Harris Mintya: "Je suis un indic infiltré dans la presse"

DOUALA - 09 JUILLET 2010
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager

"... J’ai travaillé pendant plus de dix ans à faire des bulletins sur les hommes de médias pour le président ..."

Affaire des Commissions du Rio del Rey Harris Mintya: «Je suis un indic infiltré dans la presse»




Robert Harris Mintya, le directeur de publication (DP) du journal Le Devoir n’a été informé de son audition d’hier que deux heures plus tôt. Ce, via un détenu qui a regardé la revue de presse le matin à Canal 2. Il aura la confirmation de l’information par son camarade d’infortune Serges Sabouang (convoqué également) dont l’avocat a été informé de la rencontre avec le juge David Donhou. Tous les deux sont extraits de leur cellule autour de 11 heures. Ils sont escortés à «Guantanamo» (cabinet d’instruction du Palais de justice du Mfoundi). Là-bas, quelques membres de leur famille les attendent. Une vive émotion transparaît de leur visage. Approchés par le reporter du Messager, les deux inculpés disent ne pas souhaiter s’exprimer sur la question. « Vous savez que l’instruction est secrète », lancent-ils en chœur. C’est le même son de cloche qui vient de leurs avocats.


Secret de l’instruction

Revenu à la charge, le reporter qui indique que ses questions n’ont aucun rapport avec le dossier en instruction demande à Harris Robert Mintya s’il assume le contenu de la lettre d’excuse de huit pages écrite au bic violet le 14 avril 2010 à Laurent Esso et dont la presse lui attribue la paternité. Le DP répond par un « oui » ferme avant de nuancer qu’il ne s’agissait pas « de dire que je suis l’auteur du faux document » en cause. Mais de «reconnaître que je me suis trompé sur son origine.» Il avoue même s’être rendu compte de l’origine frauduleuse de ladite pièce longtemps avant son interpellation. Ce, après une discussion avec un ministre en fonction chargé spécialement d’un pan des affaires de sécurité. Celui-ci lui aurait affirmé que le document a l’air faux.
A la question de savoir s’il assumait, comme il est écrit dans la lettre qu’il était un informateur du chef de l’Etat, le DP répond toujours fermement par l’affirmative. « J’ai travaillé pendant plus de dix ans à faire des bulletins sur les hommes de médias pour le président », affirme-t- il presque fièrement. A celle de savoir s’il était rétribué pour ce boulot, le patron de presse dira qu’il n’a jamais perçu le moindre copeck de « ses services ». Cependant, il ne dira mot de son mode opératoire. Mais des sources proches du dossier affirment que le DP de Le Devoir aurait révélé à son entourage qu’il faisait des bulletins qu’il transmettait à Paul Biya par le truchement d’une certaine Madame Mengue, proche parente du chef de l’Etat et ces derniers temps, à travers Simon Pierre Bikélé, le directeur du protocole présidentiel. Robert Mintya ne va pas nier cela avant de se soustraire à la conversation au nom du secret de l’instruction. Faisant laisser susurrer qu’il se sentait investi du devoir d’inquisition de tous les « fossoyeurs » de la République.


Liberté provisoire

Aussi, tout porte-il à croire que l’audition des DP hier, se rapporterait à l’affaire d’indic que le principal accusé dans l’affaire a porté à l’attention de Laurent Esso. C’est son exploitation qui aurait d’ailleurs fait traîner les enquêtes préliminaires, ainsi que l’a déjà relevé Le Messager dans ses précédentes éditions. Il s’agissait pour les enquêteurs de s’appesantir sur l’ensemble des déclarations contenues dans la fameuse lettre. Il est fort à parier que le juge David Donhou est largement revenu sur cette question et d’autres contenues dans la lettre du 14 avril 2010 après s’être fait une opinion de cet angle de l’affaire. Par ailleurs, Robert Harris Mintya et Serges Sabouang ont déjà fait des demandes de liberté provisoire qui n’ont jamais prospéré et ce, malgré un appel interjeté par le premier cité


11/07/2010
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