Hôpital Central de Yaoundé: Des syndicalistes grévistes sanctionnés

YAOUNDÉ - 28 Mars 2012
© MONIQUE NGO MAYAG | Mutations

Accusés de comportement dangereux pour les malades, les trois cadres de cette formation hospitalière sont interdits d'accès a leur lieu de service.

Ici, ils se font appeler les «pestiférés de l’hôpital central de Yaoundé». Un surnom qui muse le trio que forment Gisèle Ndzombi, Mme Zintchem et Essa'a Emérand Oyono. Tous trois ont été démis de leurs fonctions pour «propos injurieux vis-à-vis de la hiérarchie, comportement dangereux pour les malades et détournement de recettes». Le trio occupait jusqu’il y a peu, des postes de responsabilité à l'hôpital central de Yaoundé. Mais la donne a bien changé depuis le jeudi 15 mars dernier, au lendemain d'une grève dont ils ont été les principaux acteurs.

En effet, Emérand Oyono, en tant que secrétaire général du syndicat des personnels médico-sanitaires du Cameroun et Gisèle Ndzombi, en sa qualité de représentante du personnel paramédical de l'hôpital, étaient en première ligne de cette manifestation très médiatisée. Mais quelques jours après leur mouvement d'humeur, la directrice de l'hôpital central de Yaoundé, Pr Bella Assoumpta, a adressé à chacun une note les informant qu'ils sont remis à la disposition du ministère de la Santé publique (Minsanté). Ainsi, depuis le 15 mars dernier, Gisèle Ndzombi, Mme Zintchem et Emérand Oyono disent errer dans les couloirs de l'hôpital.

Ce samedi 24 mars, ils sont assis sur l'un des bancs installés dans l'un des couloirs de ce qui est désormais considéré comme leur ancien lieu de service. Non loin, se tient une réunion convoquée par la directrice de l'hôpital. Mais là encore, «les pestiférés» ne sont pas invités. Ils ont d'ailleurs été remplacés à leurs différents postes. Mme Ndzombi, jusque là responsable et promotrice du service de gériatrie (médecine des personnes âgées souffrant de diabète, démence, maladies infectieuses), a été remplacée par, dit-elle, un individu inexpérimenté et cumulard de fonctions. «Mes patients s'inquiètent de mon absence à leurs côtés. Ils ne cessent de me téléphoner. Je ne sais quoi leur répondre pour les calmer», déclare Gisèle Ndzoum, la voix étranglée.

A propos de cette destitution, une réunion de crise s'est tenue hier à l'HCY avec le ministre de la Santé, André Mama Fouda. Le ministre a signifié à la directrice de l'hôpital qu'en tant que représentants syndicaux et fonctionnaires affectés par arrêté ministériel, ils sont intouchables et protégés par la loi. «Et notre limogeage ne saurait découler d'une décision de la directrice de l'Hcy», renchérit Emérand Oyono. Quant à Mme Zintchem, elle était major (responsable) du service des soins à domicile jusqu'à ce qu'elle soit destituée pour être remplacée par un de ses anciens collègues.

De fait, après 22 ans de service à l'hôpital central de Yaoundé, Gisèle Ndzombi comme ses compagnons d'infortune, sont dorénavant des fonctionnaires sans poste. A ce titre, elle doit s'en remettre au ministère de la. Santé publique. Une ambiance qui a donné lieu à un nouveau mot d'ordre de grève lancé par le SYNPEMS. Une grève, sourde qui donne lieu à un climat de tension à l'HCY.

Gilbert Tsimi Evouna, président du comité de gestion de l'HCY dans une note signée le 21 mars et affichée a tenté de rassurer le personnel de l'HCY: «J'ai l'honneur de vous faire connaître que je viens de rendre exécutoires les résolutions prises lors de la réunion de concertation avec le Minsanté. Laquelle a abouti à la levée du mot d'ordre d'arrêt de travail en date du 06 mars 2012», note Tsimi Evouna. Pourtant l'argent déboursé par les femmes de l'HCY pour l'achat du pagne du 08 mars, n'aurait pas encore été restitué. Le reporter de Mutations a tenté hier, en vain, d'obtenir l'éclairage du directeur de l'hôpital sur ces tensions.




29/03/2012
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