Inscriptions électorales: Fondement et perspectives d’une résistance civique.Réponse au professeur Charly Gabriel MBOCK

Woungly:Camer.be1 Un sophisme en question.

Un sophisme est aujourd’hui à la mode dans notre pays: « je vote donc je suis » . Tous les donneurs de leçons de civisme et de sens des responsabilités au peuple camerounais se gargarisent de ses variantes à l’infini: (qui ne vote pas n’existe pas) etc. Il s’agit de parodies mystificatrices de la maxime du célèbre philosophe français René Descartes: « JE PENSE DONC JE SUIS ». Or, la force et la véracité de la Maxime cartésienne reposent sur le fait que les deux termes du paradygme sont des expressions- essentielles de l’individu, indépendantes de tout contexte.

Le caractère fallacieux des formules qui l’imitent apparait au fait que, contrairement à l’acte de penser, l’acte civique de voter n’exprime ou n’engage pas tout l’être et, surtout, dépend étroitement du contexte.

Ainsi, à ceux qui disent: « je suis un citoyen responsable; je m’inscris et je vote », nous demandons: qui est plus responsable, vous qui, pour des raisons inavouables mais bien connues de plat opportunisme politique cherchez à garantir à un pouvoir dictatorial et méprisant une participation moutonnière des Camerounais au vote, ou ceux qui, jaloux de leur dignité civique, refusent de s’inscrire et de voter en exigeant du régime qu’il garantisse d’abord un minimum de transparence et d’équité électorale, en acceptant une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et un Code électoral consensuel? La réponse va de soi.

Ajoutons que proclamer que « quiconque ne vote pas n’existe pas » revient à brandir un slogan grossièrement mensonger: car si ceux qui ne votent pas n’existent pas, pourquoi leur Courir après à grand renfort de publicité et de moyens d’Etat? Soyons sérieux.

2 Une incontestable résistance civique

Depuis des mois, malgré la mobilisation tous azimuts du parti au pouvoir et de son Administration, malgré les campagnes de terrain des Sous Prefets et des Chefs traditionnels et malgré l’acompagnement des Partis politiques d’opposition collaborateurs, nos compatriotes ne veulent pas s’inscrire sur les listes électorales d’Elecam. Dire qu’ils trainent les pieds serait un euphémisme dès lors qu’à quelques jours de la date de clôture fixée au 28 Février 2013, moins de trois millions cinq Cent mille citoyens ont été péniblement inscrits au lieu des huit millions cinq Cent mille annoncés dans ses prévisions par M. Fonkam Azu’u, Président d ‘Elecam.

C’est donc la majorité du corps électoral camerounais qui manifeste ainsi sa défiance au processuse électoral malsain imposé par le pouvoir. Il y’a donc lieu de parler non pas d’un mouvement d’humeur, mais d’une véritable résistance civique, et de constater que nos compatriotes sont conscients que la biométrie finalement acceptée de mauvaise grâce par M. BIYA, mais gérée par des hommes unilatéralement choisis par lui, ne garantira pas un minimum de transparence électorale.

3 Responsabilité du fiasco et fondement de la résistance civique

C’est le Chef de l’état lui-même bien entendu qui est responsable de ce fiasco. Par ses choix autocratiques bornés, notamment son refus obstiné d’une Commission Electorale Nationale Indépendante et son rejet de tout dialogue politique. Chacun sait pourtant que plusieurs régimes africains guère plus démocratiques ou plus progressistes que le régime camerounais ont accepté des Commissions Electorales Nationales Indépendantes et s’accommodent des concertations politiques avec les opposants et avec les partis d‘opposition.

Reconnaissant clairement cette responsabilité du pouvoir comme fondement de la résistance civique aux inscriptions électorales au Cameroun, le professeur Charly Gabriel MBOCK, Antropologue et Professeur des Universités au verbe poétique écrit dans « Le Messager » du13 Février:2013: « la rage d’éternité a inspiré de folles manipulations électorales et des tripatouillages de la Constitution, toutes choses qui ont fini par provoquer la désaffection civique qu’on observe ».

