Francis Kwa Moutomè " j’ai des angoisses pour cette jeunesse pour laquelle globalement les aînés ne sont pas de bons modèles"

Francis Kwa Moutomè " j’ai des angoisses pour cette jeunesse pour laquelle globalement les aînés ne sont pas de bons modèles"

Francis Moutome:Camer.beIl s’appelle M. Francis Kwa Moutomè, il est un ancien prisonnier politique camerounais. Agé aujourd’hui de  73 ans, il vit au Cameroun, sa terre natale.Il est l'actuel président national de la Commission des affaires étrangères de l’AFP. De passage en France où il a vécu et a travaillé pendant de nombreuses années, nous lui avons tendu notre micro et avec joie, il a accepté de parcourir avec nous son passé estudiantin, son militantisme politique,l’actualité nationale et internationale. Selon lui, un retraité n’attend pas que sa mort, n’en déplaise à nos dirigeants qui, recréant un règne de gérontocratie, entendent s’accrocher au pouvoir.

Bonjour Monsieur Kwa Moutomè, merci de recevoir l'équipe de Camer.be. Pouvez-vous vous présenter à l'intention de nos lecteurs ?

Je m’appelle Francis Kwa Moutomè. J’ai 73 ans (quand même !) en mars de cette année 2011. J’ai poursuivi des études de comptabilité et gestion, assorties d’un certificat supérieur d’économie et ai fait prévaloir mes droits à la retraite anticipée en 1998. J’ai terminé ma carrière professionnelle comme contrôleur de gestion dans une multinationale en France. Mais avant d’avoir pris ma retraite, je suis rentré au Cameroun et me suis engagé dans le combat politique ponctué par l’ « affaire Yondo Black et autres », qui a défrayé la chronique politico judiciaire, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Cameroun, en tant que catalyseur du retour au multipartisme dans notre pays. Les mis en cause, que nous étions dans cette affaire, ont été jetés en prison. A l’issue de cette détention, j’ai activement participé à la création et au fonctionnement de la Coordination des Partis politiques et des Associations. En 1996, j’ai été élu maire adjoint SDF d’arrondissement et ai fini mon mandat comme maire par intérim, à la suite de nombreux malheurs (maladies et décès) dont ont été victimes mes collègues maires. Ayant démissionné du SDF, je suis actuellement président national de la Commission des affaires étrangères de l’AFP( Alliance des Forces Progressistes, ndlr). Je suis marié, père de quatre enfants et grand-père de deux petits-enfants.

Parlant justement de vos études, pouvez-vous nous entretenir un tout petit peu sur votre vie estudiantine de l’époque ?

Mon grand-père était de culture allemande et a appartenu à cette élite dont s’est servie les Français au début de la tutelle du Cameroun à eux confiée. Il a ainsi pu permettre à ses enfants de continuer des études qui étaient considérées comme supérieures à l’époque. Mon père était un ancien de l'École supérieure et son frère cadet, médecin africain. Bien qu’issu de cette petite bourgeoisie camerounaise, j’ai fait partie de la vague post-coloniale des étudiants camerounais en France. La première vague était ceux des étudiants boursiers ou envoyés par des parents nantis (fonctionnaires, cultivateurs ou commerçants). Notre contingent, étalé dans le temps comme la précédente, bien entendu, va être également composé de boursiers, d’enfants de parents nantis, mais aussi de jeunes sans débouchés dans le territoire national camerounais, cependant épris d’une farouche volonté de réussite sociale. Si la première vague a connu un âge qu’on qualifierait d’or en matière d’accueil et de considération, la nôtre, dans la même optique, est en droit de revendiquer l’âge d’argent, tant la situation s’est considérablement dégradée aujourd’hui pour tous les immigrés, étudiants ou travailleurs, clandestins ou Africains entrés régulièrement en France. La plupart des étudiants de la vague post-coloniale vaquaient à leurs études dans la journée, tout en se pourvoyant si le besoin se faisait sentir, d’un « job d’étudiant » pour la nuit. Personnellement, j’ai alterné ma formation d’abord de jour, dans une École tenue par l’Association des Comptables de France, ensuite de nuit au CNAM. J’ajouterai que ces périodes ont correspondu à celle du vent de revendication des indépendances qui a vu naître une littérature engagée dont je citerai pêle-mêle les auteurs : Franz Fanon, Amidou Hampaté Bâ, Birago Diop, Elolongué Epanya Yondo, Edouard Glissant, l’égyptologue Cheikh Anta Diop, Alioune Diop, Damas, l’école de la négritude représentée par Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, j’en oublie… Tout ce monde était épaulé ou assisté par des écrivains et philosophes français, je pense en particulier à Jean-Paul Sartre, une bonne partie de la gauche française, des éditeurs tels que Présence Africaine ou François Maspéro. Le Quartier latin avec notamment Saint-Germain-des-Prés, ses restaurants universitaires, ses rues, ses deux grands boulevards, ses librairies, ses cafés et ses boîtes de nuits, lieux de rencontres du monde estudiantin, bouillonnait de vie. C’est dans cette mouvance que naîtra l’UNEC. Ces courants révolutionnaires ont laissé une valeur résiduelle virulente qui se traduit encore parmi nous par un discours d’un anticolonialisme primaire et vicieux, dans la mesure où, quelque autocratiques qu’ils soient, nos leaders s’en servent comme arme en vilipendant le Blanc pour se faire porter en triomphe par leur peuple, alors que pour la plupart, soit ils s’accrochent aux bienfaits de l’avancée technologique de ce Blanc, soit ils vont nuitamment demander l’aide de celui-ci, en moins que ce ne soit les deux cas. Force est de reconnaître qu’en ce temps-là  il y avait un engouement exceptionnel dont les restes de l’idéalisme se perçoivent encore dans certains discours des nostalgiques de cette époque. D’autant que nous connaîtrons la révolte de mai 68

