Frustrations: Comment le Rdpc a nargué les milliardaires à l’Ouest - Njuimo Monthé, Wantou Siantou, Sylvestre Ngouchinghé, Dieudonné Bougné …tous recalés

DOUALA - 19 MARS 2013
© Guy Modeste DZUDIE | Le Messager

C’est la désolation totale chez les proches des magnats du monde des affaires. En dépit d’importantes sommes d’argent déboursées pour entretenir les réseaux et être à jour des cotisations, personne d’entre les milliardaires n’a été investie par le parti du flambeau pour les élections sénatoriales du 14 avril 2013.

Une grosse surprise ! Une grande déception ! La non investiture de Sylvestre Ngouchinghé, patron de la société Congelcam, comme candidat sur la liste du Rassemblement démocratique du peuple camerounais dans la région de l’Ouest, ne cesse de susciter des commentaires dans le département de la Mifi. Surtout que le 7 mars dernier, on a vu le milliardaire débourser en espèces sonnantes et trébuchantes environ 1 million 200 mille Fcfa pour régler ses cotisations sur plusieurs années comme militant du parti de Paul Biya dans la catégorie des operateurs économiques. Un versement autant surprenant qu’il s’effectuait pour la seconde fois pour des mêmes motifs. Car selon des sources dignes de foi, le fils de Bamougoum a cotisé à nouveau juste parce que les reçus des cotisations faites à l’avance au niveau de la trésorerie du Rdpc à Yaoundé étaient introuvables.

Les dépenses effectuées par l’homme d’affaires dans l’espoir de se faire investir ne se sont pas limités là. Des personnes présentes dans les couloirs de la maison du parti Rdpc de Bafoussam le jour du dépôt desdites listes font savoir que le milliardaire a saigné financièrement pour aider plusieurs de ses colistiers à régler des dépenses liées à la constitution de leurs dossiers de candidature. Des sources dignes de foi font savoir qu’un dignitaire de l’instance faitière du Rdpc, en séjour dans la région de l’Ouest le weekend dernier, a déclaré «que des gens se sont trompés en croyant que c’est l’argent qui fonde la qualité de militant du Rdpc», alors que pour Paul Biya, le président national et le secrétaire général du comité central du Rdpc, par ailleurs, patron administratif du parti au pouvoir, le militantisme s’évalue par « la fidélité, l’ancienneté et l’engagement constant et considérable pour la défense de la cause du parti » du 24 mars.

Autre magnat du monde des affaires déçu par la suite non favorable réservée à sa candidature à l’investiture pour les sénatoriales au sein du parti du flambeau c’est Claude Njuimo Monthé. Considéré comme membre de la short-liste, son nom aurait été biffé en dernière minute au profit de François Xavier Ngoubeyou, ancien ministre d’Etat chargé des Relations extérieures. Alors que ses proches au niveau du département du Haut-Nkam avaient déjà mobilisé des moyens logistiques afin que les conseillers municipaux, électeurs, soient aux petits soins. Wantou Siantou Lucien est lui aussi mécontent relativement à ces investitures. D’autant qu’en plus de sa casquette de milliardaire, il avait été fait super-président de toutes les sections du Rdpc dans ce département.

Dans le département de la Ménoua, la candidature à l’investiture d’un autre milliardaire n’a pas été retenue. Il s’agit de Dieudonné Bougné, patron du groupe Bocom. En dépit de loyaux services rendus au parti du flambeau, notamment des soutiens financiers aux sections de Wouri III à Douala et Menoua-Est à Penka-Michel, n’ont pas suffi, pour l’instant, à emporter la confiance des hiérarques du Rdpc.


