Grégoire Owona accuse Fru Ndi et Marafa de vouloir déposer Biya

Cameroun : Grégoire Owona accuse Fru Ndi et Marafa de vouloir déposer Biya La tribune libre du Sga du Rdpc suscite des réactions au Sdf et parmi des proches de l’ex Minatd.

Après le secrétaire à la communication, Jacques Fame Ndongo, le 30 mai dernier, le parti au pouvoir (Rdpc), à travers son secrétaire général adjoint, Grégoire Owona, a réagi le 17 octobre dernier, par une tribune libre, à l’activité épistolaire de Marafa Hamidou Yaya. Si la première riposte officielle est intervenue avant l’ouverture du procès de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), la seconde intervient après sa condamnation à 25 ans de prison, le 22 septembre dernier. Ce qui tend à accréditer l’idée d’une coordination dans la réplique du parti présidentiel, réplique jugée poltronne un temps, alors que l’ancien secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr) marquait des points dans la bataille pour le contrôle de l’opinion.

A la différence de Jacques Fame Ndongo, qui exhortait Marafa à « préparer avec méthode et rigueur son argumentaire devant la Cour » au lieu de verser dans « un plaidoyer pro-domo [qui] peut se situer à des années-lumière de la vérité », Grégoire Owona, en réaction au 5e épître de son ancien collègue du gouvernement dit à Marafa : « Non à l’insurrection, le changement est déjà en cours ».

En effet, l’actuel ministre du Travail et de la Sécurité sociale fait observer que, le douzième et dernier paragraphe de la 5e lettre de l’ex Minatd est « quasiment un appel à l’insurrection ». Pour Grégoire Owona, lorsqu’il appelle ses partisans à le soutenir moralement sans user de violence ou de trouble à l’ordre public et qu’au même moment, il indique qu’ « il est inutile d’attendre sept ans ou je ne sais quel échéance » pour pousser Paul Biya à la sortie, Marafa passe pour le pyromane qui prend la posture de pompier.

Ce jeu de mots, le maniement de « la litote et l’antiphrase qui consiste à faire dire aux mots le contraire de ce qu’on pense», n’est pas l’apanage de Marafa Hamidou Yaya, tend à faire penser le secrétaire général adjoint du Rdpc. « Après que le Sdf lui ai offert quelques avocats, semble-t-il, on entendra M. Fru Ndi, déclarer lors de son congrès samedi dernier à Bamenda : « Cameroon can not wait another six or seven years », mais il termine tout de même en invitant les Camerounais, à s’inscrire massivement sur les listes électorales !». Ainsi donc, à en croire Grégoire Owona, Marafa et Fru Ndi seraient de mèche pour destabiliser le régime en place avant 2018.

Joint au téléphone hier, Beatrice Anembom Monju du secrétariat à la communication du Social Democratic Front (Sdf), a martelé que « le chairman Ni John Fru Ndi n’a pas tenu les propos que Grégoire Owona lui prête lors du dernier congrès du Sdf, devant les congressistes ». Elle renvoie du reste la presse au discours de politique générale du président national du Sdf.

Du côté de l’entourage de Marafa Hamidou Yaya, aucune réaction officielle n’a été enregistrée. Cependant, Sismondi Barlev Bidjocka, journaliste et auteur du livre « Marafa Hamidou Yaya : l’automne de la colère » (livre édité à compte d’auteur, dans lequel il soutient que Marafa est victime de « l’anthropophagie » du système gouvernant), sous sa casquette de « porte-parole du Rassemblement de la jeunesse Camerounaise », a vertement réagi à la tribune libre de Grégoire Owona. «… Marafa demande de ne pas attendre le changement en 2018 à la tête de l’Etat avant d’adopter des attitudes d’une «société de confiance» ; voilà pourquoi il demande un changement radical des comportements ! J’espère que vous comprenez mieux ! Vous parlez tous les jours de paix, vous qui n’avez jamais eu faim, ni soif, vous qui dormez avec le climatiseur, vous qui avez de nombreux logements, vous dont les enfants fréquentent les écoles de luxe en Europe, vous qui n’avez pas des soucis de rentrée scolaire, vous qui ne savez pas de quoi on parle quand il s’agit de facture d’eau ou d’électricité, vous que nous nourrissons avec nos impôts (avantages prévus par la réglementation en vigueur), vous qui ne savez pas combien coûtent les soins dans les hôpitaux, vous qui êtes dans le confort du gouvernement depuis plus de 20 ans… ».

Et d’interroger le ministre : «Quand vous parlez du «changement déjà en vigueur», il s’agit de quoi ? De la justice qui condamne les innocents, des leaders de l’opposition qu’on interdit de réunion systématiquement, des 28.000 Fcfa de Smig?». En somme, à la lumière de ces différentes prises de position, l’on peut, à bon droit, affirmer que le débat public sur le cas Marafa est loin d’être terminé.

 
© Mutations : Georges Alain Boyomo


19/10/2012
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