Interview de Dieudonné Ambassa Zang dans Njangui Press: Le Transcript

28 MARS 2010
Cyrille EKWALLA | Cameroon-Info.Net

"Je voudrais un ré-examen de ma situation en toute objectivité"

Dieudonné AMBASSA ZANG:
Interview dans NJANGUI PRESS par Cyrille Ekwalla




Monsieur Dieudonné Ambassa Zang, ancien attaché à la Présidence de la République, ancien secrétaire général de ministère, ancien ministre des travaux publics et Député du RDPC de la présente législature à l’Assemblée Nationale, aujourd’hui hors du Cameroun, sort de son silence, et pour sa première sortie radio, il a choisi Cameroon-Info.Net et Njangui Press.

DAZ, comme l’appellent amis et intimes, a défrayé la chronique judiciaire, aussi bien lors de l’affaire dite « Titus Edzoa » avec le Copisur, le comité de pilotage en charge de la construction des axes routiers, principalement l’axe Kribi-Ayos, et au mois de juillet et août dernier, lorsqu’il a vu son immunité parlementaire levée pour pouvoir répondre à la justice sur la gestion de certains marchés publics.

L’ex-ministre député a toujours clamé son innocence, alors que d’aucuns sont convaincus de sa responsabilité totale et entière dans ce qui lui est reproché. Nous en avons voulu avoir le cœur net en posant directement la question ou les questions à l’intéressé. Il a accepté notre invitation. En voici le résultat.



Cyrille Ekwalla: Monsieur Ambassa Zang, depuis votre départ du Cameroun le 11 juillet 2009, vous avez fait deux sorties média en fait, donc une interview, notamment à Cameroon-info.Net magazine, aujourd’hui, pourquoi est ce que vous acceptez de nous parler ?

Dieudonné Ambassa Zang: Alors, je voudrai dire effectivement que j’ai fait deux interventions, et restituer ces interventions dans leurs contextes, pour que les uns et les autres, nos auditeurs puissent comprendre:

La première à CIN le 06 août, était justifiée, par le fait que le bureau de l’Assemblée s’était réuni le 14 juillet 2009, et les membres n’avaient pas pu s’entendre sur la levée de mon immunité et avaient remis ça à une autre session, et j’ai donc pensé qu’il fallait faire cette interview pour apporter des éléments de réponse aux préoccupation des députés, membres du bureau, afin qu’ils se prononcent en toute connaissance de cause et surtout aussi, à l’intention de l’opinion publique nationale et internationale.

Ensuite comme vous l’avez souligné, le 17 mars, j’ai fait une réaction sur un autre site d’information en ligne et qui visait plus à opposer un démenti à la suite d’un article du journal La Nouvelle au Cameroun.

Cette troisième intervention m’est dictée par la volonté de rester en amitié avec CIN qui m’a ouvert ses portes à un moment assez difficile, je dirai même très difficile après la demande de la levée, et donc j’ai répondu favorablement à une demande d’échange sur des questions d’actualité politique, sur des dossiers dans lesquels je suis impliqué.

Je pense que c’est une intervention qui était et qui est nécessaire, c’est elle qui permettra à nos amis, nos auditeurs d’être encore mieux informés sur des questions, objets de préoccupation.



« Je n’ai pas été exclu, je n’ai pas démissionné du RDPC… Je reste bel et bien Député de l’Assemblée Nationale et pour la circonscription de la Mefou et Afamba. »


Cyrille Ekwalla: À l’heure à laquelle nous parlons, il y-a les célébrations du 25ème anniversaire du RDPC qui sont quasiment entrain de prendre fin, auriez-vous aimé être de la fête ?

Dieudonné Ambassa Zang: Vous savez, je suis et je reste militant du RDPC, je n’ai pas été exclu, je n’ai pas démissionné de ce parti donc il est clair que j’aurais souhaité être présent à Mfou dans ma circonscription à l’occasion des manifestations commémorant ce 25 ème anniversaire . Vous savez, c’est des moments d’échange, de communion, et de retrouvailles comme nous les aimons entre nous en Afrique et surtout au Cameroun (…) Néanmoins j’étais de tout cœur avec les autres.


CE: Je vous appelle « Monsieur » Ambassa Zang, est ce que vous êtes encore «Honorable Ambassa Zang», Député de la Mefou et Afamba ?

DAZ: Oui, évidement vous savez, mon immunité parlementaire a été levée certes depuis le 07 août 2009, mais il s’agit d’une démarche qui vise à permettre l’attrait du député devant les instances judiciaires pour être mis à la disposition du juge d’instruction par exemple, puisque, tant qu’on n’a pas fait cette formalité substantielle, ils ne peut pas être inquiété, il ne peut pas être entendu, donc cette levée n’emporte pas la perte de la qualité de Député, donc je reste bel et bien Député de l’Assemblée Nationale et pour la circonscription de la Mefou et Afamba.


CE: Vous avez été un acteur majeur du RDPC et l’on a entendu dire qu’il y’aurait éventuellement un congrès. Si vous en étiez, et qu’on vous posait la question, «Monsieur Ambassa Zang, le RDPC, il doit être réformé ou tout va bien ?»

DAZ: Je vous dirais tout simplement que je fait mienne l’analyse qui a été faite par le Président National, à l’occasion du 3ème congrès extraordinaire du RDPC, je crois que c’était en juillet 2006. Le Président de la République Son Excellence Paul Biya, Président National du RDPC, avait dressé un état des disfonctionnements, des errements, des problèmes et autres blocages qui gênaient le fonctionnement du Parti. Il a aussi parlé d’un Parti d’état-major, de la sclérose, d’un parti qui se veut uniquement une machine électorale, d’un parti qui est un lieu où on danse plus qu’on ne pense…Donc le Président de la République avait lui-même déjà fait ce diagnostic et il est donc question sur la base de ce diagnostic que le nouveau Secrétaire Général qui a été désigné en l’occurrence son Excellence René Sadi et l’ensemble des militants puissent mettre en œuvre des mesures correctives à la suite donc de ce diagnostic, je pense que c’est là le véritable problème aujourd’hui. On doit quand même dire qu’après 25 ans, toute organisation connaît quelques essoufflements, quelques disfonctionnements, je ne pense pas que cela soit de manière alarmiste, au point de parler de réformes, je pense que c’est une dynamique interne à toute organisation, qui se voudrait qu’elle puisse s’ajuster, qu’elle puisse se remettre en cause, pour mieux se caller dans l’avenir en terme de perspective d’avenir par rapport également aux échéances qui interpellent le Parti.