Plus loin il ajoute le constat on ne peut plus lucide suivant: « le parti-Etat a longuement frustré les populations du Cameroun de leur dignité électorale en abusant des moyens de l’Etat. Voici que précipitamment par les mêmes moyens d’Etat le même parti Etat s’active à atténuer les conséquences civiques des frustrations commises, à défaut de les réparer. L’Etat ainsi pris au piège de son parti et de son parti pris politico-administratif s’est décrédibilisé aux yeux des populations dont la sanction, silencieuse mais éfficace, menace de le renvoyer à mieux se pourvoir en matière électorale ».

4 Dysfonctionnement logique, politique et idéologique d’une tendance de l’UPC.

Sans expliquer pourquoi cette sanction des populations « silencieuse mais efficace » serait catastrophique pour le pays,sans dire pourquoi il faudrait rendre le vote obligatoire au lieu de garantir préalablement la transparence électorale, le professeur Charly Gabriel MBOCK propose « une voie de sortie d’embarras pour l’Etat du Cameroun » (sic).

Cette offre de service au régime, venant du porte parole d’une tendance de l’UPC, la tendance Louka Massok, suggère un référendum pour rendre le vote obligatoire au Cameroun. Cela engage certes ce groupe, mais interpelle aussi tous les Upécistes et tous les patriotes camerounais. D’où notre réponse.
Logiquement, à notre sense, cette proposition au régime, est contraire au bon sens qui commanderait de contraindre ce dernier « à mieux se pourvoir en matière électorale » selon la volonté du peuple reconnue ci-dessus par l’éminent professeur.

Politiquement, à notre humble avis, cette offre de service au régime est érronée et vouée à l’échec. Dans la mesure où un régime en fin de course et dans un contexte de crise profonde, déja confronté à une résistance civique incontestable de la majorité du Corps électoral ne serait pas assez fou pour assumer un projet de référendum rendant le vote obligatoire. Un tel projet serait évidement voué lui-même au boycott. Et l’on imagine l’accueil que le résultat d’un référendum fortement minoritaire rencontrerait auprès des électeurs camerounais défiés. Ce serait le retour à la case départ, dans des conditions probablement plus dramatiques.

Idéologiquement enfin, cette offre de service implique selon nous une dérive fascisante ou l’Upésisme veritable ne se reconnaitrait plus à terme.
« S’inscrire absent du registre des droits et de libertés citoyennes, affirme l’éminent professeur, reviendrait à se désinscrire de la société. Nous entendons que tout bannissement de ce genre soit banni, l’auto bannisement étant un crime de l’èse citoyenneté, aussi passable de sanction que toute autre forme d’homicide »…

A mort les non-votants?… L’Anthropologue gagnerait sans doute à mieux connaître les traditions de lutte et de résistance du peuple camerounais.

5 Perspectives de la résistance civique et devoir des patriotes.

Face au constat que « la sanction des populations, silencieuse mais éfficace menace de renvoyer l’Etat à mieux se pourvoir en matière électorale », tout militant sérieux de la lutte pour le changement, tout upéciste conséquent devrait se mobiliser pour appuyer la volonté populaire et aider les populations à contraindre le régime à accepter une Commission Electorale Nationale Indépendante et un code électoral consensuel.

Ceci implique bien évidement d’intensifier la dénonciation d’Elécam et d’oeuvrer à l’échec des manoeuvres du régime visant à poursuivre les inscriptions biométriques avec Elecam, en refusant obstinément la création d’une CENI et en rejetant tout dialogue pour un Code électoral consensuel.
Un double mot d’ordre s’impose donc aujourd’hui: « pas d’inscriptions sans CENI et pas de vote sans CENI. »

A ceux qui ne sont pas encore inscrits et auxquels le régime proposera sans doute des prolongations ( voire des séances de tirs au but…), s’adresse le premier mot d’ordre: « pas d’inscriptions sans CENI ».

À ceux que l’on a déja inscrits ou qu’on pourra encore inscrire, à la faveur des pressions multiformes du pouvoir et des descentes sur le terrain de ses agents, sans oublier les campagnes des partis et des groupes plus ou moins liés au régime, s’adresse le second mot d’ordre: « pas de vote sans CENI».

