Incendie: La mairie de Yaoundé VI en flammes

DOUALA - 15 AVRIL 2014
© Gibrile KENFACK TSABDO (Cp) | Le Messager

L’incendie s’est déclenché dans la nuit de dimanche à lundi, 14 avril 2014. Le tonnerre serait à l’origine des flammes qui ont fait rage. Les autorités communales n’excluent pas la thèse du crime.

Locaux détruits, dossiers littéralement noircis par les flammes, ordinateurs calcinés. C’est ce qui reste des bâtiments abritant la mairie de Yaoundé VIème, situé pas loin du magasin Niki au quartier Biyem-assi. À la question de savoir ce qui s’est effectivement passé, le maire, Paul Martin Lolo, n’a pas manqué d’exprimer sa stupéfaction. « À 3 heures du matin j’ai été réveillé par un coup de fil d’un de mes adjoints qui m’appelait pour m’apprendre que la mairie était en feu. Immédiatement, je me suis déporté sur les lieux ; et à mon arrivée, j’ai constaté que la toiture était entièrement prise dans les flammes. Il y avait sur place les sapeurs-pompiers et les forces de l’ordre. Beaucoup de curieux étaient également là pour constater les dégâts », évoque-t-il. Un rapide tour des lieux aura suffi pour constater, de l’avis du maire que les services administratif et financier, le secrétariat général, le bureau des émissions, le cabinet du maire et son secrétariat particulier ont subi la furie des flammes. Rien n’en a échappé. « Les sapeurs-pompiers ont livré une bataille âpre contre les flammes. Malgré leurs efforts, ils n’ont pas pu empêcher que tout le niveau 2, le dernier niveau de cet immeuble soit entièrement consumé », ajoute le magistrat municipal. Certains riverains de préciser que les soldats du feu sont arrivés trop tard. « Lorsqu’ils (sapeurs-pompiers ; Ndlr) sont arrivés, les flammes avaient déjà envahi l’immeuble, du moins le deuxième niveau. Ils étaient impuissants face à la furie du feu », assure un d’entre eux visiblement ému.
Et même si aucune perte en vie humaine n’est à déplorer, les dégâts matériels sont considérables. En témoignent, les documents comptables et d’imposition désormais non identifiables. Le maire s’est refusé à une quelconque estimation, affirmant que la responsabilité incombe à la police scientifique rencontrée sur les lieux autour de 12 heures hier. Même s’ils se sont refusés à tout commentaire. Toujours est-il que les avis sont partagés sur les causes de cet incendie. Selon les témoignages recueillis sur place, d’aucuns l’attribuent au tonnerre qui aura éclaté la nuit de l’incendie. Se réservant de faire une conclusion hâtive, le maire a tout de même trouvé cela curieux. « Cela arrive à un moment où nous sommes en train de mettre en place un grand nombre de réformes. C’est vrai que tout se passe en pleine nuit pendant une grande pluie ; mais ça arrive également au moment où le receveur sortant va transmettre les comptes de la mairie à la cour des comptes », confesse-t-il. Dans l’environnement proche du maire, l’on soupçonnerait le fait que les comptes de la période 2010-2012 soient dans le viseur du maire actuel. Ce qui laisse planer le doute sur les véritables causes de cet incendie. Main criminelle ou simple phénomène naturel. Là est toute la question.


Main criminelle ?

Interpelé à ce sujet, le patron de l’exécutif communal rassure : « La gestion des comptes de la période 2010-2012 ne nous concerne vraiment pas. Si nous avons pris des dispositions pour sauvegarder ces documents comptables, c’est tout simplement par souci pour nous de disposer des comptes de gestion à jour. Je ne pense pas que nous soyons victimes d’un acte de sabotage qui nous viserait directement. ». Non sans évoquer que les services d’état-civil, situés au rez-de-chaussée, n’ont pas été touchés. Au plus grand plaisir de certains passants venus s’informer de la réalité sur le terrain. Pour le reste, les agents communaux seront recasés, de l’avis du maire, aux bâtiments annexes situés à Etoug-Ebe. « Le service doit continuer comme par la passé. Un incendie ne peut en aucun cas perturber ni la continuité du service, ni les projets de la mairie », poursuit-il.

« Un incendie de plus, mais un incendie de trop. C’est devenu un phénomène récurrent au Cameroun. Il ne se passe plus de mois sans qu’on annonce un incendie. Et, là où le bât blesse, c’est que ce sont les bâtiments de l’Etat qui sont la proie du feu », susurre sous cape un passant. Ce nouvel incendie est venu en rajouter à la longue série qui suscite tellement d’interrogations au sein des populations. L’on a encore en mémoire les incendies survenus les 6 et 17 décembre 2013 au Ministère de la Santé publique, emportant avec eux les dossiers du personnel de ce département ministériel entre autres. Sans oublier les incendies de janvier dernier qui ont causé quelques dégâts au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) et à la chambre d’Agriculture. En tout état de cause, les responsables de la police scientifique sont à pied d’œuvre pour déterminer les causes réelles de l’incendie de lundi dernier. En attendant d’être tous recasés ailleurs, les agents communaux de Yaoundé VIème sont encore en week-end forcé.

Gibrile KENFACK TSABDO
(Correspondance particulière)



15/04/2014
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