CE: A vous entendre, est ce que vous niez, notamment les dissensions entre les tenant du statu quo et ceux qu’on appelle aujourd’hui les progressistes au sein de ce parti ?

DAZ: Je dis que nous voulons toujours nous référer au Président National qui a les statuts et le règlement intérieur du RDPC, institue à l’intérieur du Parti des échanges démocratiques, donc le seul problème qui s’est posé à un moment c’est que certains, au lieu de mener ces discussions à l’interne l’ont plutôt transporté sur la place publique, et il est clair que les militants ne peuvent pas être toujours d’accord sur toutes les questions, mais le plus important c’est ces questions soient débattues, à l’intérieur du Parti.


CE: Faisons un petit tour en arrière : le 13 juillet 2009, il ya une demande d’immunité parlementaire à votre encontre, qui est rejetée par vos collègues parlementaires, du moins le bureau de l’Assemblée Nationale. Le 6 août 2009, vous déclarez dans un entretien que vous avez accordé à CIN, que vous allez rentrer au Cameroun pour dire un peu votre part de vérité et le lendemain, le 07 août 2009, votre immunité parlementaire qui avait été rejetée le 13 juillet est levée. Est ce qu’il y’a une relation de cause à effet là dedans, qu’est ce qui s’est passé entre temps, selon vous, pour que ça change comme ça du tout au tout.

DAZ: D’abord une mise au point, le bureau s’était réuni plutôt le 14 juillet 2009 et non le 13 juillet. La seconde mise au point que j’aimerai faire, nous ne pouvons pas dire que de manière formelle que le bureau de l’Assemblée ait rejeté la demande qui avait été formulée par le gouvernement. Et en réalité, si je m’en tiens à ce que j’ai lu dans la presse, c’est à dire la déclaration de l’Honorable Théophile Baoro, Porte parole à l’occasion et qui est Vice-Président de l’Assemblée, c’est que de manière unanime les membres du bureau avaient estimé que les éléments fournis par le gouvernement à l’appui de cette demande n’étaient pas suffisants, et ils ont donc décidé de reporter l’examen à une date ultérieure de manière à aller au fond, et probablement à mener leurs propres investigations.


« Beaucoup d’autres compatriotes qui se demande si, pendant le délai qui s’est écoulé du 14 juillet au 07 août, les députés, membres du bureau avaient pu disposer du temps nécessaire pour aller effectivement au fond comme ils souhaitaient pour regarder ces dossiers qui sont quand même importants et volumineux. D’ailleurs aujourd’hui, je dois le dire que cette question suscite un peu une espèce de suspicion (…) Est-ce une cabale gouvernementale à l’encontre d’un Député qui paraît-il gênait beaucoup à travers des questions posées aux membres du Gouvernement ?. »


Maintenant, vous me demandez ce qui a pu se passer, je voudrais dire que à mon sens, il n’y a pas une relation de cause à effet entre l’interview accordée le 06 août à CIN et la levée qui intervenait le jour suivant. Je voudrais quand même dire, M. Cyrille Ekwalla que, beaucoup de personnes se sont posés la question de savoir effectivement ce qui a pu changer. Donc cette préoccupation exprimée est la mienne et elle est également celle de beaucoup d’autres compatriotes qui se demande si, pendant le délai qui s’est écoulé du 14 juillet au 07 août, les députés, membres du bureau avaient pu disposer du temps nécessaire pour aller effectivement au fond comme ils souhaitaient pour regarder ces dossiers qui sont quand même importants et volumineux. D’ailleurs aujourd’hui, je dois le dire que cette question suscite un peu une espèce de suspicion, est ce qu’il n’y a pas eu quelque chose qui soit intervenue, nous ne pouvons pas le dire mais toujours est-il que nous faisons une analyse objective, elle est également appuyée par le fait que certains députés membres du bureau je citerai notamment l’Honorable Mbah Ndam, qui est par ailleurs avocat de profession, et vice-président à l’Assemblée, ont fait des sorties pour décrier ce qui s’est passé et qu’ils ont estimé être des règlements de comptes ou une cabale gouvernementale à l’encontre d’un Député qui paraît-il gênait beaucoup à travers des questions posées aux membres du Gouvernement.


CE: Vous venez de le dire, Monsieur Ambassa Zang, vous gêniez beaucoup à travers vos questions, vous avez quand même occupé beaucoup de postes, vous avez quand même gardé des relations, vous devez savoir ou avoir une idée un peu sur les raisons pour les quelles ça a changé non ?

Dieudonné Ambassa Zang: Ecoutez, je pense que, lorsque l’on est à l’Assemblée, le Député n’est plus le membre du gouvernement, c'est-à-dire que nous changeons de position. J’étais Ministre et lorsqu’on passe Député, on a à cœur d’assurer la défense des intérêts des populations que nous représentons, ensuite le Député a pour mission la cotation de et le contrôle des actions gouvernementales, donc je dois dire que je ne suis pas allé au-delà de cette réserve. Lorsque vous exprimez des inquiétudes par rapport à un projet de budget, lorsque vous faites savoir que telle ou telle disposition qui a été mise dans un projet de loi mériterai d’être retirée comme par exemple : dans un projet de loi concernant les avantages financier, le régime financier, comptable et fiscal dans le cadre des contrats de partenariat publics et privés, le Ministre des finances avait prévu que le système d’amortissement serait le système dégressif, or la loi fiscale camerounaise n’admet que les amortissements massifs ou accélérés, et l’amortissement linéaire. Alors qu’aurais-je du faire, je pense que je n’ai fait que mon travail. Mais je dois dire qu’aujourd’hui quand même, c’est difficile, probablement cela a été perçu comme, vous savez, ayant été membre du Gouvernement et me retrouvant à l’Assemblée, certains collègues d’hier ou les membres du Gouvernement pensaient peut être qu’il s’agissait pour moi de gêner, ou parce que je me retrouvais dans une situation d’aigri, je dis non, je n’ai fait que mon travail. Et ensuite, si une assemblée nationale où le débat doit être intense pour qu’on arrive à des lois bien faites, et qui soient le reflet de ce qu’attend le peuple, si une Assemblée Nationale n’arrive plus à contrôler l’action du Gouvernement, je pense qu’il y’a problème, et peut être qu’il se trouve que, de part mes compétences, et de part mon profil académique, de part mon expérience, j’étais mieux placé pour quand même dire des choses pertinentes qui, peut être aussi n’ont pas plu, je le regrette mais je dis, je n’ai fait que mon travail.


CE: Monsieur Ambassa, vous venez de dire quelque chose là, si l’assemblée Nationale ne peut plus exercer son contrôle sur l’action sur le gouvernement, il y a problème. À qui la faute, Monsieur Ambassa ?

DAZ: D’abord vous savez nous héritons au Cameroun, des traditions françaises, donc le Cameroun a copié pratiquement repris la constitution française de 1958 où il y’a déjà une tendance à l’affaiblissement du parlement. Vous savez également que nous sommes dans ce qu’on appelle le Présidentialisme. Le régime présidentialiste où il y a la prépondérance du président. Vous savez que nous sommes également dans une logique où il y a des aspects je dirai plus ou moins informels qui jouent. Je parlerai par exemple de la discipline du Parti. Vous savez également que nous sommes au Cameroun, dans une situation où tous les députés ne bénéficient pas du même confort intellectuel, et c’est d’autant plus compliqué que ces députés camerounais ne bénéficient pas d’attachés parlementaires. Là est le véritable problème : il est important que le député camerounais , même s’il a quelques compétences au plan intellectuels, il ne peut pas être dans tous les secteurs. Donc il faut qu’il puisse se faire assister par des attachés parlementaires, ce n’est pas encore le cas. Voilà par exemple, dans les réflexions que nous devons mener, il faut voir comment renforcer les capacités du Parlement camerounais.



« J’ai d’ailleurs fait tenir récemment au président de l’assemblée nationale
des éléments de ce dossier médical de manière tout à fait objective.
Comme je l’ai toujours souligné, je ne me considère pas du tout comme un fugitif. Je pense que ne serait-ce que par rapport aux droits de l’homme, à ce que doit vivre un individu, il ne serait pas du tout heureux pour moi de me retrouver dans une situation inconfortable pour des fautes que je n’ai pas commises, »



CE: Parlons de «l’affaire Ambassa Zang».. Mais avant une question : aujourd’hui, quel est votre statut ? La presse à un moment au Cameroun a fait les grands titres en disant Le Fugitif… vous êtes exilé, vous êtes demandeur d’asile, vous êtes en vacances… Quel est exactement votre statut ?

DAZ: Alors, je dirais que je me suis rendu en Europe comme cela a été le cas les fois précédentes pour des raisons de santé et de suivi médical. J’ai des problèmes de santé qui sont difficiles à maîtriser par la médecine au Cameroun, c’est donc dans le cadre d’un suivi médical. J’ai d’ailleurs fait tenir récemment au président de l’assemblée nationale des éléments de ce dossier médical de manière tout à fait objective.

Il est clair que dans ce cadre là je dois bénéficier dans le pays d’accueil ou dans les pays d’accueil, d’une autorisation provisoire de résidence. On verra si cette autorisation peut évoluer, en fonction également de l’évolution de la maladie. Comme je l’ai toujours souligné, je ne me considère pas du tout comme un fugitif, je l’ai dit, je ne suis pas en fuite. Je suis plutôt victime, parce que ce qui m’est reproché n’est pas du tout fondé et j’ai pu parler d’ailleurs à un moment d’accusations malveillantes. Je pense que ne serait-ce que par rapport aux droits de l’homme, à ce que doit vivre un individu, il ne serait pas du tout heureux pour moi de me retrouver dans une situation inconfortable pour des fautes que je n’ai pas commises, je crois que nous sommes au moins d’accord là-dessus, je souhaite que beaucoup me comprennent. C’est pour cela que la bataille aujourd’hui et mes attentes vis-à-vis du gouvernement sont qu’il y’ait un réexamen de ma situation à la lumière de cette affaire qui me semble, a siccité beaucoup de passion et vous savez que la passion est toujours comme la colère, un mauvais maître.


CE: Parlons de ce que vous appelez accusations malveillantes. Sans entrer vraiment dans tous les détails, tellement cela semble complexe et compliqué. Le Conseil supérieur de l’Etat vous reproche, on va synthétiser ça, après audit de votre gestion au ministère des travaux publics, d’avoir occasionné un préjudice financier d’environ 8 milliards de francs CFA à l’Etat camerounais, est ce que c’est exact ?

DAZ: Pas tout à fait. Je voudrais dire que le contrôle supérieur de l’état a mené deux missions , d’abord une mission d’enquête spécialement axée sur les travaux de réhabilitation du pont du Wouri, puis une mission d’audit, ce qui fait que les montant sont d’une dizaine de milliards de Francs CFA. Mais le montant que vous indiquez, je dirais oui, dans la mesure ou l’audit a ciblé les préjudices à 8 milliards pour le seul pont du Wouri, et je voudrais d’ailleurs me féliciter de que vous parliez de préjudice, parce que lorsque dans l’entendement des camerounais et surtout que c’est le terme qui a été utilisé, on a utilisé le terme de détournement , c’est comme si j’ai procédé à la distraction des fonds quelque part alors qu’on aurait bien, pu dire que c’est pour un préjudice, et vous voyez tout de suite les conséquences de cette situation parce que si l’on parle de préjudice, ça veut dire que c’est d’emblée le conseil de discipline budgétaire et financière qui est compétent, qui a la compétence ratione materiae, mais lorsqu’on doit détournement, ça veut dire que c’est les tribunaux qui sont compétents, donc voila à peut près sur le pont du Wouri, c’est à peu près 8 milliards de francs CFA comme vous l’avez souligné.


« La mission passe en mars 2006, je suis parti en décembre 2004, et il y’a un ministre qui m’a succédé, mais tout ce qui s’est passé comme retard, est mis sur ma tête, je ne sais pas si c’est normal, je dois dire jusqu’à présent, je le redis , j’ai ma conscience tranquille, je n’ai commis aucune faute, j’ai fait le travail, je n’ai pas détourné de l’argent , je n’ai pas été corrompu dans cette affaire, je n’ai fait que mon travail. »


CE: D’accord, expliquez nous bien cette histoire là… On parle d’une histoire de gré à gré quelque part avec une entreprise, que vous vous justifiez alors là, je reprends les termes repris dans l’interview que vous avez accordé à CIN en août dernier… Vous, vous justifiez le gré à gré avec l’entreprise dans la double motivation, je vous cite : « De ne pas perdre le financement AFD de 7,7 milliards de francs CFA , puisque la convention était pratiquement arrivée à son terme d’une part, et d’autre part pour éviter une catastrophe dans la mesure où le pont pouvait s’effondrer à tout moment », est ce que vous pouvez être plus clair, plus simple pour que les gens comprennent exactement de quoi on parle dans cette affaire là ?