Victor Fotso épingle des opportunistes

Autre magnat financier en disgrâce pour les sénatoriales, c’est Elie Tsaker Tsougouong, maire de Galim et opérateur économique de haut calibre à Douala. Sa candidature n’a pas été retenue. Idem pour son colistier, Sémé Noungoon, 1er adjoint au maire de Bana, industriel et hôtelier bien connu à Limbé. Pierre Meli, ingénieur et promoteur d’une entreprise de Bâtiment et travaux publics ayant pignon sur rue à Yaoundé n’a pas été investi. Et pourtant ces derniers temps, sa cote de popularité a connu un pic dans son village natal à Bangang grâce à la chapelle qu’il a construite au profit des chrétiens catholiques de Benguela et dont l’inauguration a eu lieu fin janvier dernier. Dans le département de la Mifi, espérant réaliser son come-back politique via le Sénat, Samuel Wembé, ancien député et opérateur économique à Douala, a lui aussi essuyé un échec.

Faut-il cependant préciser que plusieurs candidats proposés par le milliardaire maire de Pete-Bandjoun, Victor Fotso (lui-même n’étant pas candidat), en l’occurrence le Fo’o Honoré Djomo Kamga de Bandjoun et le Fo’o Pokam Max de Baham, ont été investis. Ce qui conforte ce milliardaire dans ses positions. Il a voulu faire avec des hommes dont il ne doute point du militantisme au Rdpc et de la loyauté à Paul Biya. Car au lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 2004, il ne s’est point caché pour dénoncer ces militants « opportunistes » qui ont rejoint le Rdpc après la douloureuse épreuve des années de braise de 1990 à 1993. Et qui croient aujourd’hui qu’à force de FCfa, ils seront hissés aux premières loges de la chambre haute du parlement.

Guy Modeste DZUDIE


Focal: Des minorités sacrifiées

Dans la région de l’Ouest, la candidature à l’investiture d’Amadou Ahidjio, courtier d’assurance à Bafoussam et seul candidat peulh Fulani (communément appelé Bororo), n’a pas été retenue. Une contradiction avec les discours ambiants dans les milieux du Rdpc et la Constitution du 18 janvier 1996 qui parle de la protection des minorités et des populations autochtones. Comment se fera cette protection si ce n’est à travers leur représentation dans les instances telles le Sénat ? Cette représentation est autant opportune que dans la région de l’Ouest, les « Bororos » naguère éleveurs-nomades se sont sédentarisés et scolarisés au fil des ans. Que ce soit à Didango dans le département du Noun, à Bangangté dans le département du Ndé, à Bana dans le département du Haut-Nkam, à Galim dans le département des Bamboutos, à Tchada-Baleng dans le département de la Mifi, à Bangou dans le département des Hauts-plateaux, l’importance de la participation de la communauté Bororo à la vie sociale et économique n’est plus à démontrer…


La vallée de la Menchum marginalisée

Autre minorité sacrifiée pendant ces investitures, se sont les communautés de Batoufam, Bandrefam et Bangang-Fondji dans le département du Koung-Khi, n’ayant pas en commun le Ghola’a avec les originaires des groupements Bandjoun et Bayangam, les dignitaires politiques de ces minorités qui n’ont jamais été titularisés comme député ou maire dans cette unité administrative comptaient sur une investiture au sénat pour se rattraper. La candidature de Professeur Félicité Mbiapo Tchouanguep, cadre du Rdpc à Batoufam et ancien vice-recteur chargé de l’inspection à l’Université de Dschang, n’a pas retenue l’attention des patrons du Rdpc alors qu’elle pouvait bien représenter lesdites minorités, surtout que l’approche genre aurait pu jouer en sa faveur. Au sein du Rdpc, notons aussi que les candidats du Rdpc ont été défavorisés parce que le parti du flambeau y comptabilise seulement 05 conseillers municipaux dans la commune de Bafoussam IIIe. Le reste des sièges sont aux couleurs du Front social démocrate (Sdf en anglais). Les originaires de la vallée de la Menchum dans la région du Nord-Ouest manifeste des complaintes similaires. Depuis des lustres, des fils de cette localité ne sont pas portés à des responsabilités importantes dans le département de la Menchum. Ils escomptaient une investiture à ces élections sénatoriales pour se rattraper. Mais ils ont été une fois de plus oubliés. Et ça choque ! Du fait que la commune de Benakuma qui correspond à cette aire sociologique se trouve entièrement aux couleurs du Rdpc avec 23 conseillers municipaux habilités à voter le 14 avril prochain.

G.M.D


19/03/2013
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