GILBERT SCHLICK OU L’INCARNATION DE LA JUSTICE EXEMPLAIRE.

GILBERT SCHLICK OU L’INCARNATION DE LA JUSTICE EXEMPLAIRE.

CAMEROUN : GILBERT SCHLICK OU L’INCARNATION DE LA JUSTICE EXEMPLAIRE.L’énoncé du verdict rendu par le tribunal de grande instance de Yaoundé acquittant Jean-Marie ATANGANA MEBARA et compagnie dans l’affaire les opposant au ministère public a fait l’effet d'un coup de théâtre  dans l’opinion publique. Au-delà des interrogations qu’il suscite sur  le sérieux et la pertinence des dossiers instruits par le parquet de Yaoundé via le contrôle supérieur de l’Etat, ce verdict a révélé une certaine indépendance de la justice camerounaise notamment dans un contexte qui avait vu condamner tous les mis en cause de l’opération épervier. S’il est interdit de commenter des décisions de justice (principe à revoir), il nous est permis de dresser le portrait d’un juge exemplaire, et à l’occurrence Gibert SCHLICK, le président du collège de juge dans l’affaire sus citée, et par ailleurs président du tribunal de grande instance de Yaoundé centre administratif.

La cinquantaine entamée, de taille et de corpulence moyenne, le teint très clair, Gilbert SCHLICK est un homme simple, discret, d’une sobriété qui n’a d’égal que son calme et sa courtoisie. « Je l’ai côtoyé pendant plus de deux ans lorsqu’il assurait le secrétariat de la commission des marchés du ministère de la justice sans imaginer qu’il fût magistrat, tout au plus un cadre d’appui, tellement il était humble. Vous imaginez toute ma surprise le jour où j’appris sa nomination comme président du tribunal de grande instance de Yaoundé centre » affirme un ancien observateur indépendant de la même commission des marchés.

Interrogé à son sujet, Me MBEN, un des ténors du barreau, ne cache pas son admiration, et dans une éloquente illustration nous confie que, de mémoire d’avocat, Gilbert SCHLICK est le seul magistrat dont les sentences provoquaient des standings ovations (acclamations) de tout l’auditoire, y compris de la part des mis en cause. De nombreux autres témoignages montrent que M. SCHLICK est un modèle de professionnalisme et de probité morale qui démarrait ses audiences à 8 heures, au grand dam de justiciables habitués aux audiences tardives, mais aussi un modèle de courtoisie qui va jusqu’à demander aux personnes âgées de choisir les horaires de leur future audience.

S’il est exagéré de dire que Gilbert Schlick est une exception dans l’univers de la justice camerounaise, il faut reconnaître qu’il est aujourd’hui l’une des figures représentative de ces magistrats de vocation pour lesquels la justice est une valeur suprême qu’ils entendent défendre courageusement, en leur âme et conscience. Dans le contexte moral camerounais d’aujourd’hui, il importe d’honorer de tels hommes, comme c’est d’ailleurs le cas sous d’autres cieux ; avec des magistrats comme Eva JOLY ou Renaud Van RUMBEKE en France, dont les actions sur des dossiers politiques ont été exemplaires de courage et de compétence.

Au moment où le président BIYA a placé son nouveau septennat sous le thème de la république exemplaire, il est nécessaire de reconnaitre et de promouvoir les valeurs et les hommes qui peuvent l’incarner dans chaque domaine. « La République exemplaire est une République de liberté, de tolérance et de civisme » dixit Paul BIYA.

Construire une république exemplaire ?

Pour construire les valeurs de la république exemplaire  il faut revenir à l’éducation de la jeunesse ; toutefois ce n’est pas par l’éducation civique à l’école que cela se fera, mais par la rééducation des adultes qui doivent opérer un changement radical de mentalité pour espérer transmettre des valeurs à leurs enfants. Ce ne sont pas les enfants qui ont changé, mais bel et bien les parents qui ont abandonné l’éducation reçue de leurs maîtres et parents. Une éducation traditionnelle ou religieuse dans laquelle le vol et  était  réprimé sans ménagement. A ce propos, Lao TSEU disait : « il ne faut pas exhiber les choses précieuses, ce serait pousser au vol»  Or l’ostentation et le snobisme sont la marque de fabrique des administrations publiques camerounaises malgré un contexte de crise et de pauvreté galopante. L’exhibition de richesses auxquels se livrent les agents publics, totalement intolérable en occident nous montre que nous sommes encore éloignés de la république exemplaire. Cela s’est illustré pendant la campagne présidentielle française en termes de sobriété de véhicules des candidats (y compris du président sortant). 

Des éléments biographiques de M. SCHLICK nous permettront d’entrevoir le chemin à suivre. Le père SCHLICK est un garagiste d’origine étrangère qui a éduqué ses enfants dans la discipline, le respect d’autrui et le travail bien fait. Ainsi, une fois les vacances arrivées, tous les enfants étaient automatiquement affectés au garage paternel où leur apprentissage de mécanique se faisait dans les règles de l’art. Et c’est certainement cela qui a inculqué à Gibert SCHLICK l’humilité, le sens des responsabilités, l’amour du travail bien fait et le respect d’autrui. Le mode d’éducation de notre  jeunesse en est fort éloignée, et il serait intéressant pour les élèves des écoles qui nous gouvernent d’effectuer leurs stages, non dans la haute administration où on les apprend à dominer et à parader, mais plutôt dans les métiers où l’on se retrousse les manches et où l’on est un humble serviteur car nous dit Jésus : « Que celui qui veut être le plus grand parmi vous soit aussi le serviteur de tous »

De l’avis même du président BIYA « … les comportements individuels ne sont pas toujours en harmonie avec la solidarité qui devrait être la marque d’une société démocratique. Trop souvent, l’intérêt personnel prend le pas sur l’intérêt général. Cet état d’esprit est à l’origine de ces dérives sociales que sont la fraude, la corruption, voire la délinquance. » L’état des lieux est préoccupant et si la tâche peut paraître fastidieuse, elle n’est pas insurmontable; et c’est encore Paul BIYA qui nous livre la solution: «  N’ayons  pas  peur ….  Tout  dépend  de  nous,  de  notre détermination à servir notre pays. ». Oui, ce pays a besoin d’hommes et de femmes courageux, intègres et compétents à l’image de Gibert SCHLICK dont l’attitude tout au long de ce procès a fait honneur au serment des magistrats : « Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire en tout comme un digne et loyal magistrat ».
Chapeau bas M. SCHLICK !

© Correspondance de : BIDJOCKA Francis


15/05/2012
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