DAZ: Alors je vais tenter d’être plus clair, parce que comme vous le dites, c’est des questions extrêmement techniques et lorsque l’on a pas bien compris, on arrive à des conclusions comme celles auxquelles les vérificateurs sont parvenus. J’explique simplement, lorsque je suis nommé au Ministère des Travaux Publics, le 24 août 2002, je trouve que l’appel d’offre est déjà lancé, et comme cela se passe, il y’a une commission de passation de marché, ce n’est pas moi qui la met en place, c’est le Premier Ministre, chef du Gouvernement. On l’appelle Commission de passation des marchés de travaux neufs, qui reçoit des offres et qui met en place une sous-commission d’analyse, et cette sous commission d’analyse procède à l’analyse des offres techniques, il y’avait ce qu’on appelle la pré qualification, c'est-à-dire lorsqu’on a examiné les offres techniques, vous devez vous situer à certain nombre de points, par exemple 75 points, si vous êtes en dessous, vous êtes éliminés, pour être préqualifié, il faut être au dessus de cette note. Donc ce sont les entreprises préqualifiées après l’analyse des offres techniques qui voient leurs offres financières ouvertes en seconde étape. Ce travail d’analyse des offres techniques et financières a été fait par la commission. Je dois dire tout simplement que ce n’est pas Ambassa Zang, alors Ministre qui a décidé de passer au niveau du gré à gré, le gré à gré fait partie des propositions qui ont était faites par la commission de passation des marchés. Celle-ci est composée des membres statutaires et en plus de ces membres statutaires, et compte tenu de l’importance particulière de ce marché, ont pris en outre part aux travaux de la dite commission, le représentant de l’Agence Française de Développement, un représentant de l’entreprise SCETAUROUTE-SCET INTERNATIONAL, bureau d’études qui est devenu aujourd’hui EGIS ROUTE, et qui jouait le rôle de maître d’œuvre, et qui était lié à l’état du Cameroun bien avant que j’arrive, pour l’assister dans l’analyse des offres techniques et financières. Clairement, il y’a des offres qui sont reçues, la commission de passation des marchés est renforcée par d’autres experts, et procède à l’analyse, le ministre n’est pas membre de la commission de marché. A l’issu de cette analyse la commission de passation de marché émet des propositions, la première c’était de déclarer l’appel d’offre infructueux, ce que j’ai fait, la deuxième c’était de saisir le premier Ministre chef du Gouvernement et Autorité des marchés publics, pour obtenir de sa part que l’on passe un marché de gré à gré, et la commission et le bailleur de fond ont justifié cette demande de gré à gré par le fait que nous étions au 3ème appel d’offre infructueux, et ensuite, ce que us avez relevé, le pont était menacé d’effondrement, et la convention arrivait à terme. Donc ce n’est pas la décision de Ambassa Zang, Ambassa Zang a suivi les recommandations de la commission de passation des marchés et je voudrais d’ailleurs préciser qu’aux termes de la réglementation des marchés publics, c’est un avis de la commission de passation de marché, mais cet avis lie, c'est-à-dire que lorsque la commission de passation de marché a donné un avis, le maître d’ouvrage, le Ministre ne peut pas passer outre cet avis, c’est ce que dit la réglementation. Si je veux passer outre l’avis de la commission de passation de marché, je dois en référer à l’autorité des marchés publics. Je veux dire clairement que, la commission de passation de s marchés a fait son analyse, et a émis un avis est le Ministre n’a fait que suivre cet avis qu’il a trouvé pertinent, cela veut dire déclarer l’appel d’offre infructueux, solliciter le Premier Ministre pour obtenir son accord, avec une demande motivée pour passer à l’étape de gré à gré, et ensuite, la commission a demandé également qu’on mette sur pied, en cas d’accord du premier ministre d’une commission de négociation pour parvenir à un prix qui soit le reflet le plus possible des travaux qu’il y’a à faire après négociation avec les deux entreprises les moins disantes. Ce n’est que ce que j’ai fait, Monsieur Cyrille Ekwalla.


CE: Vous dites, Monsieur Ambassa Zang, que ce n’est que ce que vous avez fait. Si c’est le cas et que ce que vous venez de nous dire, vous l’avez dit aux autorités compétentes qui vous demandaient des comptes… Je me demande qu’est ce qui « cloche » ? Est-ce que vos preuves ne sont pas suffisantes ?

DAZ: Je ne peux pas parler de preuves, parce que, comme vous posez la question, c’est ce que j’ai dit. Je m’en suis même expliqué avec des tableaux plus détaillés dans le journal L’Anecdote, parce que j’ai été interpellé par des collègues députés. Je m’en suis expliqué avec force détails, d’autant plus que lorsqu’on parle du montant du marché aujourd’hui, je voudrais le relever, sur les trois appels d’offre, toutes les propositions financières ont été au dessus de l’enveloppe confidentielle, le moins disant était 33% au dessus de cette enveloppe (7,5 milliards). Donc il a fallu revenir et essayer de déterminer les travaux prioritaires en faisant des tranches de travaux et c’est ce qui a été fait et Ambassa Zang n’était pas membre à cette commission de négociation. On y retrouvait des cadres chevronnés du ministères des travaux publics, on y retrouvait le représentant de l’AFD, on y retrouvait ce maître d’œuvre dont je vous parle, et en plus, on y retrouvait même un ingénieur divisionnaire du SETRA, le Bureau d’Etude du Ministère français de l’Equipement. Ca veut dire que, compte tenu de la complexité de l’affaire, le pont du Wouri (c’est presque 1 kilomètre de longueur) a été construit selon une technique révolutionnaire et a fait plus de 50 ans sans qu’il n’ait bénéficié d’un entretien. C’est une affaire complexe et énorme qui a bénéficié dans sa gestion de le plus grande expertise, je ne vois donc pas pourquoi on veut m’indexer dans cette affaire où je n’ai fait que mon travail, où j’ai tout fait pour que le pont du Wouri soit réhabilité.

