Insécurité: Le vol à l’arraché revient à Yaoundé

DOUALA - 22 OCT. 2012
© Nadège Christelle BOWA | Le Messager

Les femmes sont les cibles préférées de ces bandits. La police accusée de complicité se défend et conseille des attitudes à observer pour éviter les voleurs.

« Madame, arrêtez bien votre sac. Une dame vient de se faire arracher le sien. Il y a à peine une minute ». Le monsieur qui hèle ainsi le reporter ne se fait pas prier pour raconter ce qu’il sait de ce vol perpétré quasiment sous ses yeux ce lundi 15 octobre 2012, au lieu dit carrefour Intendance à Yaoundé. Il est un peu plus de 18h30, le jour cède progressivement place à la nuit, lorsque des cris de femme s’élèvent et couvrent le brouhaha des voitures. « Mon sac, mon sac », se lamente bruyamment celle qui vient de se faire voler. Ses cris alertent les personnes présentes. Mais ces dernières n’ont que leurs yeux pour voir les voleurs s’en aller. « Il était à moto. Au nombre de deux. C’est celui assis derrière le conducteur qui arraché le sac », raconte le témoin. Ce cas n’est pas le premier enregistré sur cet axe. Quelques jours avant, précisément jeudi 11 octobre, une autre dame a été délestée de son sac quasiment à la même heure au même lieu.

Le fait est devenu récurrent, « en moyenne deux fois par semaine », admet un policier sous anonymat. Il est en service au poste de police situé à ce carrefour. Ici, certaines victimes ont déposé une plainte. C’est le cas de cette dame dont le sac a été emporté par les malfrats à moto à 10h du matin le 5 octobre dernier à la montée Etat major. Elle y a perdu outre son téléphone, des pièces de moto et 18 000 Fcfa. La zone confie ce fonctionnaire de la police est criminogène. On y enregistre aussi des cas d’agression. Mais difficile d’avoir des chiffres ainsi pour mesurer de l’ampleur du phénomène. « Les gens n’ont pas souvent la présence d’esprit de venir signaler. Pourtant les vols de ce genre sont fréquents », confie l’agent de police.


Complicité…

Yaoundé semble être devenue la cible de ces malfrats qui opèrent pour ainsi dire sans crainte. Au lieu dit pont de la gare, lundi 1er octobre 2012, Micheline S. assistante comptable dans une entreprise de la place retourne à son domicile après une journée de dur labeur. Ils sont trois dans le véhicule qui la ramène chez elle. Elle est assise à l’arrière. La présence de ces autres personnes n’intimident pas le voleur qui profitant de l’embouteillage de cette heure-là, ouvre brutalement la portière arrière et saisi le sac de cette dame posé entre ses jambes. Le forfait commis, il enjambe aussitôt le pont et disparaît avant que sa victime ait réalisé ce qui lui est arrivé. Les autres occupants de la voiture se jettent à sa poursuite sans succès. Quelques jours plus tard, au même lieu, un malfrat arrache le téléphone d’une dame alors qu’elle est en pleine communication.

D’après Mouchipou, taximan dans la ville de Yaoundé, l’autre zone à craindre est le lieu dit « nouvelle route Etoa-Meki ». « À partir de 17 heures, même si c’est une femme qui stoppe là-bas, je ne m’arrête pas », confie-t-il. Pour beaucoup de Yaoundé, ces bandits ne peuvent opérer sans complicité. Au premier rang des présumés complices, des agents de police. « Regardez par exemple ici à Intendance, il y a un poste de police. Mais ces gens là opèrent sans crainte.

Prenez le cas du pont de la gare, il y a la police judiciaire, il y a un poste de police au niveau de la gare. Mais les bandits sont là. Et vous viendrez nous dire qu’il n’y a pas complicité », interroge Dieudonné. Du côté de la police, on se défend et évoque l’absence des contrôles de police, le sous-effectif, et le manque de moyens pour poursuivre ces malfrats. « Ce n’est pas nouveau de dire qu’il y a complicité. A l’impossible, nul n’est tenu », conclut l’agent cité plus haut. « Ce sont ces mêmes gens qui disent cela aujourd’hui qui ont réclamé la suppression des contrôles de police. Or, les bandits savent qu’il n’y a personne sur la route. »

Sans vouloir remettre en cause la décision de sa hiérarchie, ce policier observe que leur présence aurait pu permettre d’attraper ces bandits facilement. Il suffit pour cela explique-t-il, « que s’ils opèrent ici, qu’on voit la direction empruntée et qu’on alerte les collègues ». Les femmes étant les plus visées, il leur conseille d’éviter d’être des cibles. Cela est faisable dans la manière de tenir son sac dans la rue. Il recommande également d’éviter entre autres attitudes, de sortir de l’argent ostensiblement devant les gens.


22/10/2012
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