GROSSE FATIGUE: Philémon Yang «démissionne» pour mieux rester - Les Larmes de Crocodile du Premier Ministre

YAOUNDE - 03 SEPT. 2012
© Yves Marc Kamdoum | La Météo

La réaction équivoque du Patron du Gouvernement provoque la suspicion apres la révélation de l'hebdomadaire l'Epervier... Le Premier ministre fait preuve d'une frilosité suspecte, alors qu'il est accablé par des bruits de mal-gouvernance

Le Premier ministre camerounais n'a donc pas, pour cause de «fatigue», demandé à titre déchargé de ses fonctions par le chef de l'Etat. Philémon Yang, par l'entremise de son directeur de cabinet, Ghogomu Paul Mingo, s'est fendu d'un cinglant démenti contre les écrits du journal L'Epervier. Selon cette publication, le Premier ministre aurait envoyé sa lettre de démission à Paul Biya le mois dernier. Des «allégations» qualifiées de «fausses», donc, le chef du gouvernement n'ayant «jamais envisagé de démissionner et n'a, à aucun moment, initié une correspondance allusionnant une démarche similaire». Bien plus, «il rassure la communauté nationale et internationale de son attachement à la politique que prône le chef de l'Etat, Son excellence Paul Biya à qui il réaffirme sa fidélité». Et d'exhorter les Camerounaises et les Camerounais à rester concentrés sur la politique des Grandes réalisations lancée par le président de la République et mise en œuvre par le gouvernement, dont il est le chef depuis le 30 juin 2009.

Cette mise au point a été amplement ventilée par les médias de service public. Elle devrait, en temps normal, avoir été adressée en premier lieu au journal incriminé. Et donc mettre un terme à une polémique qui n'en est pas. Mais L'Epervier, jusqu'au moment où nous mettions sous presse, n'avait reçu aucun droit de réponse. Ou, plutôt, c'est du président du Conseil national de la communication (Cnc), Joseph Befe Ateba, que le directeur de publication du journal, Clovis Noudjio, a reçu une invitation pour une rencontre le 11 septembre prochain à 10h. L’éditeur, à l'heure qu'il est, ne semble pas savoir si cet appel a été inspiré par le PM. Bien plus, la démarche de Philémon Yang s'apparente à une fuite en avant. De sources introduites en effet, le chef du gouvernement est en proie à de vives inquiétudes à la suite de révélations de La Météo, il y a quelque temps, concernant le rapport d'étape du cabinet Okalla Ahanda & Associés sur la gestion de la compagnie Camair Co. A des proches, il aurait ainsi sérieusement dit son angoisse pour le futur. Il a publiquement évoqué son propre sort, s'appuyant sur des antécédents fâcheux, qui valent aujourd'hui à son prédécesseur, Ephraïm Inoni, mais aussi à deux ex-secrétaires généraux de la présidence de la République et à bien d'autres dignitaires du régime d'être derrière les barreaux pour mal-gouvernance liée aux histoires d'avion...

Président du Conseil d'administration de Camair Co, M. Yang, écrivions-nous voici peu, est au moins complice de la prédation dont se rend aujourd'hui coupable le directeur général Alex Van Elk. Et, analysait votre journal, si le Pca laisse faire, «c'est certainement qu'il y trouve son intérêt». Depuis lors, l'homme a perdu son sommeil et même de sa superbe. D'où son projet de quitter des affaires, ainsi qu'il l'aurait confié à des intimes. Et qu'il proteste si mollement contre les assertions de L'Epervier ne peut qu'ajouter à la perplexité de certains observateurs. Dans tous les cas, l'on sait dans le sérail que plus vous donnez l'impression de vouloir quitter les affaires, plus Paul Biya vous y maintient le plus longtemps possible. Le chef de l'Etat va-t-il alors tomber, si tel est le cas, dans le piège de Yang ?


Canards boiteux

Et les raisons de se faire du mauvais sang ne manquent pas à Philémon Yang. Ces derniers mois en effet, la gestion des affaires par le Pm, mais aussi son manque d'autorité murmure-t-on, n'ont cessé d'inspirer les vives inquiétudes des partenaires au développement. Déjà, l'opinion se demande où est passé le Conseil de cabinet du mois d'aoutt. Par ces temps de Grandes réalisations, où la conduite des dossiers exige a la fois rigueur et tact, nombreux sont aujourd'hui les bailleurs de fonds qui s'interrogent sur la capacité du chef du gouvernement à conduire la politique économique et sociale de Paul Biya pour l'émergence du Cameroun.

Et le chef de l'Etat serait en ce moment le premier à douter de la conduite heureuse des dossiers liés aux projets structurants par certains de ses collaborateurs. Ce pressentiment ne concerne pas que Philémon Yang. Il y a aussi dans la ligne de mire Patrice Amba Salla (Travaux publics), Emmanuel Nganou Djoumessi (Economie, Plan et aménagement du territoire) ou encore Emmanuel Bonde (Mines, Industrie et Développement technologique), dont la maîtrise des dossiers confine au moins au doute.

Le mélodrame, pour Paul Biya, est qu'il est parfois obligé, bien malgré lui, de composer avec certaines contingences et, pour des raisons essentiellement politiques, de continuer à composer avec des canards boiteux.






03/09/2012
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