CE : …

DAZ : … Alors, je ne saurais être le problème. Lorsqu’on passe un marché comme celui-là, il y’a un cheminement c’est à dire que, comme je l’ai dit tout à l’heure, le marché a été déclaré infructueux et on est passé à la phase de négociation, pour déterminer un prix, un montant du marché. Lorsqu’on a déterminé ce montant du marché, le maître d’ouvrage est obligé, c'est-à-dire le ministre que j’étais, se trouve obligé de recueillir la non-objection du bailleur de fonds. J’ai la lettre de non-objection du bailleur de fonds, le maître d’ouvrage, c'est-à-dire le ministre que j’étais a l’obligation de recueillir l’avis de la commission spécialisé du contrôle des infrastructures qui est placé auprès du Premier Ministre, chef du Gouvernement ; j’ai l’avis favorable de cette organe. Avant que le Ministre ne signe le marché, le marché est soumis au visa du premier Ministre, chef du Gouvernement, le marché a été visé par le directeur de cabinet du Premier Ministre, sur les instructions de celui-là, je viens signer à la fin. Le problème, s’il y’a problème quelque part, il ne faut pas le chercher autour de moi, j’ai fait mon travail et d’ailleurs, pourquoi la vérité n’apparaît pas ? J’ai oublié d’ailleurs de mentionner que dans toutes les commissions de passation de marchés, il y’a ce qu’on appelle l’observateur indépendant qui est désigné par l’agence de régulation des marchés publics, c’est pour ça, quand on s’est mis à me poursuivre pour ces problèmes là, vous imaginer, 7 ou 8 milliers de préjudice, c’est énorme pour ma petite personne de causer un préjudice comme celui-là à l’état du Cameroun, c'est-à-dire à mon pays. J’ai saisi formellement l’Agence de Régulation des Marchés Publics, monsieur Ndoudoumou, en lui demandant de faire un « dire d’expert », je lui ai dit « je suis poursuivi et pour des questions concernant des aspects de marchés publics, donc voilà mes éléments de réponse, je vous en prie, parlez, dites si j’ai commis des fautes, que ce soit su si j’ai violé la réglementation, que cela soit su ». Il n’a jamais parlé, malgré ma saisine, je n’ai jamais eu de réponse, ensuite l’autorité des marchés publics elle-même, c'est-à-dire le Premier Ministre Peter Mafany Musongè devrait pouvoir s’émouvoir et demander des comptes, et enfin, les informations que j’ai des bailleurs de fonds, c’est que personne ne les a approchés. Il est donc question aujourd’hui que l’ARMP se prononce, et que les bailleurs de fonds également puissent se prononcer, puisque les bailleurs de fonds ont l’obligation dans leur méthode de travail de conduire des audits à posteriori, est ce que ces audits ont été conduits (…) Vous savez on a mis sur ma tête des choses du genre : « 1,5 milliard de francs CFA pour études insuffisantes », mais de grâce, est ce que j’étais là lorsqu’on réalisait les études, les études ont été réalisées en 2000-2001, je n’étais pas là. Lorsqu’on met sur ma tête : « 1.5 milliard de franc CFA pour la prolongation des délais », est ce que je suis responsable de cela, non ! Je prends par exemple ce cas de prolongation de délai, il est clair, le Ministre des finances a mis 4 mois avant d’accorder le régime préférentiel pour importer le matériel, Le marché a démarré un an après sa signature, tout simplement parce que les opérateurs économiques faisaient des grèves, montées d’ailleurs par quelques personne qui étaient plus enclines à vouloir qu’on mette en place ce qu’elles appelaient un pont flottant. Le pont sur le Wouri est le passage obligé d’environ 40.000 véhicules/jour, donc il fallait restreindre la circulation et surtout les opérateurs économiques, les « benskiners » et autres, je me suis retrouvé face à des grèves musclées, qui ont pu être gérés de manière à ce que les travaux commencent, mais cela a pris plus d’un an. Le pont du Moungo s’est effondré, cela a coûté deux à trois mois dans l’arrêt des approvisionnements du matériel. Et ensuite, lorsque la mission passe en mars 2006, je suis parti en décembre 2004, et il y’a un ministre qui m’a succédé, mais tout ce qui s’est passé comme retard, est mis sur ma tête, je ne sais pas si c’est normal, je dois dire jusqu’à présent, je le redis , j’ai ma conscience tranquille, je n’ai commis aucune faute, j’ai fait le travail, je n’ai pas détourné de l’argent , je n’ai pas été corrompu dans cette affaire, je n’ai fait que mon travail en mon âme et conscience, et je pense que ce travail a été fait, c’est pour cela que aujourd’hui, je pense que l’on devrait pouvoir œuvrer pour que l’ARMP se prononce, et que les bailleurs de fonds se prononcent.


« Les ingénieurs ont constitué, au sein du MIN TP des espèces de
bureaux d’études (…) Ce sont les mêmes qui font les critères d’évaluation des appels d’offres, Ils orientaient les critères à la base, ensuite on les retrouvait, pour certains, dans la commission de passation de marchés, et pour d’autres, dans les sous-commissions d’analyse. »



CE: Alors pourquoi « vous » au point où vous avez parlé d’« acharnement » ? Pourquoi ces accusations sur « votre tête » ?

DAZ: Lorsque je suis arrivé au Ministère des Travaux Publics, j’ai pris l’engagement de ma battre contre les « méthodes », de mettre en place la transparence, d’assainir les mœurs, et c’est ce que j’ai fait. J’ai par exemple affecté, en un seul jour, 60 ingénieurs, parce que dois-je vous dire, monsieur Cyrille Ekwalla, j’ai trouvé des systèmes, les ingénieurs ont constitué, au sein du MIN TP des espèces de bureaux d’études, ça veut dire que les opérateurs économiques venaient les voir, et vous savez c’est dangereux, ce sont les mêmes qui font les critères d’évaluation des appels d’offres, donc ils orientaient les critères à la base, ensuite on les retrouvait, pour certains, dans la commission de passation de marchés, et pour d’autres, dans les sous-commissions d’analyse. Donc je me suis battu contre ces méthodes qui avaient cours au Travaux Publics, et j’ai reçu pour cela des lettres de félicitations, des témoignages de satisfaction d’un certain nombre d’organisations internationales qui luttent contre la corruption dans le monde. Prenons le cas du pont sur le Wouri, c’est le lieu pour moi, je le dis dans cette radio, et c’est pour la première fois, je suis obligé d’en parler, j’ai subi toutes les pressions du monde, parce que lorsqu’on fait le pont sur le Wouri, je dis, il faut mettre en place un plan de circulation, vous avez des personnalités qui veulent plutôt qu’on mette en place à coté un pont flottant. Je leur ai dit que je ne peux pas soutenir l’idée du pont flottant, parce que le pont flottant, lorsque je prends le coût, c’est à peut près 5 milliards, avec tous les travaux, alors qu’on a besoin d’un deuxième pont, donc je ne peux pas l’accepter. Ensuite ce pont flottant, si on le prend, après les travaux de réhabilitation du pont sur le Wouri, il sert à quoi ? A rien. Enfin, ce pont flottant, il devra prendre encore du temps pour être mis en place, sur à peut près 800 mètres, presque un kilomètre, ça prend du temps. Donc je n’ai pas tété d’accord et on m’a fait savoir clairement que j’avais piétiné un certain nombre d’intérêts, puisqu’ils ont même envoyé des gens pour me dire qu’on me donnerai ma cote part si j’étais d’accord, j’ai dit non, je ne suis pas là pour ça, je travaille pour l’intérêt général, je comprends donc que probablement, je paies pour avoir piétiné un certain nombre d’intérêts.



