Gestion de la Cbc: Guerre de chiffres entre la Cobac et Yves Michel Fotso

YAOUNDÉ - 07 Juin 2012
© Brice R. Mbodiam | Mutations

La mise de la banque sous administration provisoire a été guidée par certaines données statistiques que l’ancien Pca conteste.

Combien Yves Michel Fotso, ancien président du conseil d’administration et actionnaire majoritaire de la Commercial Bank of Cameroon (Cbc), ainsi que les entreprises dans lesquelles ce dernier a des prises d’intérêts; doivent-ils finalement à cette banque mise sous administration provisoire en 2009 par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac)? C’est la question que l’on est fondé à se poser à la lecture de la mise au point des avocats du fils du milliardaire de Bandjoun, récemment publiée dans la presse. Tellement les chiffres présentés par M. Fotso comme étant ceux de la Cbc elle-même et les statistiques présentées par la Cobac sont contradictoires.

Tenez par exemple, à en croire la mise au point sus mentionnée, les créances portées par les entreprises du groupe Fotso (à ne pas confondre avec le groupe Fotso Victor, le père de l’autre) ou par Yves Michel Fotso à titre personnel, selon le rapport de la Cobac, représentent 49% des créances considérées comme «douteuses», soit un total de 6,2 milliards de Fcfa. A contrario, indiquent les avocats de l’actionnaire majoritaire de la Cbc, selon les chiffres de la banque elle-même, ces créances mises sur le compte des sociétés dans lesquelles M. Fotso détient des actions sont d’un montant de 2,6 milliards de Fcfa (un écart de près de 4 milliards de Fcfa), soit 4,2% seulement des créances jugées «douteuses» par la Cobac.

Ces dettes «directement ou indirectement portées par le groupe Fotso», apprend-on encore, sont remontées «au 31 décembre 2010 à 3,3 milliards de Fcfa, représentants 5,7%» des 64,1 milliards de Fcfa des créances jugées douteuses et susceptibles, selon la Cobac, «d’entraver le rétablissement des conditions normales d’exploitation» de la banque. Même avec cette précision, l’on est toujours très loin des 6,2 milliards de Fcfa mis à l’actif de M. Fotso et les entreprises dont il détient totalement ou partiellement les parts. Mais, comment peut-on expliquer ces différences abyssales sur des chiffres sensées provenir de la même banque? A en croire les avocats de l’actionnaire majoritaire de la Cbc, la Cobac, le gendarme du secteur bancaire dans la zone Cemac, a mis entièrement sur le compte de M. Fotso, des créances portées par des entreprises dont il n’est que partiellement actionnaire ou alors pas du tout actionnaire.

Ainsi par exemple, souligne la mise au point récemment publiée par la presse, sur la liste des «créances douteuses portées sur les actionnaires et/ou susceptibles d’entraver le rétablissement des conditions normales d’exploitation», selon la Cobac ; l’on retrouve des créanciers tels que l’archidiocèse de Yaoundé (3,1 milliards de Fcfa), la société ingénierie forestière appartenant au fils du chef de l’Etat (2,3 milliards de Fcfa), Air Leasing (1,1 milliard de Fcfa), la Sfc (7 milliards de Fcfa), Fcp (7,2 milliards de Fcfa), Prodicam (3,3 milliards de Fcfa), Camer Holding Company (5,6 milliards de Fcfa), Abattoirs modernes et industriels (3 milliards de Fcfa)… Autant d’entreprises dans lesquelles l’ex-Pca de la Cbc dit n’avoir aucune prise d’intérêts. Ce que semble lui contester la Cobac.


07/06/2012
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