Gouvernance Le Contrôle supérieur enquête au Trésor

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Le Contrôle supérieur enquête au Trésor

Depuis le mois de juin dernier, une mission spéciale de ce département ministériel est à pied d’oeuvre dans cette direction générale du ministère des Finances et ses démembrements. Les inspecteurs d’Etat, contrôleurs et vérificateurs veulent voir clair dans les procédures de décaissement et de paiement.

Le Cameroun inspecte ses comptes. «Nous sommes assiégés de toutes parts par les contrôles ces jours-ci», indique un responsable du ministère des Finances. En fait de contrôle, il s’agit des équipes du Contrôle supérieur de l’Etat qui, depuis des mois, enquêtent au ministère des Finances (Minfi). Si la première partie à en croire quelques responsables, aura été une opération de routine, il n’en est pas question pour le cas de la direction générale du Trésor. Ces équipes composées d’inspecteurs d’Etat, de contrôleurs d’Etat et de vérificateurs, passent en revue les comptes des trésoreries générales des dix régions du pays.
Au Minfi, les responsables n’osent pas évoquer la question ouvertement. Sous cape, ils indiquent que c’est la première fois qu’une mission d’une telle ampleur se déploie ainsi dans tous les démembrements de la direction générale du Trésor, y compris dans les départements.

Au Contrôle supérieur de l’Etat l’on confirme la présence effective d’inspecteurs et de contrôleurs d’Etat dans les trésoreries générales et les perceptions du pays, les responsables sont cependant sans mot sur les missions exactes des ces équipes qui, apprend-on, ont été renforcées du fait du volume des documents à éplucher.
«Quand on envoie une mission comme celle-là sur le terrain, rien ne filtre sur son cahier de charges ; à plus forte raison une mission qui pour la première fois, se déploie dans tous les démembrements de la direction générale du Trésor», explique un cadre du Contrôle supérieur de l’Etat. Sous anonymat, ce responsable indique néanmoins que le contrôle engagé depuis plus d’un mois, concerne les cinq derniers exercices budgétaires, à partir de 2004. «La durée de la mission est deux mois pour certains, et de trois mois pour d’autres», apprend-on.

Contrôle serré
Toujours est-il que selon des échanges entre ce département et le chef de l’Etat, c’est sur instruction de Paul Biya prenant pour prétexte les malversations dans certaines missions diplomatiques que la mission spéciale en cours a été diligentée. Ainsi, à la paierie générale de Yaoundé, l’équipe conduite par Marc Mendouga Alima, inspecteur d’Etat et par ailleurs secrétaire permanent du contrôle de discipline budgétaire et financier (Cdbf), va s’employer selon certaines indiscrétions, à établir la comptabilité des recettes de cette administration, et à ausculter les méthodes de décaissements des fonds vers les administrations publiques et les postes comptables du Trésor pendant deux mois.
«Ce n’est pas une simple mission de routine au vu de la taille des équipes de contrôle et surtout de la rallonge qu’elles ont obtenue dans le temps imparti à leur mission, et du renforcement des effectifs de départ», laisse échapper, laconiquement un inspecteur d’Etat.

Pour le reste du pays, des équipes sont déployées dans les villes de Ngaoundéré avec à leur tête Georges Edo’o pour ausculter la trésorerie générale. Mme Obiala passe au peigne fin les comptes de la trésorerie générale de Buea, Valentin Bayiha celle de Douala, tandis que Tagne Tozein inspecte les comptes des cinq derniers exercices de la trésorerie générale de Maroua. Des missions, avec la même feuille de route, se trouvent aussi à Nkongsamba, à Bafia ou encore à Garoua.
Cette mission de grande envergure vient à la suite de celle qui est allée aux Etats-Unis au courant du mois de juin avec pour objet d’inspecter et de contrôler l’ambassade du Cameroun à Washington et ses services connexes. L’on se souvient que la mission diplomatique du Cameroun au pays de l’Oncle Sam avait fait l’objet au mois de novembre 2009 de révélations sur des distractions de fonds.

Gabon Eco qui avait révélé le scandale, indiquait que près d’un milliard de Fcfa avaient disparu des caisses de l’ambassade. Ces révélations avaient été renforcées par le rapport d’une enquête menée par le commissaire divisionnaire Carson Ndongo Efemba auprès des services de cette mission diplomatique.
Le site d’informations indiquait aussi que François Ngoubene, inspecteur principal du Trésor, avait fait déloger le compte de l’ambassade du Cameroun de son adresse officielle vers une adresse privée dans l’Etat du Maryland. Renvoyé dans son administration par un décret du président de la République le 13 avril dernier, le percepteur avait, selon Gabon Eco, dépensé 200 millions de Fcfa pour l’achat de deux villas privées dans le Maryland, souscrit une police d’assurance au nom de sa famille et au sien pour 140 millions de Fcfa, et octroyé 11 millions de Fcfa à sa collaboratrice, non sans causer un préjudice de 200 millions de Fcfa à l’ambassade pour perception de double salaire perçue par l’une de ses assistantes.
A la fois employée comme personnel du ministère des Finances détachée à l’ambassade du Cameroun à Bruxelles, et comme personne recrutée sur place aux Etats-Unis donc. On lui reprochait aussi le flou sur la gestion de 325 millions de Fcfa de recettes appartenant à la section consulaire de l’ambassade. Pour l’heure, au ministère des Finances, l’on n’est pas encore informé de l’étendue définitive de ce contrôle qui prend fin au mois d’août prochain.


17/07/2010
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