CE: Les intérêts de ces fameux « on » dont vous n’allez pas nous donner les noms.

DAZ: Non, je ne vais pas cous donner les noms, parce que comme je dis, on ne cite pas les contemporains. Je vais vous préciser qu’on a lancé des tracts , on a fait lancer des tracts contre moi, pour cette histoire du pont du Wouri, on m’accusait des méthodes draconiennes, de tyran et autres, parce que j’ai dit que le pont se fera, il fallait faire le pont , si non, il allait s’écrouler, et je vais vous dire qu’un Secrétaire général de la Présidence de la République, à l’époque a même suggéré que j’arrête ces travaux, parce qu’on allait vers 2004, et pour ne pas susciter le mécontentement . J’ai dit que ça n’a rien à voir, si le président va aux élections, cela ne pose pas de problème, ce qui est tout le contraire si le pont s’effondre, à ce moment là, qui va en assumer la responsabilité ? C’est pour cela que j’ai mis un point d’honneur pour que les travaux avancent et que le pont soit réhabilité, aujourd’hui, le pont est réhabilité et c’est la stabilité, donc la bataille, plutôt c’est pour le deuxième pont. Je ne vais pas citer les contemporains, mais je sais que ceux-là se reconnaissent et ceux qui nous écoutent pourront aussi les reconnaître puisque d’ailleurs ils ont écrit au Chef de L’Etat pour dire qu’ils ne seront pas responsables si les choses se passent mal à Douala parce que je tiens à tous prix à faire le pont du Wouri, et que les « Benskins » et les opérateurs économiques sont mécontents.


CE: Monsieur Ambassa Zang, est ce que quand vous regardez dans le rétroviseur, vous pensez avoir fait quelques erreurs dans votre parcours notamment quand vous êtes arrivé au ministère des travaux publics ?

DAZ: Mais je voudrais dire que aucune œuvre humaine n’est parfaite, si j’avais à recommencer aujourd’hui, je dirai que je ferai mieux sur un certain nombre de points. Mais véritablement, par rapport aux points qui intéressent les vérificateurs, je dirai que si j’avais à reprendre aujourd’hui, je referai la même chose parce qu’il n’y avait pas meilleur moyen de faire ce que nous avons fait.


«Ambassa Zang n’a jamais eu à assumer des responsabilités financières au
sein du Copisur, je n’ai signé aucun chèque, je n’ai engagé aucune dépense dans le cadre du comité où d’ailleurs je n’ai séjourné que 6 mois, je suis parti 6 mois après, je me suis retrouvé de facto hors du comité en raison des divergences qu’il y’avait dans l’approche des dossiers avec le Président du comité.
»


CE: Alors je voudrais qu’on aborde maintenant une autre afaire dans laquelles est apparu votre nom, c’est l’affaire la plus médiatique et la plus médiatisée du Cameroun - affaire politique s’entend-, l’affaire dite Titus Edzoa, et plus exactement le Copisur, dans lequel vous avez joué un rôle majeur. Là pour synthétiser encore une fois, le quotidien Le Messager a révélé deux propos contradictoires qui vous sont attribués. Il y est dit que le 27 septembre 1996, vous avez attribuez les difficultés de ce conseil à son président Thierry Atangana et à l’autorité de tutelle, qui est en l’occurrence est Titus Edzoa. Récemment, toujours selon Le Messager, on a retrouvé une note de vous en date du 16 janvier 1995 ; dans laquelle cette fois-ci vous attribuez les difficultés du Copisur à l’époque à l’ancien Ministre des finances Justin Ndioro, et aussi à la SNH qui ne voulait pas décaisser, je pense qu’on a parlé d’une sommes de 97 millions, quelque chose comme ça… Est ce que ne serait-ce que sur ces deux points là de l’affaire Titus Edzoa, sachant que l’affaire est encore pendante devant la justice, peut avoir votre réaction ?

