Internet au secours des minorités sexuelles

Cameroun : Internet au secours des minorités sexuellesGrâce aux sites internet, blogs et pages Facebook, les minorités sexuelles s’organisent de mieux en mieux pour défendre leurs droits.

L’association All Out a lancé, depuis la 13 septembre dernier, une pétition sur son site internet qui demande de "sauver Roger de la prison."  La pétition, adressée au président de la République Paul Biya et au ministre camerounais en charge de la Justice, demande "instamment de libérer Roger Jean-Claude Mbédé, emprisonné pour avoir envoyé un SMS, et de lancer un moratoire sur la législation homophobe au Cameroun."

D’après la pétition, "cette législation prive nombre de Camerounais comme Roger de leurs droits fondamentaux et alimente la peur et l’hostilité." Yves A, un jeune camerounais de 22 ans, a signé cette pétition et demande "de respecter les droits humains des gens et d’abolir les lois homophobes." Il ajoute : "Je n’aurais pas pu le faire à visage découvert dans un journal ou sur une radio. L’anonymat que procure internet me permet de réclamer librement mes droits sans courir le risque d’être emprisonné."
 
Comme lui, plus de 110.000 personnes du monde entier ont signé cette pétition en l’espace d’un mois et demi. On y retrouve des commentaires tels que : "libérez-le, on a tous le droit de vivre comme on veut", ou encore, "les mêmes droits pour tous." Parlant de ses missions, le site web d’All Out dit : "Utilisant les nouvelles technologies des réseaux sociaux, All Out est une communauté en ligne mondiale, capable de se mobiliser dans les moments de crise, et d’opportunités, pour améliorer la vie et les libertés des personnes LGBT partout dans le monde."

Contourner la censure 
D’autres sites internet, blogs et pages Facebook se mobilisent également pour les droits des homosexuels. Au Cameroun, à cause des lois homophobes, les sites internet basés dans le pays n’affichent pas
directement pour objet la défense des droits des homosexuels, mais envoient des messages de sensibilisation quand cela leur semble nécessaire. C’est le cas du site internet de Sid’Ado, une association qui fait la prévention du Sida auprès des jeunes. Sur la page d’accueil, on peut lire des messages tels que : "le gouvernement devrait condamner les atteintes au droit de consulter un avocat dans les affaires d’homosexualité."

Stéphane Koche, le président de l’association Sid’Ado explique : "le site internet est une vitrine qui permet de se faire connaitre, de faire savoir ce que nous faisons au monde entier." Il est persuadé que les messages de prévention portent des fruits mais précise : "Nous n'avons pas d'autres indicateurs que le nombre de personnes qui visitent le site pour apprécier l'impact de cette promotion."

Certaines personnes expriment néanmoins leur satisfaction. "C’est à travers une page Facebook d’une association qui sensibilise les travailleurs du sexe gays contre le Sida que j’ai reçu quelques messages de prévention", raconte par exemple Hervé M.G, un jeune de Yaoundé. Par exemple, "il y est écrit qu’il ne faut jamais laisser entrer un agent de la police ou de la gendarmerie chez soi sans un mandat de perquisition. Lors d’un interrogatoire, il ne faut jamais parler ou signer un procès-verbal sans la présence d’un avocat", explique Hervé M.G.

Aide juridique grâce à internet

Une personne qui connait bien l’impact des médias sociaux, c’est Marc. En mai 2005, il est arrêté dans un bar gay et emprisonné parce qu’il est soupçonné d’être homosexuel. "Sans argent ni assistance juridique, j’ai eu l’idée de raconter mon histoire et de la faire publier sur internet. C’est ainsi que la Commission internationale des droits des lesbiennes et gays a été informée de mon cas. Elle s’est saisie de l’affaire et a envoyé six avocats pour m’assister", raconte-t-il.

Il a ainsi eu droit à un procès équitable et a été libéré 12 mois plus tard. Ce qui n’est pas le cas de beaucoup de personnes accusées d’homosexualité. Marc reconnait que sans internet, sa situation aurait été "très critique" car il n’aurait pas eu d’assistance juridique et serait peut être encore en prison.

Au Cameroun, "est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20.000 [30,53 €] à 200.000 francs [305,34 €] toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe." Des individus sont souvent arrêtés sans preuve,  et ne bénéficient pas toujours d’une assistance juridique durant la garde à vue et le procès. Ils subissent des abus et ont peur de se plaindre ou alors ne savent pas où le faire. Internet se présente comme une bonne source d’informations et un bon moyen de pression pour réclamer le respect des droits.

© RNW : Anne Mireille Nzouankeu


11/11/2012
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