Gouvernance : Ces directeurs généraux hors la loi

 

 

La loi du 22 décembre 1999 portant statut général des établissements publics et des entreprises du secteur public et parapublic se veut claire dans sa lettre et son esprit. Elle énonce en son article 47 que : « le directeur général, et s’il y a lieu, le directeur général adjoint, sont nommés à la majorité des deux (2/3) par le conseil d’administration sur proposition de l’actionnaire majoritaire ou unique, pour une durée de trois (3) ans renouvelable deux (2) fois ».  Soit une durée ne pouvant excéder neuf ans à la tête d’une entreprise publique. Une disposition qui semble avoir perdu tout sens aux yeux de celui qui l’a promulguée et qui est, en premier, chargé de la faire appliquer et respecter. Les conséquences de cette option sont généralement négatives pour le peuple camerounais lorsqu’on dénombre les directeurs généraux maintenus illégalement à leurs postes et incarcérés après avoir été déchargés (sur le tard) de leurs fonctions. Et ce n’est manifestement pas les rapports successifs de la Chambre des comptes de la Cour suprême qui stopperont la violation délibérée de la loi de 1999. En cinq tableaux (la liste n’est pas exhaustive), Mutations vous présente cinq patrons d’entreprises publiques dont la longévité au poste est telle qu’ils ont fini par se confondre aux logos des sociétés d’Etat dont ils ont la charge.

 

Adolphe Moudiki, ADG De la SNH : J’y suis, j’y reste
Il trône à la tête de la société nationale des hydrocarbures (SNH) depuis 1993. Soit 23 ans sans interruption dans la gestion du pétrole camerounais. Ressource ô combien stratégique dans l’équilibre économique et même politique du pays. Bien que physiquement diminué, l’homme reste un personnage clé du système Biya et garde une influence certaine dans le cercle des décisions importantes. Les acquisitions de l’avion présidentiel et du bateau «Rio del Rey» l’ont mis au-devant de la scène comme étant le principal fournisseur des devises pour les dépenses hors budget. C’est le même Adolphe Moudiki qui s'est opposé à la nomination de son plus proche collaborateur, Bernard Bayiha, à la tête du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic), dont la SNH est l'actionnaire majoritaire. Ceci malgré le décret présidentiel entérinant cette nomination souhaitée par le ministre des transports de l’époque, Robert Nkili. Sa requête arguant son souhait de garder Bernard Bayiha auprès de lui a finalement fait plier les autorités, qui ont fini par nommer, Alfred Forgwei Mbeng à la tête du Cnic.

 

David Nkoto Emane, DG De camtel : Le bon réseau
C’est le 24 février 2005 que David Nkoto Emane est porté à la tête de la Cameroon telecommunications (Camtel). 11 déjà. Ingénieur en informatique, c’est en 1990 qu’il arrive dans cette entreprise. Il y gravi tour à tour les échelons. Et après un bref séjour à la Caisse nationale de prévoyance sociale, il fait son come-back à Camtel pour prendre les rênes de la boîte. Chargé de la restructuration de l’entreprise, son nom fait son apparition dans des affaires au Contrôle supérieur de l’état (Consupe) et au tribunal criminel spécial. Un ramdam qui n’émeut pas outre mesure la très haute hiérarchie qui continue, malgré le caractère illégal de sa longévité, à le maintenir à la tête de la plus importante société publique de télécommunications d’Afrique centrale. Chargé aujourd’hui de l’un des plus gros chantiers des projets structurants, poser la fibre optique sur l’ensemble du territoire national, David Nkoto Emane doit aussi, et ce depuis quelques mois, cohabiter avec une mission du Consupe qui a décidé de passer sa gestion au crible.  

Michael Ndoping, DG De l’ONCC : La fève rare ?
C’est le 30 janvier 2006, plus de 10 ans aujourd’hui, que Michael Ndoping, inspecteur principal des impôts et ex chargé des missions à la présidence de la République, est installé comme directeur général de l’Office nationale du cacao et du café (ONCC). Il lui est assigné la mission de ramener de l’ordre dans le secteur libéralisé des cultures de rente (cacao et café), dont il devait aussi définir un plan de relance de la culture. Les exploitants du secteur, qui à chaque campagne nourrissent des griefs contre l’ONCC trouveront à coup sûr à redire. Toujours est-il que l’homme qui est à la tête de ce qui fut jadis la principale source de devises du Cameroun est presqu’invisible. Ces actions parlent sûrement pour lui et le défi de la relance de la production nationale au niveau de la fin des années 80 reste et demeure un vaste chantier. En un peu plus de 10 ans, le cacao et le café camerounais peinent toujours à retrouver leur qualité et leur saveur d’antan. Pour ce secteur qui passait avant celui du pétrole, il y a encore une trentaine d’années, en ce qui concerne l’apport au Pib, il est sans doute temps de revoir la politique et les hommes en charge de son application.

 

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Source: Camer.be 04 08 2016



04/08/2016
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