Hollande : un discours de Dakar «très travaillé»


Le discours de François Hollande a connu plusieurs moutures. Voyage à travers les plusieurs versions de cette allocution très attendue.

Les Innrocks

Hollande à Dakar

Le discours de François Hollande a connu plusieurs moutures. Voyage à travers les plusieurs versions de cette allocution très attendue.

“Quand vous allez au restaurant, vous n’allez pas regarder la cuisine. Et même si vous regardez, il n’y a qu’un chef !”, s’amuse un proche du Président français quand on s’entête à savoir comment s’est construit le discours de Dakar.

Une plume à la Guaino façon Sarkozy ? Pas franchement. Le discours de François Hollande n’est jamais la première version écrite. Pour le discours sur l’école, il y a six moutures. Pour celui sur Dakar, on aura du mal à les compter.

La première a été écrite par la cellule diplomatique de l’Elysée : la conseillère Afrique, Hélène Le Gal et le conseiller technique Thomas Melonio. Puis une relecture par le secrétaire général de l’Elysée : Jean-Paul Ortiz et François Hollande lui-même. Ayant consulté ses homologues africains depuis son arrivée à l’Élysée le 6 mai, il a entendu un message : il faut en finir avec la Françafrique. Un des points clés du discours…

Le texte est ensuite redescendu à l’échelon inférieur : le Quai d’Orsay et le ministère du Développement nécessairement, le ministère de l’Intérieur et des Français de l’étranger pour la question des visas – un sujet sensible pour les jeunes et les chercheurs dakarois, “non pas tant sur le nombre que sur la durée”, explique un membre de la délégation – Bercy pour “la consolidation de la zone franc”. Une dernière idée directement inspirée par le franco-béninois Lionel Zinsou, patron d’un fonds d’investissement et actif défenseur d’un plus grand partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

“Le Président avait déjà cette idée de la zone franc en tête. On ne savait pas si on la garderait puisqu’on ne pouvait pas tout dire, mais après le déjeuner, il n’y avait plus de question. Ça a été conservé”, confie un conseiller.

Outre Zinsou, se trouvaient à table le politologue et cofondateur de la revue Politique africaine Jean-François Bayart, l’historien congolais Elikia M’Bokolo, directeur du centre d’études africaines à l’EHESS. Il a suggéré à François Hollande de relire le discours prononcé par Barack Obama à Accra, au Ghana, en juillet 2009. Le président américain avait alors rendu hommage à la vitalité démocratique du pays et insisté sur le fait que “l’avenir de l’Afrique (appartenait) aux Africains eux-mêmes”, mais qu’il ne pouvait être prometteur que si ceux-ci réalisaient que “le développement dépend de la bonne gouvernance”. Des idées que l’on retrouve dans le discours de Dakar.

Enfin, à la table du 8 octobre, on trouvait aussi le président de l’Onusida, Michel Sidibé qui a évoqué la question des financements innovants (une thématique déjà soulevée par François Hollande à l’Onu à New York en septembre) et la journaliste Denise Epoté, l’intellectuel Mamadou Diouf. C’est ce dernier qui a mentionné l’importance symbolique que représenterait le transfert des archives sur le drame du camp de Thiaroye, de la France vers le Sénégal. L’idée a été reprise par Hollande.

Muni de ses notes prises pendant le déjeuner, il a commencé le 9 octobre à retravailler son discours de Dakar. Jeudi, il s’y est longuement penché avant de poursuivre dans l’avion. “Finalement, c’est toujours lui et lui seul qui l’écrit”, rit un membre de la délégation. A la tribune de l’Assemblée nationale, le jour J, le Président, son paquet de feuilles à la main, était encore, quelques minutes avant de parler, en train de relire ses notes.

Marion Mourgue

 




17/10/2012
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