Inondations dans le grand Nord : Le mea culpa de Paul Biya

Cameroun -  Inondations dans le grand Nord : Le mea culpa de Paul BiyaLe chef de l’Etat a achevé sa visite hier à Guirvidig (Extrême Nord) sur fond de confessions aux sinistrés.
Le président de la République a-t-il traîné les pieds pour se rendre au chevet des sinistrés des inondations dans le septentrion, eu égard à la réactivité dont ont fait montre d’autres chefs d’Etat dans les mêmes circonstances ? A-t-il tardé à adresser un message de condoléances aux sinistrés ? Le gouvernement camerounais a-t-il une fois de plus démontré ses carences en matière d’anticipation et de prévision à la faveur de ces inondations meurtrières dans le grand Nord, à l’Est et dans le Nord-Ouest?

Sur ces questions, qui alimentent la controverse tant sur la scène nationale qu’internationale, Paul Biya a tenu à répondre à ses «contempteurs». «C’est bien évidemment avec une profonde émotion que j’ai appris le malheur qui s’est abattu sur plusieurs localités de vos régions, entraînant d’importants dégâts de toute nature. Aussitôt informé, j’ai donné des instructions pour que des mesures d’urgence soient prises. J’ai également dépêché auprès de vous des missions spéciales du gouvernement et du Parti, chargées de vous transmettre mon message de réconfort et d’évaluer la situation. Naturellement, dès que cela a été possible, je suis venu sur place pour partager vos épreuves et me rendre compte, par moi-même, de la gravité de la situation », a déclaré le président Biya, comme pour indiquer qu’il suivait la situation à la loupe, bien qu’en « court séjour privé » à Genève.

Dans un élan de réparation d’un «impair», Paul Biya dira, pour couper court au débat sur les condoléances attendues : «M’adressant particulièrement à ceux qui ont perdu un être cher au cours de ces tristes événements, je les prie de croire à ma sincère compassion et d’accepter mes condoléances les plus attristées auxquelles je joins celles du peuple camerounais tout entier».
Plus loin, le chef de l’Etat, rappellera les mesures prise après la survenue de la catastrophe : déblocage de la somme d’un milliard et demi de francs CFA au titre de l’aide d’urgence, mesures à court et à moyen terme comportant notamment la construction d’une digue-route de 330 km, allant de Gobo jusqu’à Kousseri, la réfection des barrages de Maga et de Lagdo.  ?« J’ai instruit qu’il soit procédé à l’évaluation du coût des destructions, qu’il s’agisse des habitations, des établissements scolaires, du réseau routier et autres infrastructures, en vue de leur réhabilitation ou de leur reconstruction sans délais. Il en va de même des cultures et du bétail. Enfin, pour les populations victimes des inondations, j’ai décidé de mettre en place, au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, un fonds de soutien aux populations victimes de calamités naturelles », poursuivra-t-il.

Sanctions

Sur un autre aspect de son discours à Guirvidig hier, Paul Biya s’est acharné à relativiser la responsabilité du gouvernement au sujet de ces inondations : « Les catastrophes naturelles sont, hélas, le plus souvent imprévisibles. Les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les inondations, les tsunamis et autres, frappent à l’improviste dans toutes les régions du monde, causant de nombreuses victimes et réduisant à néant ce que l’homme a mis parfois des siècles à construire. L’actualité nous en donne en permanence de douloureux exemples ».
Avant de reconnaître implicitement les torts de son gouvernement : « Même s’il est difficile de s’opposer au déchaînement des forces de la nature, nous ne devons pas pour autant rester passifs devant une menace qui est permanente et omniprésente.

Nous devons, autant que possible, par la prévision et la prévention, mettre toutes les chances de notre côté.?C’est pourquoi j’ai demandé aux services compétents de l’Etat, en particulier à la Protection civile, de procéder, si ce n’est pas encore le cas, à une actualisation de l’inventaire des zones à risque et de proposer les actions adéquates, afin que les conséquences d’événements comme ceux qui viennent de frapper l’Extrême-Nord et le Nord soient les moins dommageables possibles ».

?Pour finir sur ce point, Paul Biya indique qu’ « il conviendrait de renforcer, à tous les niveaux et de manière régulière, l’information météorologique, afin de permettre aux populations de disposer de renseignements utiles sur les variations climatiques ». Dans l’ensemble, autant il a tenu à saluer la dignité, la solidarité et la loyauté des sinistrés, Paul Biya a, subtilement commencé hier à établir les responsabilités à propos des inondations qui causent des morts et des dégâts matériels dans le Nord et ailleurs. Des sanctions à l’égard des «coupables» ne sont donc pas à exclure.

© Mutations : Georges Alain Boyomo


21/09/2012
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