6. Progrès dialectiques de la dynamique unitaire de l’UPC (et de la lutte en général):

Nous approuvons sans réserve la déclaration du Bureau du Comité Directeur de l’UPC dite des Fidèles du 9 Février 2013 à Douala, déclaration qui appelle à l’intensification de la Campagne contre Elecam. Elle n’est pas contradictoire, loin s’en faut, avec notre vision prospective qui prévoit que « l’autisme politique » du Président BIYA pourrait bien conduire le pays un jour à une Explosion incontrolée d’un ras-le-bol populaire épousant inévitablement les clivages tribaux ou régionaux, vision prospective qui pose donc, d’ores et déja, les jalons d’une transition maîtrisée passant par une « Insurection Massive Organisée, à Trois Options combinées ( IMOTOC):

- Insurrection des travailleurs et de la jeunesse,
- Insurrection des groupes partisans de la lutte armée,
- Et Coup d’Etat progressiste des éléments patriotes des Forces Armées et Police (FAP) nationales.

Cette vision prospective ou prévisionnelle, plutôt insurrectionnelle il est vrai, n’empêche pas que nous soyons sans réserve partisans du dialogue national et de la résolution pacifique des problêmes de notre pays.

Nous sommes convaincus par ailleurs que l’unité de l’UPC et l’ensemble même de la lutte progressent aussi bien par des évènements positifs que par des évènements négatifs. Prenons quelques exemples.

1 Les prises de position des différentes tendances de l’UPC au sujet du processus électoral sont dissonantes, cacophoniques et suggèrent l’approfondissement des divisions Mais elles permettront aux militants de tous les groupes de percevoir les convergences qui s’imposent et de les stimuler résolument, par volontarisme révolutionaire. Nous y travaillerons.

2 Même les flots de calomnies entrenues pendant des décennies par des courants tribalistes et régionalistes sont balayés à la longue par la pratique révolutionaire des uns et des autres.

« Le témoignage direct, oral et écrit des compagnons d’Ernest OUANDIE au maquis (Makembe Tolo Adolphe - Free Boy - commandant millitaire de région, Njassep Mathieu - Ben Bella - sécrétaire particulier du camarade Emile, et Nganya Flaubert par exemple) qui ont pris part aux deux Assemblées Populaires permet aujourd’hui de dire sans risque de se tromper que les affirmations- (sus-citées) de « la vérité sur le commité revolutionnaire » sont fausses et non conformes à la vérité des faits ».(Docteur Bakang ba Tonjé dans son livre Le Kamerun L’indépendance réelle d’abord - édition KUNDE 2007)

Ne suffisait-il pas déja qu’en 1971 Ernest OUANDIE lui-même se soit présenté au peuple Camerounais et à ses bourreaux comme Président du Comité Révolutionnaire de l’UPC? (et quels « dommages et intérêts » pour le parti et pour WOUNGLY MASSAGA?…).

3 Il est d’ailleurs le plus souvent préférable d’ignorer les calomniateurs les plus malsains dans leur basse besogne.

Les Camerounais ont largement connu la camarade Valentina, Mireille Ada Abolo. Imaginent-ils cette femme d’éxception, aujourd’hui disparue, vivant dans la « luxure » avec le Commandant KISSAMBA?

Vivre dans un Palais présidentiel implique évidement un luxe de haut niveau (et non la luxure). Nous n’aurions pas vécu plus de quatre ans au Palais Présidentiel du Beco de Belao de Luanda si nous nous étions montrés un temps soit peu indignes du statut protocolaire d’hôtes d’honneur de la République Populaire d’Angola en utilisant ce luxe comme des voyous.

Nous fermions volontiers les yeux en militants démocrates de conviction sur la part dont la trentaine de travailleurs du Palais affectés à notre service bénéficiaient de notre ravitaillement incontestablement généreux.

Et surtout, un haut responsable des « Gendarmes Katangais » réfugiés en Angola, le général Martin et son garde du corps passaient tous les quinze jours prendre livraison de notre contribution de solidarité avec ces camarades réfugiés dont certains occupent aujourd’hui de hauts postes de responsabilité en République Démocratique du Congo.

