Gouvernement: Le cas Philémon Yang

Yaoundé, 21 Janvier 2013
© GEORGES ALAIN BOYOMO | Correspondance

Outré par le double jeu et les remontrances du chef de l'Etat, le Premier ministre aurait demandé à être déchargé de ses fonctions.


Philemon Yang, Premier Ministre
Photo: © Archives


Parmi les personnalités qui ont eu le privilège d'être reçu en audience par le Premier ministre ces derniers jours, d'aucuns décrivent un chef du gouvernement flegmatique et gagné par la lassitude. En effet, depuis son retour du Canada, la veille de la cérémonie de présentation des vœux au président de la République, Philémon Yang se sait, plus que par le passé, sur un siège éjectable.

Seul à seul, après le dernier conseil des ministres, le président Biya lui a dit sa satisfaction mesurée au sujet des performances de l'équipe gouvernementale. Le communiqué final dudit conclave se veut d'ailleurs plus explicite à ce sujet. Paul Biya, à travers son secrétaire général, y souligne «l'importance d'une coordination plus étroite des projets impliquant différents départements ministériels et demande des efforts supplémentaires dans l’assimilation de la méthode d'élaboration et de mise en œuvre des feuilles de route.» De même qu'il «prescrit l'organisation d’un séminaire gouvernemental sur le sujet et un encadrement plus soutenu des ministères dans le suivi de leur feuilles de route respectives, afin de faire en temps utile les recadrages nécessaires.»

Après la cérémonie de présentation des vœux du 3 janvier dernier au palais de l'Unité, au cours de laquelle, les téléspectateurs de la Cameroon radio television (Crtv), ont pu noter une certaine distance entre Paul Biya et Philémon Yang, les deux hommes se sont retrouvés le lundi 07 janvier au palais de l'Unité, avant que le Pm ne reçoive les vœux de ses collaborateurs, à l'Immeuble étoile. Paul Biya a, une fois de plus, «recadré» le chef du gouvernement.

Mais l'épine au pied du Premier ministre en ce moment est le tandem Sg/Pm-Sg/Pr, autrement dit, Louis Paul Motazé Ferdinand Ngoh Ngoh. Les deux «chevilles-ouvrières» de la présidence et de la primature, planchent tous les vendredis au palais de l'Unité sur les sujets qui engagent la vie de la nation. Le tandem, conscient que les dossiers les plus sensibles de la République transitent par leurs mains, affiche une certaine indépendance qui agace notamment Philémon Yang. Le Premier ministre n'en est informé que par des synthèses, généralement sélectives, que lui sert son secrétaire général. Le Pm, qui sait que ces rencontres hebdomadaires sont instruites par la «très haute hiérarchie», digère péniblement cette situation.


Tandem

Nommé le 30 juin 2009, le Pm est surtout aujourd’hui «spectateur», dans ses services, des «sourdes rivalités entre son secrétaire général et certains directeurs et conseillers à qui il ne refuse pas sa confiance.» Pris dans ce tourbillon et manifestement «dégoûté» par le «jeu trouble» de Paul Biya à son égard, Philémon Yang aurait demandé à son «patron» de le décharger de ses fonctions de chef du gouvernement. Jaloux de son pouvoir de nomination et de dénomination, misé et finalement cynique, le chef de l'Etat l'a exhorté à rester en poste, car il a «encore besoin de ses services».

Pratiquement dans le même intervalle, le journal L'Epervier publie en grande Une, l'information selon laquelle le Pm a remis sa démission au chef de l'Etat. L'ancien secrétaire général adjoint de la présidence flaire un «coup tordu», et, à travers son directeur de cabinet, produit un démenti dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon tribune, le 28 août 2012. Philémon Yang fera savoir à l'opinion nationale et internationale que «depuis sa nomination à la tête du gouvernement le 30 juin 2009, et sa reconduction à la tête de l'équipe gouvernementale le 9 décembre 2011, il conduit avec dévouement et loyalisme l'importante mission que lui a assignée le chef de l’Etat S.E Paul Biya. Il n'a jamais envisagé de démissionner et n'a, à aucun moment, initié une correspondance allusionnant une démarche similaire».

«Il n'en veut plus!» affirme pourtant mordicus un proche du Pm. «Le Premier ministre est un fusible du chef de l’Etat. Or, M. Yang marche trop sur les œufs. Le président aime travailler avec des gens qu’il peut tenir. Le Pm actuel n'a pas ce profil. Contrairement à son prédécesseur, Ephraïm Inoni, il est distant de tout ce qui peut le salir dans sa gestion. Même sur le dossier Camair-Co, il est difficile d'établir qu'il a détourné de l'argent, mais une chose est certaine, en qualité de président du conseil d'administration, Philémon Yang a pêché par laxisme. Et sur ce point-là, le président de la République lui en veut», ajoute notre source.

Sorti politiquement affaibli de la dernière élection présidentielle, dans son fief du Nord-Ouest (Paul Biya avait mordu la poussière même dans le département d'origine de M. Yang, le Bui), le directeur national de campagne du candidat du Rdpc (il était assisté, fait inédit, d'un directeur opérationnel, à savoir René Sadi) en magistrat rompu, attend désespérément la sentence du Prince. S'il n'y entrevoit aucun véritable suspense, quant au caractère défavorable du décret à son encontre, il brûle certainement des cierges pour ne pas connaître des ennuis comme son devancier à l'Immeuble étoile.

source: mutations



21/01/2013
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