Gestion biométrique des élections au Cameroun

Gestion biométrique des élections au Cameroun

Gestion biométrique des élections au CamerounDepuis l’annonce de l’introduction de la biométrie dans la gestion des élections au Cameroun, les médias nous apprennent bien de choses : d’abord des missions d’ELECAM, l’organe en charge des élections au Cameroun, ont sillonné le monde, se rendant entre autres en Afrique du Sud. Elles ont visité les différentes entreprises de production de systèmes biométriques, ont pris connaissance de plusieurs applications, se sont imprégnées de cette technologie. Nous ne savons si ces missions ont permis à nos missionnaires de maîtriser les choses, mais nous avons appris par la suite, toujours par les médias, que cinq sociétés avaient été retenues suite aux missions exploratoires, pour intégrer la short list.

La semaine dernière nous avons été informés que les firmes présélectionnées devaient être évaluées et en fin de semaine, l’heureux bénéficiaire devrait être connu. Nous avons été déçus de constater que le vendredi 30 Mars ce dernier n’était pas toujours connu.

Finalement la gestion biométrique des élections au Cameroun est comme la Sibérie : tout le monde en parle mais personne n’y va. En effet, que d’encres et de salives ont coulé ces dernières semaines sur la biométrie ! Mais plus on en parle, plus les choses s’obscurcissent. Le Camerounais moyen voire l’homme de la rue, est convaincu que cette technologie va améliorer le fonctionnement du système électoral : Pourquoi et comment ? Mystère…
Les partis politiques d’opposition en font leur cheval de bataille : ELECAM doit se mettre à l’heure de la biométrie, mais ils seraient en peine de donner un contenu précis à leur revendication.

Du côté d’ELECAM, des électeurs, des députés, des partis d’opposition et autres associations, on dirait que la biométrie est là, mais personne ne la voit. On est presque tenté de se poser la question : Qui a intérêt à nous empêcher de voir clair dans la biométrie ?
En examinant sérieusement le déploiement du projet biométrie depuis son lancement, nous sommes quand même surpris par quelques bizarreries :
Le déficit de communication sur le sujet est criard, les citoyens se perdent en conjectures : on sait vaguement que c’est une technologie informatique, c’est insuffisant ; les citoyens doivent savoir ce que cette technologie apporte comme plus value à la gestion des libertés individuelles : Quels sont les avantages et les inconvénients de cette technologie ?

Sur un sujet aussi vital, les camerounais ont le droit de savoir et le devoir d’ELECAM  a le devoir de nous informer. Ont-ils seulement élaboré une stratégie de communication mise en œuvre par un plan de communication sur le sujet ? Ou plutôt ils ont fait comme d’habitude, appel à la CRTV, la SOPECAM et quelques médias triés sur le volet, pour nous inonder de messages très souvent inopportuns ?

Nous savons que tout projet sérieux, pour se mettre à l’abri des surprises, commence par une étude et justement, où est passé l’étude de faisabilité du projet de gestion biométrique ? A tous ceux à qui nous avons posé cette question, embarras  général et aucune réponse. Quand on sait que c’est l’étude de faisabilité qui détermine les fonctionnalités du système biométrique, le chronogramme, les ressources humaines, les ressources financières et la technologie, on a de la peine à imaginer qu’un projet aussi déterminant pour l’avenir politique du Cameroun puisse se déployer sans cet outil.

L’étude de faisabilité permet de mieux maîtriser le problème à résoudre et surtout de clarifier le déroulement du projet, plus prosaïquement, l’étude de faisabilité quand elle est bien faite, permet de solutionner sur mesure. La méthode qui consiste à visiter les solutions des sociétés de services biométriques brille par son archaïsme : Est-ce que les concepteurs de systèmes biométriques de ces sociétés ont pensé à la situation spécifique du Cameroun lors de la mise au point de leur produit ? La situation que présente la gestion biométrique au Cameroun peut-elle se satisfaire de solutions passe-partout ?

Enfin, l’étude de faisabilité est un outil de gouvernance en ce sens qu’elle permet l’interaction entre les acteurs du projet et les concernés qui sont plus informés et peuvent même obtenir plus d’informations sur le site du projet par exemple, voire exprimer leurs préoccupations.
Pour conclure, nous n’avons pas vu les termes de référence de ce projet au cas où l’étude de faisabilité serait classée  confidentiel. Le déficit de communication sur un projet aussi déterminant ne s’explique pas !! Que veulent en réalité ceux en charge de ce projet ?

Le projet de gestion biométrique des élections est déterminant pour le système politique camerounais : Il vaut mieux une bonne gestion dans la transparence et la participation des citoyens, qu’un système boiteux qui va générer des dysfonctionnements nuisibles à la bonne marche de notre démocratie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire !!!!

© Correspondance de : Hermann NJIPGANG


05/04/2012
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