Garoua: Mme Yao Aïssatou copieusement insultée par une militante Rdpc

YAOUNDÉ - 04 Juin 2012
© ABDOULKARIM HAMADOU | L'Oeil du Sahel

Le séminaire de formation du Rdpc a révélé des tensions dans la région du Nord

Le parti au pouvoir, le Rdpc, déjà englué dans «l'affaire Marafa», voulait un séminaire «normal». Question de montrer que le parti vaque tranquillement à ses occupations. Et voici que, c'est à Garoua, place forte de l'ancien ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la décentralisation, que le grabuge a lieu. Tout un symbole. Cet incident, à tout seigneur tout honneur, est à mettre à l'actif d'une dame: Hadja Haoua, militante de base du Rdpc et à ses heures perdues, présidente de l'Association camerounaise pour la paix.

Le samedi 02 juin 2012 à la permanence du Rdpc à Garoua, aux alentours de 11h, alors que Mme Yao Aïssatou, coordinatrice régionale du séminaire du Rdpc dans le Nord, avait à peine terminé la lecture de son propos liminaire pour situer le contexte dudit séminaire qu'elle demande la parole. «Lorsque Mme Yaou a terminé son discours d'ouverture, elle voulait que nous passions aux exposés et il y en avait trois. Mais avant, elle a demandé que ceux qui n'étaient pas concernés par cet aspect du programme sortent de la salle. Mme Haoua a sollicité la parole mais on ne pouvait pas la lui donner puisqu'il n'était pas question que des camarades posent des questions à ce moment-là. Elle n'a rien voulu entendre et a pris la parole d'autorité», explique un membre de la délégation du Rdpc.

Sur ces entrefaites, Mme Hadja Haoua suggère que l'exposé de Mme Yaou Aïssatou prononcé en français soit traduit en fulfuldé afin que toutes les personnes présentes saisissent la portée du message. L'émissaire du comité central, qui dit avoir reçu mandat de lire l'exposé et non de le traduire, oppose un refus catégorique. «Mme Yaou a indiqué par la suite que les séminaires devaient se poursuivre au niveau des sections et que c'est là-bas que les militants allaient approfondir les discussions», poursuit l'un des membres de la délégation du parti au pouvoir. Les militants, notamment ceux qui ont des difficultés avec la langue de Molière, ont déduit qu'on leur cachait des choses. Quoi? Allez savoir!

Mme Hadja Haoua, encouragée implicitement du regard par ces partisans silencieux, ne se laisse pas conter. Elle monte au filet. Tantôt en fulfuldé, tantôt en français, elle débite. «Le Rdpc est le parti de tout le monde. Comment comprendre que les lamibé, les lawanes et les autres militants ici présents puissent répercuter l'information auprès de la base sans que ceux-ci n'aient compris ce qui est dit», interroge-t-elle. D'autant plus que l'intitulé du séminaire, pompeusement dénommé «séminaire d'explication et de sensibilisation», ne prêtait nullement à confusion. Dans la salle, la tension monte. On entend plus que des éclats de voix. Déterminée, Mme Hadja Haoua ne lâche pas prise et continue de plus belle à égrener son chapelet des récriminations.

Youssoufa Daoua, président de la section Rdpc Bénoué centre 1, se lève pour visiblement se risquer à l'exercice de traduction. Devant le micro où il avait quelques minutes, auparavant pris la parole pour délivrer le discours de bienvenue, Youssoufa Daoua est incapable de prononcer le moindre mot tant le brouhaha est grand. Quelques noms fusent dans la salle: Marafa, Paul Biya et Mme Haman Adama.

Aïssatou Babba Gourine, présidente d'une sous-section Rdpc dans la Bénoué, assise juste à côté de Mme Hadja Haoua, décide de mettre un terme aux grossièretés proférées par sa voisine. Les deux femmes bagarrent. Comme au quartier! «Mme Aïssatou Babba Gourine est une amie à Mme Yaou. Elles sont d’ailleurs venues dans un même véhicule à ce séminaire. Donc, je pense qu'elle n'a pas supporté que l’honneur de son amie soit ainsi trainé dans la boue. Si je vous traduis les insultes de cette dame, en fulfuldé, à l'adresse de Mme Yaou, vous aurez la chair de poule», affirme Oumarou, un militant présent dans la salle. La police est intervenue et le séminaire a momentanément été suspendu le temps de ramener l'ordre. A la reprise, et contre toute attente, Mme Hadja Haoua s'est de nouveau retrouvée dans la salle. Nouvelle démarche pour l'expulser. Nouveau refus de sa part. C'est le lamido de Rey Bouba qui la fera plier. Mais avant, les insultes à l'endroit de Mme Yaou auront de nouveau chatouillé les oreilles des séminaristes. Dehors, elle lâche: «Nous sommes derrière le Rdpc à temps et à contre temps. Mais il faut qu'on nous dise la vérité sur ce qui se passe dans notre parti. On entend beaucoup des choses mais ceux qui se disent porte-parole du parti auprès des populations ne font que dans la langue de bois», indique-t-elle.

Contrairement à ce que certains ont eu à penser, son ras-le-bol n'a rien à voir avec «l'affaire Marafa». Et pour preuve, elle n'a pas hésité, dans ses diatribes à s'en prendre comme d'habitude à l'ex-Minatd pour sa "mauvaise gestion" du Hadj et à marteler que Mme Yaou est une de ses têtes de proue dans le parti. Seuls les membres de la famille Hayatou ont trouvé grâce à ses yeux: le lamido de Garoua Alim Hayatou et sa belle-sœur Pierrette Hayatou, épouse de l'ancien Premier ministre Sadou Hayatou.

Il faut dire que Mme Hadja Haoua n'est pas à sa première charge contre Mme Yaou Aïssatou. Cette proche de la belle-mère du chef de l'Etat ne loupe en effet aucune occasion pour embarrasser la présidente de l'Ofrdpc. Toujours est-il que pour beaucoup, son attitude traduit à suffisance la guerre des clans à Garoua depuis que le fauteuil de leader est vide. «Mme Haoua Hadja a manœuvré pour le compte de Hamidou Maurice, c'est un fait. Il veut être le nouveau leader du parti à Garoua depuis les ennuis de Marafa. Remarquez bien que Mme Haoua Adja a rappelé à haute voix que Mme Yaou est de Tchéboa et non de Garoua, et qu'à ce titre, elle n'a pas de légitimité. Donc, qu'elle cède la place», affirme un maire Rdpc de la Bénoué.




04/06/2012
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