Comme disait quelqu’un, « l’histoire m’acquittera »…

En effet, qui pouvait penser que WOUNGLY MASSAGA finirait par être reconnu dans l’UPC comme quelqu’un « à qui personne ne devrait dénier les qualités de leader politique et même d’homme d’Etat » et qui pouvait imaginer que malgré les campagnes de dénigrement, des Camerounais responsables de tous bords politiques l’appelleraient de plus en plus « Héros vivant du peuple Camerounais »?…

4 Nous avons annoncé le projet de relance de « La Voix du Kamerun » Organe centrale de l’UPC dans l’optique d’impulser l’unification du pari. Un groupe de tribalistes primaires a pris les devants pour sortir un Journal pirate, sans récépissé grâce au laxisme de certains milieux du régime. Ce Journal pirate se présente comme « La Voix du Cameroun » fondée en 1944 et qui en serait à son 351ème numéro.

De prime abord, l’évènement est choquant, déplorable et négatif pour l’image du parti. Mais à le considérer plus attentivement il comporte des aspects positifs:

- quel upéciste ignore même dans les villages les plus réculés du pays que l’UPC fut créée le dix avril 1948 et que son organe central ne pouvait donc pas avoir été fondé en 1944 c‘est-à-dire quatre ans plus tôt que le parti lui même. Rien qu’à ce détail nos camarades découvriront une opération de banditisme politique.

- Il n’est pas totalement négatif que ce journal pirate étalle au grand jour la prostitution politique totale de ce groupe tribaliste primaire au parti au pouvoir.

- Il n’est pas totalement négatif non plus que le Directeur de publication de ce journal pirate, que beaucoup pouvaient prendre pour un cadre consistant de l’UPC se présente en intellectuel handicapé trainant une béquille symbolique de son état: dans un éditorial poussif de quelques lignes, il compte sur le sang de nos parents martyrs pour unifier le parti sous sa houlette.

- Dans le cas ci-dessus, comme dans le cas des pseudo- camarades que la commémoration de l’assassinat du Héros National Ernest OUANDIE laisse indiférents, mais qui s’activent à acheter auprès des journalistes du Gombo le titre d‘« Homme Politique de l’année 2012 »( pauvre Cameroun!), nous sommes persuadés que l’étallage de la médiocrité contribuera finalement au regroupement des énergies saines au sein de l’UPC et du peuple Camerounais.
C’est ce que nous appelons progrès dialectique de la dynamique unitaire. En ce qui me concerne, je mettrai donc tout en oeuvre pour que l’unification upéciste progresse et entre dans une phase décisive: nous n’avons absolument pas besoin d’un titre de sécrétaire général pour la faire aboutir.

7 Appel au sursaut

Professeur Charly Gabriel MBOCK, très estimé camarade,Votre place est aux côtés du peuple Camerounais. Ne revenez donc pas, tel un vulgaire parjure, fourbe et cynique sur votre dénonciation solennelle de l’alliance avec le RDPC d’il y’a à peine un an, sous prétexte d’offrir « une voix de sortie d’embarras à l’Etat du cameroun ».

Dans votre propre intérèt et dans celui de notre parti je vous interpelle fraternellement et sans aucune Intension de basse polémique, malgré une indispensable rigueur au plan des principes. Et si cet appel au sursaut vous est adressé dans une réponse publique, c’est pour qu’il puisse mieux vous poursuivre comme l’oeil de Caen, au cas où hélas, vous choisiriez de vous enfoncer inexorablement dans les ténèbres méfitiques de la collaboration avec un régime archi corrompu et condamné à terme à l’effondrement.

Haute considération.

Yaoundé le 19 février 2013

NB: NGOUO WOUNGLY-MASSAGA est vétéran de l’UPC et de l’ALNK, benjamin et tout dernier survivant des leaders de la lutte pour l’Unification et l’Indépendance du Kamerun.

© Correspondance : NGOUO WOUNGLY-MASSAGA


24/02/2013
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