Hydrocarbures: La Banque Mondiale suggère de ne plus subventionner le carburant

DOUALA - 14 Février 2012
© Alain NOAH AWANA | Le Messager

Selon l'économiste en chef de la Banque mondiale à Yaoundé, le Cameroun doit diminuer ce type de dépenses pour mieux faire face aux incidences probables de la crise de la dette européenne. Cet argent pourrait permettre d'impulser le développement à bon marché et pour atteindre les mêmes objectifs.

La crise européenne de la dette continue de faire rage. La Grèce est de nouveau en proie à un blocage au parlement au sujet du plan d'austérité. La France de Sarkozy panique. Et l'Allemagne commence à s'impatienter, à se fâcher. C'est dire si la préoccupation est grande. Entre temps, les pays de la zone francs, historiquement et économiquement liés à l'Hexagone, continuent de vouloir rassurer leurs populations que cette crise n'aura pas d'incidences sur leur vie. Mais, selon certains observateurs, il y a une réelle menace. Pas seulement au sujet de la dévaluation du FCFA comme on le craint, mais plutôt à propos de l'activité économique en général.

L'une des dernières sorties en date est celle de M. Raju Jan Singh. Il a fait une sortie dans «Les Cahiers économiques du Cameroun» lancé en début février dernier. L'économiste en chef de la Banque mondiale à Yaoundé y présente en effet la perspective camerounaise face à la crise européenne de la dette souveraine. La première mise en garde de M. Singh est que les marges de manœuvres du pays se sont amoindries. La situation sera ainsi différente par rapport à celle de la crise financière et économique de 2008-2009. A cette époque-là, le Cameroun avait pu maîtriser ses dépenses publiques et des mesures budgétaires visant à soutenir l'économie avaient été introduites grâce aux économies budgétaires réalisées les années précédentes. Par contre, à ce jour, et selon cet expert de la Banque mondiale, les dépôts du gouvernement camerounais à la Beac sont réduits. Par conséquent, ils n'offrent qu'un «bouclier limité» si la situation venait à se dégrader davantage.


200 à 300 milliards FCFA par an

Alors, que propose-t-il? La suggestion la plus significative qu'il fait est celle d'examiner la composition de la dépense publique. En clair, l'économiste en chef de la Banque mondiale à Yaoundé suggère à l'Etat de dépenser encore moins pour atteindre de meilleurs résultats. «A cet égard, le poids de plus en plus important des subventions, notamment celles liées aux produits pétroliers, est une source d'inquiétude», prévient-il. Depuis quelques années, le gouvernement du Cameroun, à travers la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph), subventionne à environ 200 à 300 milliards FCFA par an le carburant pour qu'il reste à un «prix abordable» à la pompe. Ce qui est tout de même énorme. Il faudrait plutôt, selon Raju Jan Singh, prendre des mesures qui permettraient de transposer à plus grande échelle les programmes de transfert et qui mettraient en place des filets de protection sociale efficaces. Ces mesures «pourraient être Meilleur marché tout en atteignant les mêmes objectifs», écrit-il.

En tout cas, s'agissant de cette suppression de la subvention des produits pétroliers, les Camerounais en attendent parler régulièrement ces derniers temps. Le gouvernement avait effectivement envisagé de le faire, avant de se raviser au regard de la réaction au sein de l'opinion publique. Le cas des émeutes au Nigeria suite à la suppression de la subvention du carburant a ravivé cette prudence. Pourtant, dans les couloirs de haute décision, des échos nous parviennent de ce que l'on continue de réfléchir sur la possibilité de supprimer ces subventions. Il faudra alors que l'argent qui devait y servir soit plutôt reversé pour mettre en place ces «filets de protection sociale» dont parle M. Raju Jan Singh.



14/02/2012
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