DAZ: Alors, je voudrais d’abord dire que je ne partage pas le fait qu’on dise que j’ai joué un rôle majeur dans le Copisur, il faut que nous apprenions à dire la vérité, les camerounais veulent toujours masquer la vérité, parce que comme on le dit, lorsqu’on veut noyer son chien, on l’accuse de rage. Aujourd’hui, je suis bon à tout , il faut tout mettre sur ma tête, probablement pour que mon nom apparaisse encore de ce coté là, et tout comme vous l’avez vu dernièrement lorsque j’ai du sortir de ma réserve, par rapport à l’article du journal la Nouvelle. Lorsque le Ministre Edzoa Titus, arrive à la présidence de la république, il trouve que ce dossier est déjà en cours, c'est-à-dire que l’affaire du comité de pilotage a démarré sous le ministre Joseph Owona. Il faut que ce soit clair, et je ne sais pas comment les lettres sont arrivées pour que le Président de la République donne son accord. Toujours est il que les lettres communiquant les hautes instructions, les hautes directives du chef de l’état aux différents ministres, parce que ces lettre existent, finances, TP et autres, ces lettres ont été signées par le ministre Joseph Owona. Lorsque le Ministre Titus Edzoa arrive, il trouve que le dossier est déjà en marche et il se charge donc de la mise en marche du comité de pilotage et des autres formalités. Lorsque je suis saisi en tant que collaborateur du SG pour émettre mon avis, je suggère que ce comité soit dirigé par un représentant du MINTP, et que le représentant des sociétés partie prenante à cette affaire n’assument que les fonctions de Vice-Président, et que si la présidence doit faire parte su comité, que le représentant de la Présidence en soit membre. Je voudrais d’abord lever tout équivoque pour dire que Ambassa Zang n’a jamais œuvré pour être désigné par le Président de la république, par arrêté présidentiel comme Vice-Président de ce comité. C’est la première chose que je voulais dire. La deuxième est que je m’inscris en faux lorsqu’on voudrait faire dire que j’ai assumé un rôle majeur dans cette affaire, pourquoi ? Ambassa Zang n’a jamais eu à assumer des responsabilités financières au sein du Copisur, je n’ai signé aucun chèque, je n’ai engagé aucune dépense dans le cadre du comité où d’ailleurs je n’ai séjourné que 6 mois, je suis parti 6 mois après, je me suis retrouvé de facto hors du comité en raison des divergences qu’il y’avait dans l’approche des dossiers avec le Président du comité. On a souvent voulu parler de la présidence de la commission de passation de marchés, je dis d’abord, cette présidence, oui j’ai été désigné, et je n’ai présidé qu’une seule session, monsieur Cyrille Ekwalla, et c’est vérifiable. Je n’ai présidé qu’une seule session au cours de laquelle tous les appels d’offre examinés ont tous été infructueux. Je n’ai plus jamais présidé une autre session. Donc je voudrais m’inscrire en faux et que je n’ai jamais assumé un rôle majeur dans cette affaire, je voudrais ensuite, par rapport à ces lettres, dire que ça fait d’abord très longtemps, et ensuite il faut que je vois la paternité des lettres qu’on veut bien m’attribuer. Ce que je voudrais dire par contre, c’est que le mécanisme de financement tel qu’il a été imaginé par ceux qui ont saisi le président de la république à l’époque, c’était ce qu’ils appelaient un fond d’investissement routier, qui était un peu le précurseur du fond routier aujourd’hui. Le fond d’investissement routier devait être alimenté par un prélèvement d’une partie de la TSPP. La TSPP c’est quoi ? C’est la taxe sur les produits pétroliers. Voilà comment on avait imaginé le mécanisme de financement de ces projets là au niveau des études et de la réalisation des travaux. Le Ministre Ndioro, et c’est ce que j’ai toujours dit, auprès duquel le Ministre Edzoa m’avait envoyer pour tenir une réunion avec ses collaborateurs en tant que Vice-Président du comité, avait dit clairement que en tant que camerounais , il comprenait qu’on ait à se préoccuper de le réalisation de ces projets routiers, mais il était assujetti aux engagements pris par l’Etat du Cameroun vis-à-vis des bailleurs de fond de la communauté Internationale, le FMI et la Banque Mondiale, dans le cadre de la politique d’ajustement structurelle, c’est ce que j’ai dit, parce que je n’ai pas accusé outre mesure le Ministre des finances, je n’ai que restitué ce que le Ministre des finances avait dit, il avait dit qu’il ne peut pas signer un arrêté mettant en place le mécanisme de financement. Et c’est pour cela que le problème se pose aujourd’hui au tribunal, parce que ce que l’on reproche, me semble t-il, parce que j’ai été chez le juge d’instruction, malgré ma qualité de député, dans le cadre de cette affaire. Ce qu’on reproche au Professeur Edzoa dans cette affaire, c’est qu’il avait donné des instructions formelles, il y’a eu des lettres d’instruction aux sociétés pétrolières de passer outre le refus du Ministre des finances et de s’exécuter, ce que les sociétés ont fait. Lorsque le Président du Comité, monsieur Thierry Atangana, et Isaac Njiemoun sont poursuivis, solidairement avec le Professeur Edzoa sur ce volet là, c’est tout simplement parce qu’on leur reproche d’avoir signé des quittances d’acquis en lieu et place du trésorier payeur de Douala, qui parait-il, avait refusé de signer les acquis. Donc voilà la réalité de cette affaire, et lorsque on veut me faire dire que j’ai accuse le Ministre Edzoa et Atangana Thierry, tout simplement parce que j’ai relevé que le Copisur avait une mission précise, les deux projets routiers, et que par la suite, faute peut être d’avoir obtenu les financements pour faire ce pourquoi le comité a été mis en place, le comité s’est retrouvé en train de faire d’autres choses, je vous prends juste un exemple, le comité de pilotage s’est retrouvé être le maître d’ouvrage des travaux d’infrastructures réalisées dans le cadre du 32ème sommet de l’OUA, que notre pays était entrain d’abriter sur les hautes instructions du Secrétaire Général, ce n’était plus normal cela, je ne voudrais pas que les uns et les autres aient à jeter l’anathème sur moi à présenter comme si j’avais une quelconque responsabilité dans les poursuites qui sont diligentées contre les prévenus aujourd’hui. Et je voudrais redire également que j’ai été devant le juge d’instruction qui m’a entendu, et j’ai apporté des éléments de preuve. Le juge a décidé qui devait être renvoyé devant la juridiction compétente.


CE: Bien, monsieur Ambassa Zang, on va terminer notre entretien par quelque chose, c’est vrai on en parle depuis le début, en terme de sortie publique que vous avez fait, effectivement votre nom a été cité récemment parmi ceux qu’on a appelé élites intellectuelles « béti » qui réside au Canada, et qui se verraient depuis un moment approchées par le CODE, le Conseil Camerounais de la Diaspora, etc. Dans l’optique de « faire tomber » le Président Paul Biya, contrairement à tous ceux qui ont été cités, vous vous êtes emparé de votre plume pour faire une tribune et dénoncer cela, je dis d’abord pourquoi ?

DAZ: Alors, je me suis élevé contre cela parce que dans l’article il y’avait deux points, il y’avait ce point des accointances avec je dirais l’opposition radicale, parce que c’est comme cala qu’il faut l’appeler, et ensuite parce que dans l’article, on me décrivait comme ceux qui sont responsables de la situation dans laquelle se trouve le Cameroun aujourd’hui. Comme je l’ai dit, il fallait opposer un démenti formel à cela, parce que je trouve ces attaques récurrentes, d’ailleurs dans le cadre de ce démenti, j’ai joins un certain nombre d’éléments où j’étais qualifié de faire partie des monstres qui hantent le président Biya. Vous comprenez que c’est trop, je suis accusé de faire partie du G11, quand je n’en suis pas le Secrétaire Général, je suis le trésorier, aujourd’hui, des nouvelles voix s’élèvent pour montrer que je fais partie du Code, des stratégies machiavéliques visant à m’anéantir définitivement. Le Code et les autres associations, les autres groupuscules dont vous parlez, ce sont des associations qui représentent au sein de la Diaspora, l’opposition radicale. Comme je l’ai dit, je ne me définis pas comme opposant au régime politique de Yaoundé, j’ai un problème simple, c’est que dans le cadre des poursuites qui sont engagées contre moi, que la vérité se manifeste et que je sois rétabli, parce que je sais que je suis innocent, par rapport aux accusations portées contre moi. De là à me classer dans cette catégorie là, vous comprenez que çà ne fait que renforcer la haine qu’on voudrait que le Président de le république et tout l’establishment auquel je suis censé appartenir nourrisse vis-à-vis de moi, je dis non, trop c’est trop.


CE: En fait vous estimez que c’était « quelque part » une attaque ciblée contre votre personne ?

