"Gbagbo n'a pas l'intention d'abdiquer"

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"Gbagbo n'a pas l'intention d'abdiquer"
(L'Express 01/04/2011)


Abidjan est en proie depuis deux jours à de violents combats entre les partisans d'Alassane Ouattara et ceux de Laurent Gbagbo.

Les forces d'Alassane Ouattara se battent dans Abidjan pour tenter de prendre contrôle du palais présidentiel. Les heures de Laurent Gbagbo semblent comptées.

Au cinquième jour d'une offensive-éclair, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), favorables à Alassane Ouattarra ont pris le contrôle de la grande majorité du pays. Elles sont entrées dans la nuit ce jeudi dans la capitale économique Abidjan, et cherchent désormais à s'emparer du palais présidentiel et de la résidence de Laurent Gbagbo, où ce dernier, au bord de la défaite après quatre mois d'une sanglante crise post-électorale, se trouvait en principe.

Un diplomate occidental a souligné que "l'avancée des forces de Ouattara avait été étonnamment rapide". "Les 50 000 policiers et gendarmes armés ont tous quitté Gbagbo. Il n'y a que les forces spéciales de la Garde républicaine et les Cecos (commandos de forces spéciales)" qui restent, a expliqué le chef de l'ONU en Côte d'Ivoire, Choi Young-jin sur France-Info.

L'ONU inquiète de violations des droits par les deux camps

L'ONU a indiqué craindre des "graves violations des droits de l'homme" commises par , en particulier dans l'ouest du pays. "Nous disposons d'informations non confirmées faisant état de graves violations des droits de l'homme commises par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, les forces pro-Ouattarra", a déclaré aux médias le porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville. Ces violences auraient été enregistrées "en particulier dans les régions de Guiglo, Daloa à l'ouest."

Le porte-parole du Haut commissariat a appellé les forces en présence en Côte d'Ivoire à la "retenue extrême", expliquant que les forces qui soutiennent Laurent Gbagbo continuent d'enfreindre les droits de l'homme. "Il y a eu un nombre d'informations durant la semaine -- deux civils auraient été brûlés vifs par des miliciens pro-Gbagbo à Gagnoa (centre-ouest), divers autres civils tués à Abobo", un quartier d'Abidjan théatre d'affrontements entre partisans des deux camps ces dernières semaines, a-t-il déploré.

Combats à l'arme lourde près de la résidence de Gbagbo

Un panache de fumée s'élevait vendredi matin près du palais présidentiel. Ce panache de fumée semblait provenir du secteur d'une esplanade conduisant au palais et est apparu juste après une forte détonation. Des hommes armés étaient visibles à proximité. Selon un habitant de Cocody, interrogé par l'AFP, "ça ressemble à l'assaut final".

Des combats à l'arme lourde se sont déroulés toute la nuit ce jeudi dans deux zones: près du palais présidentiel, symbole du pouvoir du président sortant, dans le quartier central du Plateau, et dans les environs de la résidence de Laurent Gbagbo dans le quartier de Cocody (nord), protégée principalement par des membres de la Garde républicaine, une unité d'élite fortement équipée.

"Trois poches de résistance pro-Gbagbo"

Selon le correspondant de France 24 en Côte d'Ivoire, "il y a encore trois poches de résistance dans Abidjan : le Plateau - quartier des grattes-ciels -, Cocody - quartier de la résidence de Laurent Gbagbo, et un quartier en contre-bas d'Adjamé."

Dans la ville, hérissée de barrages de jeunes pro-Gbagbo, la plupart des habitants ont préféré rester chez eux ce jeudi par crainte une bataille finale dans cette métropole d'au moins quatre millions d'habitants. Le gouvernement Ouattara avait décrété plus tard dans la soirée un couvre-feu à Abidjan jusqu'à dimanche, ainsi que la fermeture des frontières "jusqu'à nouvel ordre".

Prise de la Radio Télévision Ivoirienne

Vers minuit, le porte-parole du ministère de la Défense d'Alassane Ouattara, le capitaine Léon Kouakou Alla, a affirmé à l'AFP que ses forces avait pris le contrôle de la télévision d'Etat RTI.

"Nous nous sommes emparés de la RTI, les Forces républicaines sont à la RTI", a-t-il déclaré. Plusieurs habitants interrogés par l'AFP ont confirmé la coupure du signal.

Laurent Gbagbo n'a "pas l'intention d'abdiquer"

Le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo n'a "pas l'intention d'abdiquer ou de se rendre à un quelconque rebelle" et dénonce un "coup d'Etat" de son rival Alassane Ouattara, a déclaré vendredi à l'AFP son représentant en Europe, Toussaint Alain, joint à Paris. Quelques minutes plus tard, l'Union africaine a demandé à Laurent Gbagbo de céder immédiatement le pouvoir à Alassane Ouattara.

Comme on lui demandait où se trouve Laurent Gbagbo au moment où ses troupes d'élite livrent une bataille acharnée autour de sa résidence et de la présidence à Abidjan, Toussaint Alain a répondu: "Il est sur le territoire ivoirien. Je ne peux pas vous dire exactement où il se trouve".

"Nous savons que l'entourage de Gbagbo est pour une renonciation" mais "sa femme (Simone) semble s'y opposer", a déclaré un diplomate occidental, interrogé par l'AFP, jugeant que "les sanctions (contre Gbagbo) ont fait leur effet. Il n'a payé personne en fin de mois".

Le sort de Laurent Gbagbo, qui observe un silence total depuis plusieurs jours, reste un mystère, au lendemain de l'ultimatum que lui avait lancé le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, qui lui avait donné jusqu'à 19H00 jeudi soir pour se rendre. "S'il démissionne, c'est bien, sinon il sera traduit devant la justice internationale", a déclaré le Premier ministre.

La force Licorne accueille les ressortissants français et étrangers

Du côté des soldats de la force française Licorne (900 hommes), ils sont intervenus à la suite de pillages dans un quartier sud de la ville, habité par des ressortissants européens, notamment français, et qui abrite de nombreux commerces.

Depuis jeudi soir, quelque 150 ressortissants français et 350 étrangers d'autres nationalités ont été accueillis sur le camp de Port-Bouë des forces françaises à Abidjan, a-t-on appris ce vendredi auprès de l'état-major des armées à Paris. Parallèlement, une suédoise employée de l'ONU a été tuée à Abidjan, rapporte l'AFP ce vendredi.

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 01/04/2011 à 07:24, mis à jour à 12:45

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01/04/2011
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