Histoires de lions… :: CAMEROON

Cameroun : Histoires de lions…:CameroonDans mes souvenirs de contes d’enfance, le lion était une bête forte, belle, puissante, avec beaucoup d’allant et pleine d’allure, mais, surtout, redoutable, vraiment redoutable. Un célèbre maquisard de l’Upc en pays Bassa du nom de Bitchoka Bitchoka portait, semble-t-il, le sobriquet de « Mbondo i Ngo Mpih » (le lion de Ngo Mpih), par référence à sa mère. La Sainte Bible parle,  quant à elle, du Lion de Juda, s’agissant du christ messianique.

L’histoire de France s’imprègne de Richard-Coeur-de-Lion, qui s’est même imposé à nous dans les programmes scolaires Africains… Le lion est signe de bravoure et de suprématie. C’est le roi de la forêt, mais aussi le roi de la savane. Un ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Félix Tonye Mbock, choisit de baptiser ainsi l’équipe nationale, pour manifester ses désirs de victoire et de suprématie du Cameroun dans le football. 30 ans plus tard, Paul Biya accaparera sans vergogne le surnom de « l’Homme-Lion », pour s’identifier aux Lions Indomptables.

Voilà comment le président de la République a récupéré la victoire d’une nation pour se positionner dans son confort présidentiel, alors fortement controversé et sérieusement menacé à l’époque. Personne n’a porté plainte pour cette usurpation de titre. C’était son coup de griffe, sa griffe. Les résidences secondaires devinrent des « Shambalas ».

Le signe de reconnaissance que les pontes du régime avaient en commun, c’étaient des gravures en ciment ou en marbre le représentant sur les murs, les portails, les barrières etc.

Le Lion de l’homme-lion.

Car le Lion, celui de Mama Eyenga, a ceci de particulier qu’il est fier et jaloux. Il faut à chaque fois, lui prouver sa fidélité, car il est généreux en amitié, mais aussi très fort en coups de griffes et de tête… Jamais, on ne s’était autant servi des Lions Indomptables ! Malheureusement, les joueurs viennent du Nord, du Sud, de l’Ouest ou de l’Ouest. Vouloir s’approprier leur victoire à des fins politiques n’a rien arrangé à l’époque. Au contraire, ils ont ramolli.

Le chaos politique des années 92 au Cameroun précédera de peu, la déchéance des Lions, comme une relation imbécile génère des effets imbéciles. Aujourd’hui, c’est plus ou moins l’accalmie. Comme la politique, on dirait que le football veut revenir à une relation « apaisée ». Fru Ndi mange avec Paul Biya, cette grande dame de la presse connue jadis pour ses coups de gueule bouffe aujourd’hui dans le râtelier du régime, qu’elle défend bec et ongles, et truffe ses confrères de menaces et d’injures. Les saints trempent la main dans l’écuelle du diable.

L’homme lion n’est plus en danger. Bref, on peut dire que ça va. Ça va aller ! Pas étonnant qu’avec sa majorité confortable dans les mairies et à l’Assemblée nationale, le Lion d’Eyenga soit venu parader à Douala pour savourer sa victoire, avec les meilleurs prétextes ponts…, pontificaux. Pour  prouver à tous qu’il reste le roi, et de la forêt et de la savane, comme c’est notamment le cas du Cameroun.

03 jours plus tard, soit le dimanche 17 novembre 2013, ce sont les Lions Indomptables qui l’emportent 04 buts à 01 contre la Tunisie. Voici le Cameroun propulsé au Mundial en 2014 au Brésil. A ce stade-là, on est bien forcé de reconnaitre que c’était bien joué ! Bien joué pour l’équipe de Samuel Eto’o et ses Lions Indomptables, mais aussi et surtout, bien joué pour l’homme-Lion, qui fait ainsi d’une pierre deux coups. Popaul est en haut ! Ce n’était pas gagné d’avance, mais cette prouesse des Lions peut lui garantir un capital de sympathie pour au moins 04 ans chez l’homme de la rue, le temps de passer le cap de 2018. Ce n’est peut-être pas très sorcier, mais l’homme a l’art de damer le pion à ceux qu’il appelle « apprentis sorciers ». Toujours sur le dos des lions…

© Le Jour : Pauline Poinsier-Manyinga


19/11/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres