Guinée équatoriale: Teodorin Nguema Obiang en pole position

YAOUNDÉ - 28 Mai 2012
© Pierre Amougou, Henriette Assen, Kamdoum | La Météo

En dépit de son implication dans l'affaire dite "des biens mal acquis", le fils aimé a été nommé au prestigieux poste de 2e vice-président de la République, le 21 mai dernier. D'aucuns ont vu en cette promotion la mise du pied de Teodorin à l'étrier du pouvoir.

Au pays d'Obiang Nguema Mbazogo, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Ce riche et petit Etat pétrolier depuis quelque temps est géré comme une entreprise familiale. Le pays est tenu d'une main de fer par les proches du patriarche Obiang Nguema, arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 1979. Il n'y a qu’à voir: les membres de la famille Obiang ont toujours occupé les postes stratégiques du pouvoir de Malabo. Bien plus, Teodoro Obiang Nguema que l'on dit malade, envisage de confier le pouvoir à l'un de ses fils, et beaucoup plus à Teodorin Nguema Obiang Mangue. En dépit de son implication dans l'affaire dite "des biens mal acquis", le fils aimé a été nommé au prestigieux poste de 2e vice-président de la République, le 21 mai dernier. D'aucuns ont vu en cette promotion la mise du pied de Teodorin à l'étrier du pouvoir.

Selon toute vraisemblance, celui-ci est rompu à l'exercice des affaires, pour avoir été successivement secrétaire d'Etat, ambassadeur, ministre et député. Ce dernier est convaincu d'avoir un destin présidentiel. En accord avec son père, il aurait recruté une petite armée privée chargée de faire le coup de force contre l'armée régulière dirigée par ses oncles en cas d'une passation de pouvoir qui serait tout sauf démocratique.

Ainsi, Teodoro se serait entouré d'anciens mercenaires de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita) stationnés en Angola et de gardes du corps de l'ancien président ghanéen, Jérry Rawlings

Autrement dit, l'actuel chef d'Etat préparerait en secret son propre coup d'Etat pour installer son fils au pouvoir et éliminer du même coup l'encombrant entourage familial. "Tout est possible dans cet étrange pays", explique un expert en questions militaires. Le fils adulé répète à qui veut l'écouter qu'il rêve de faire exécuter ses oncles et une partie de ses proches en place publique. Teodorin Nguema Obiang Mangue est né en 1969. Eduqué dans un pensionnat français, il fait ses premiers pas dans les affaires en trafiquant du pétrole au Gabon et au Cameroun, et en revendant des voitures volées dans ces mêmes pays. Quand le pétrole jaillit au large des côtes guinéennes, le fils revient au pays pour mettre en place tout un système de racket sur les exportations de bois et le pétrole. A partir de ces transactions, l'argent coule à flot. Nommé il y a quelques années ministre des Forêts et de l'Agriculture par son père, le potentiel successeur du père était devenu un pigeon voyageur. Se déplaçant à bord de son jet privé, un Gulfstream américain payé cash 50 millions de dollars (environ 25 milliards de FCFA), Teodorin se promène à travers le monde entre Los Angeles, le Cap, le Maroc et la France. Sans doute pour entretenir son luxueux parc automobile et ses jolies amies russes, davantage séduites par son chéquier que par sa vision géostratégique de l'Afrique centrale. Ses frasques nocturnes à Paris avaient d'ailleurs conduit les autorités françaises à suggérer à l'intéressé qu'il espace ses visites dans la capitale.

Quand il revient dans son pays, il évite de résider dans la capitale, jugée peu sûre, préférant la seconde ville de pays, Bata, située sur la partie continentale. Il y possède de nombreuses demeures et voitures. Et l'on comprend bien si son nom est cité dans l'affaire dite "des biens mal acquis". Aujourd'hui, il est attendu, le feu vert du ministère français de la Justice, pour le lancement d'un mandat d'arrêt international contre lui. En 2009, il a donné le premier coup de pioche d'une villa dont le coup est estimé à 22 milliards de francs Cfa! Le président de la Guinée Equatoriale connaît tous les détails de la vie de son fils. Pour achever cette description quelque peu comique d'un pays qui n'est autre qu'une République bananière, le président Obiang Nguema a pour conseiller économique et homme à tout faire, un Libanais musulman, soutien financier actif de nombreux réseaux islamistes internationaux. Seulement, la communauté internationale garde le silence sur les dérives de ce pays, pétrole oblige, les chefs d'Etat de la région commencent à s'exaspérer de la pièce tragique qui se joue sous leurs yeux à Malabo.


29/05/2012
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