Incertitudes et controverse autour des avions chinois de Camair-Co

Cameroun : Incertitudes et controverse autour des avions chinois de Camair-CoLes négociations  concernant ces aéronefs sont enveloppées d’un épais brouillard. Et personne ne dit clairement quand le premier  sera livré à la compagnie aérienne.

Le 4 juillet 2012, le ministre des transports, Robert Nkili, signe à Yaoundé pour le compte du gouvernement camerounais, un contrat d’achat de deux avions de marque MA60 avec le constructeur chinois. Précision de taille, sur ces trois avions, l’un est gracieusement offert par le gouvernement chinois, annonce-t-on avec emphase, selon les termes d’un avenant. Les deux autres étant achetés par le Cameroun. «Au départ, l’Etat devait acquérir trois avions pour un montant total de 61 milliards de Fcfa. Mais, avec cet avenant, le Cameroun n’en payera plus que deux», explique une source proche du Ministère des transports.

D’après Xu Bo, vice-président de la firme chinoise qui commercialise ces appareils, Aviation industry corporation of China (Avic), le premier aéronef  d’une capacité de 48 places, devrait être livré  au mois de septembre 2012. Le 17 octobre dernier, alors qu’entre temps personne n’évoque encore publiquement l’échéance de septembre déjà passée, l’ambassadeur de la République populaire de chine  au Cameroun, à l’issue d’une audience avec le ministre des transports, Robert Nkili, annonce une fois de plus l’atterrissage du premier MA60 au Cameroun pour ce mois de novembre.

Seulement, que le premier aéronef soit livré ce mois ou que son arrivée soit différée, le processus d’acquisition de ces avions rassemble déjà tous les ingrédients d’une bombe à fragmentation.
Une révélation et non des moindres, un MA60 est placé sur le marché à environ 12 millions de dollars (6 milliards de Fcfa). A considérer que même les trois appareils attendus au Cameroun aient été entièrement achetés. On est rendu à un total de 36 millions de dollars (18 milliards de Fcfa). Une source proche du dossier le jour de la signature du contrat d’achat avait indiqué que 61 milliards de F cfa avaient été débloqués à cet effet. Chacun peut faire la soustraction.

Autre couac dans cette opération, une source  bien informée de ce type de transaction précise qu’avec ce montant on peut acquérir trois boieng de type 737.700 d’au moins 145 places chacun, les avions que Camair-Co utilise actuellement. Et qui, au-delà des lignes long courrier, peuvent desservir les  huit aéroports secondaires du Cameroun, l’argument que les négociateurs avaient fait valoir pour justifier leur choix sur les appareils chinois.  Et aucun pays au monde aujourd’hui, précise cet expert, ne paie au comptant un avion. La formule est toujours celle du leasing qui offre plus de flexibilité dans le paiement. A ce sujet, des sources concordantes soutiennent que les négociateurs camerounais ont choisi la formule du cash parce que les rétro-commissions ne se paient aussi cash que dans cette formule. Et puis, ni vu ni connu. Selon de fiables informations, des responsables de Avic avaient été convoqués à la présidence de la République, peu après le retour de Biya de son dernier court séjour à l’étranger afin qu’ils  donnent plus de détails sur l’acquisition des MA60.  C’est dire que Biya détient les détails de tout le brouillard qui enveloppe cette opération. Mais il attend.

Autres révélations de nature à faire frémir. La marque MA60, à en croire un spécialiste en aviation civile internationale, n’est rien d’autre que l’Antonov russe dont la chaine de montage est mise hors service depuis 1986. Année à laquelle les chinois obtiennent une licence pour les produire en Chine sous le label  Xiang Y 7. A partir de 2000 il devient Xiang MA60. On peut compter actuellement une quarantaine de MA60 en service à travers le monde, selon les mêmes sources, dont une dizaine garée.  L’africain qui avait montré plus d’enthousiasme pour cet appareil, pour des raisons diverses, est le Zimbabwé, avec quatre aéronefs. L’un avait crashé en novembre 2009 et les autres sont cloués au sol. Alors que le premier avion est annoncé pour ce mois de novembre, à partir d’un bureau ministériel à Yaoundé, à Camair-Co, aucune disposition, aussi bien technique que managériale n’est prise pour l’accueillir. Une source introduite dans l’entreprise indique qu’aucun pilote de Camair-Co n’a jamais été formé sur ces appareils. «Peut-être que ces avions viendront avec leurs équipages et leurs techniciens chinois. Quant à nous ici, on n’en parle même pas», raille un cadre de la compagnie de navigation aérienne camerounaise.

«Invité spécial» hier, 7 novembre, de la Cameroon  Radio and  televison (Crtv), la radio d’Etat, Robert Nkili s’est évertué à expliquer que les marques chinoises sont aussi compétitives que les autres à travers le monde. Parce que la construction des avions notamment, de nos jours, est une question d’assemblage des pièces qui peuvent même être fabriquées dans tous les pays de la planète avant d’être acheminées vers l’usine de montage. Mais il n’a pas précisé au journaliste, malgré l’insistance, combien aura coûté un MA60. La véritable question à laquelle il fallait pourtant trouver une réponse. Il s’est contenté de dire que les forces armées nationales camerounaises viennent (hier) d’ailleurs d’en recevoir un spécimen.

© La nouvelle Expression : David Nouwou


09/11/2012
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