous roche, surtout quand on sait que de nombreux potentats africains, de la trempe de Biya, ont connu, lors de leur investiture, une participation importante de leurs pairs. Pareille indifférence internationale devrait faire réfléchir. Biya doit maintenant comprendre que ses homologues non seulement contestent indirectement sa légitimité mais lui rendent également la monnaie, lui qui a longtemps vécu isolé comme un ermite.

Même si, à y voir de très près, le printemps arabe aussi y est pour quelque chose. Au fait, on a beau se montrer obséquieux à l’égard de l’Occident, on finira tôt au tard par être honteusement lâché. Il vaut mieux avoir le soutien du peuple que de s’arc-bouter sur la sympathie insincère des Occidentaux.
Boundi OUOBA


04/11/2011
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