DAZ: Ce n’était pas « quelque part », c’est une attaque ciblée et savamment montée, parce que lorsque vous avez vu ou lu que certains médias ont tôt de me présenter comme un des membres influents du G11, je sais que le G11 c’est quoi ? le G 11 pour moi c’est quoi ? Je suis militant du RDPC, j’ai toujours milité au sein du RDPC, j’ai contribué au rayonnement du RDPC tout ai moins dans la circonscription de la Mefou et Afamba qui est la mienne. Dès qu’on est passé de là, il parait que le G11 est mort et aurait été démantelé, aujourd’hui le Président de la République vit très mal, ainsi que toutes les hautes personnalités du régime en place, et même bien d’autres vivent mal ces attaques ciblées à caractère personnel vis-à-vis du Président de la République. Pour que définitivement on m’enterre, il faut donc me présenter comme faisant partie du Code aujourd’hui, c’est ça le problème. Comme je l’ai souligné d’ailleurs, les autres élites dont on a parlé, Robert Atangana, Messi Messi… j’en ai entendu parler de noms, je ne les connais pas. Et ensuite comme je l’ai dit, je n’ai pas été au Canada depuis plus de 5 ans, vous comprenez que on ne peut pas accepter que la presse qui comme je l’ai d’ailleurs dit, selon le Président Barack Obama dans son discours d’Accra, a souligné le rôle de la presse dans la mise en place de véritables démocraties, on ne peut pas accepter que notre presse se transforme en une presse du mensonge, en une presse de la haine où notre presse soit instrumentalisée, c'est-à-dire que quelques individus aillent voir des « journalistes » pour commander des articles visant à détruire les autres, je dis non , ce qui est déjà sur ma tête aujourd’hui est déjà énorme, vivre loin du pays, pour des raisons médicales, vivre loin du pays , ensuite avec une épée de Damoclès sur sa tête, être présenté et jeté à la vindicte populaire comme voleur à col blanc puisque lorsqu’on parle d’une dizaine de milliards, ce n’est plus une maigre affaire, vous comprenez que c’est très méchant.


CE: Vous êtes jeune, vous avez travaillé et été dans les hautes sphères de notre Etat, vous avez été et êtes toujours Député, et on sait que le RDPC, vous étiez l’un de ceux se battaient, et qui le portaient avec beaucoup de fierté, auriez-vous des ambitions présidentielles au Cameroun ?

DAZ: Je voudrais d’abord dire que je suis heureux de vous entendre dire ce que vous avez dit. Parce que aujourd’hui, il y’a une espèce d’ingratitude, comme si je n’avais rien fait pour le Parti, j’ai beaucoup fait pour le Parti, et je voudrais dire que même à distance, je continue d’œuvrer pour le Parti. Ce que je fais va au-delà de ma qualité de Député, je vous citerai à titre d’exemple la construction d’un centre de santé avec l’Union Européenne, sur l’axe Yaoundé-Mfou, et qui me prend énormément de l’argent. L’Union Européenne met en Place l’essentiel des fonds, mais il faut une contre partie, donc je suis resté présent pour les activités développement du RDPC. Je voudrais dire que, si j’ai pu poser ces actions là, je ne m’en suis jamais prévalu à titre personnel, je l’ai toujours dit je le fais pour le rayonnement de notre Parti, pour le bien de notre Pays, pour la gloire et le bénéfice de celui qui dirige ce pays, c'est-à-dire le Président Biya, à qui je dois tout. J’ai quand même eu une carrière assez exceptionnelle, et je voudrais dire et redire merci au chef de l’Etat. Il serait ingrat de ma part de ne pas dire merci, vous me voyez donc après avoir bénéficié d’autant d’attention, de la part du Président Biya, et d’être ensuite en train de me mettre dans des réunions où on veut l’abattre, je pense que même humainement, ce n’est pas possible, même Dieu ne serait pas d’accord avec moi. Maintenant les ambitions, les ambitions présidentielles, je n’en ai aucune, J’ai des ambitions simples, je veux vivre en tant que citoyen camerounais, libre et en paix , et qui contribue au développement de son pays dans la limite de sa modeste position et qui encadre sa famille.


CE: M. Ambassa Zang, qu’allez-vous répondre à ceux, notamment dans la presse, qui diront à la fin de cet entretien « Ambassa Zang joue à la victime » ?

DAZ: La victime ? Je ne joue pas à la victime, je suis la victime. Comment pensez vous qu’un journal qui paraît à Douala, le journal Aurore, puisse même mettre ma photo à la une en m’identifiant avec l’ancien Ministre Abah comme « les monstres qui hantent Biya. » ? Comment pensez vous que, en 2004, je suis Ministre des travaux Publics, et je fais mon travail, pendant qu’on va en campagne, au lieu que les gens aillent battre campagne, qu’ils aient plutôt choisi de lancer des tracts pour dire qu’ « il suffira de montrer cette photo aux populations, voici le principal responsable de la dégradation de nos routes » ? Comment voulez vous que je comprenne que la veille des primaires du RDPC pour le choix de son candidat à l’élection législative de 2007, qu’on ait jeté des tracts partout dans les principales villes de la Mefou et Afamba, où on me traitait « de voleur, de sodomisé, de pédé et autres » ? Comment voulez vous que je le comprenne, comment voulez vous que je comprenne que pendant que j’étais Ministre, qu’on ait attrapé par coup de chance, un élément de l’armée qui était venu casser mon bureau et que cette affaire se soit volatilisée sans suite. Il est venu, on l’a attrapé par hasard, mais le dossier est parti où ? Comment voulez vous que je comprenne que pendant que j’ai été Ministre, qu’on m’ait attribué un logement de fonction, et que je n’aie pas pu entrer dans ce logement de fonction, parce qu’on ne m’a pas permis d’y rentrer et que je sois resté au quartier ? Monsieur Cyrille Ekwalla, c’est difficile ! Je suis camerounais, et je veux vivre au Cameroun dans la paix et la tranquillité.


CE: Merci M. Ambassa Zang, j’ai envie de dire « Vous ministre, vous vivez ça, ce que vous venez de me décrire, que vivent ceux qui ne le sont pas ? Cela doit encore être pire pour eux. Merci encore. Je vous souhaite un prompt rétablissement et le meilleur pour la suite.

DAZ: C’est moi qui vous remercie ! Je voudrais terminer sur cette note d’espoir comme on l’a dit, « l’homme n’est ni ange ni bête, et qui veut faire l’ange fait la bête ». Je ne peux pas dire que je sois parfait, nul n’est parfait d’ailleurs, je pense que j’ai toujours donné le meilleur de moi-même, et pour mon pays, et que présentement, les faits qui ont été mis à ma charge, je ne me reconnais pas là dedans, et je souhaite un réexamen de ma situation, de manière objective.

Interview réalisée par Cyrille Ekwalla
© Njangui Press/Cameroon-Info.Net


16/04/2010
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