Grogne à la Cicam : Vers un 8 mars sans pagne

Cameroun - Grogne à la Cicam : Vers un 8 mars sans pagneC’est la menace que brandissent des employés de la Cotonnière industrielle du Cameroun. Ils réclament entre autres le versement de leur gratification de 2012.

Direction générale de la  Cotonnière industrielle du Cameroun  Ndokoti (à Douala). Hier mercredi 16 janvier 2013, il est 12h. L’ambiance est plutôt terne. A l’entrée de la société, quelques employés devisent. Derrière eux, dans une petite boutique,  des tissus sont exposés à la vente. Il y  a donc  du travail,  mais le cœur n’est apparemment pas à l’ouvrage. «Le climat est tendu. Nous ne pouvons pas travailler. Nous sommes fatigués d’être abusés», affirme un technicien. Il est d’ailleurs en train de rentrer chez lui. En cause, «non seulement, je n’ai pas eu mon salaire de décembre, mais j’attends toujours mes gratifications. Pour l’instant, je rentre chez moi», explique-t-il. Ces gratifications concernent en fait ce qu’on appelle communément le 13ème mois.

A.B., est le nom d’emprunt d’un autre employé. Lui aussi a requis l’anonymat,  parce que, pense-t-il, «révéler mon identité serait dangereux pour moi». C’est que le jeune-homme a une dent contre l’entreprise. «Nous avons toujours eu nos gratifications. Leur avantage est qu’elles sont souvent plus importantes que le salaire. Elles sont généralement versées avant chaque 15 décembre. Mais depuis décembre nous sommes dans l’attente.» Une attente longue et angoissante qui a poussé plusieurs à se rebeller : «Nous avons décidé de saboter la production  des tissus du 8 mars (journée internationale de la femme, Ndlr) si on  ne nous reverse pas nos gratifications. Nous allons tenir cette promesse», assurent les deux interlocuteurs.

«Problèmes financiers»

Il n’y aura pas de négociations, confient-ils car ils s’estiment abusés. «Nous n’avons plus confiance au Dg (le français Michel Polidori). Depuis qu’il est arrivé, les choses vont mal. Nous avons toujours serré la ceinture. La goutte d’eau qui fait déborder le vase c’est quand une note de l’administration nous fait savoir qu’il n’y aura plus de 13ème mois», indique A.B. Cette nouvelle va courroucer plus d’un, au point d’engendrer une grève. Pour calmer ses employés, confie A.B., le Dg refait sa copie et promet de désengager tout le monde avant le 20 janvier. Depuis lors, c’est le compte à rebours. «Nous sommes déjà le 16 janvier, plus que quatre jours. Ces personnes (en montrant du doigt) que vous voyez assises là dehors n’attendent que ça. Nous savons que l’entreprise à de lourds soucis financiers, mais on s’en moque», confie A.B. Nos tentatives pour rencontrer Michel Polidori n’ont pas abouti, «tous les responsables sont à la pause. Vous devez de prime abord prendre rendez-vous. Vous ne pouvez les voir comme ça», affirme une vigile.

Toutes ces informations, de la première à la dernière sont pourtant confirmées par un responsable de l’administration qui a lui aussi voulu parler sous cape. Il dit avoir le poil hérissé parce que ses collègues et lui ont passé de sales fêtes, «les derniers salaires sont tombés le 8 janvier. Ce qui est inédit. Inédit aussi, le retard de payement de la gratification et le remboursement des frais médicaux.» On n’est malheureusement pas sorti de l’auberge, «la Cicam a de gros problèmes financiers, ce qui va nuire à la production des tissus, donc celui du 8 mars. La situation va durer pendant des années encore.»

Gestion cahoteuse

Depuis l’arrivée du nouveau Dg en 2007, l’entreprise publique fait face aux fautes de gestion, et aligne les dettes, martèlent différentes sources. «Aes- Sonel est venu couper le courant hier (mardi 15 janvier courant) à la Direction  générale pour sept mois de factures impayées, soit 15 millions Fcfa. L’autre usine située à la zone industrielle de Bassa a également été privée d’électricité, pour 8 millions Fcfa. On  ne travaille pas depuis mardi», renseigne une source bien introduite dans l’entreprise.

«Comment peut-on  faire fonctionner une entreprise sans électricité ?», s’interroge la source. Qui accuse le Directeur général de mauvaises gestions financières. «D’abord en 2007, 500 millions Fcfa disparaissent des caisses. On porte plainte,  mais jusqu’aujourd’hui, on ne connait pas où est passée cette somme. Plus tard, c’est la caissière, madame Ndong, qui emporte 41 millions Fcfa. En 2011, la hiérarchie a voulu mettre sur pied une salle de cinéma. La fille du Dg, chargée du projet a reçu environ 40 millions Fcfa. Aujourd’hui les travaux sont presque achevés, mais la salle n’a toujours pas ouvert. Ça ira de mal en pis. Le Dg nous a annoncé que nous allons connaître trois ans de calvaire.» Autant de raisons qui le poussent à solliciter l’intervention de l’Etat. Lui qui a nationalisé la Cicam depuis 2010

© Le Messager : Valgadine TONGA


17/01/2013
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