Selon vous, qu'est-ce qui explique les raisons qui ont poussé plusieurs compatriotes à rester en Occident ?

A mon avis il y a deux principales raisons à cela. D’abord la répression dont nos dirigeants se sont fait des maîtres. Il fallait se soumettre, comme l’a fait François Sengat Kuo et tant d’autres, ou… s’exiler. Ensuite le manque d’ouverture et l’inadéquation dus, soit à la non création par nos dirigeants de nouveaux postes, soit à l’orientation non adaptée à notre situation, voulue ou subie, de nos étudiants. Cette situation perdure, malheureusement.

Comment peut-on expliquer que cette situation perdure ? En tant que homme politique, que pouvez-vous proposer ?

Notre système éducatif est à revoir de fond en comble afin de l’adapter à nos besoins, au lieu de clochardiser nos dignes enfants que sont les avocats, pharmaciens, médecins, huissiers voire notaires, etc., des professions libérales et former de manière pléthorique des jeunes dans les carrières du secteur tertiaire. Nos besoins sont immenses dans des secteurs à forte valeur ajoutée créateurs de richesses qui nous assureraient un développement durable. Cette adaptation passe par deux voies : la formation endogène et exogène de formateurs et de cadres dans les secteurs primaires et secondaires de notre économie. Cela implique de revisiter notre coopération. L'Africain laisse l’impression de ne vraiment pas chercher à se libérer, comme il aime à le revendiquer dans ses pleurs sempiternels, mais de chercher à changer de dominateur. On est dominé de gré ou de force, et dans les deux cas, le résultat est le même. Cela suppose qu’on a des faiblesses. Par conséquent, se libérer implique par un premier temps de jouer de ruse pour voler à son maître ses forces et par un deuxième temps pour lui prouver que l’élève peut dépasser le maître. C’est ce que font les Asiatiques qui, bien qu’ayant subi comme nous la domination des Occidentaux, ont aussi su garder leurs cultures et ne se lamentent nullement sur leur sort, mais avancent. Le Japon a tout de même été victime de deux lâchers de bombe atomique et s’est relevé de cette situation avec des capitaux de ses bourreaux américains, pour ensuite damer le pion à ces derniers, économiquement et technologiquement parlant. 

Actuellement que vous êtes en retraire, comment occupez-vous vos heures ?

Je lis, j’écris et j’entretiens mon engagement politique. Un retraité n’attend pas que sa mort, n’en déplaise à nos dirigeants qui recréant un règne de gérontocratie, entendent s’accrocher au pouvoir, puisque n’importe comment il va bien falloir que chacun de nous meure un jour ou l’autre. On peut oublier, sauf de mourir !

Que faîtes-vous actuellement, concrètement sur la scène politique ?

Ah ça, je ne me tourne pas les pousses ! Comme on a l’habitude de le dire, la lutte continue ! Comme en mai 68 ! Comme pendant les années de braises au Cameroun ! J’ai une intense activité politique en ce sens que quand je suis à Douala, la majeure partie des réunions de travail de l’AFP se tiennent chez moi. Et je vous l’ai dit, je suis président national de la Commission des affaires étrangères.

Quel appel à la jeunesse africaine ?

A vrai dire, j’ai des angoisses pour cette jeunesse pour laquelle globalement les aînés ne sont pas de bons modèles. Que puis-je lui dire d’autre que de la stimuler à persister dans la lutte. C’est le lot de toutes les jeunesses du monde, passées et à venir. Aucun peuple ne s’est restructuré en une seule génération mais après des centenaires. Il ne faut donc pas qu’elle se décourage, mais qu’elle soit vigilante, qu’elle tourne son regard vers les récents événements de la Tunisie et de l'Égypte et leurs accents révolutionnaires qui doivent la nourrir d’espoir, si elle veut s’approprier son destin.

La pression de la rue est en train de contraindre les dirigeants d’Afrique du Nord à l’abandon du pouvoir. Quelle est votre réaction, surtout lorsqu’on sait qu’en Tunisie et en Égypte, les dirigeants de ces deux pays ont passé plusieurs années au pouvoir ?

Je dirais, par transposition d’une pensée d’Abraham Lincoln, qu’on peut penser pouvoir tyranniser une bonne partie d’un peuple tout le temps, car, on peut tyranniser tout ce peuple une bonne partie du temps, mais on ne pourra jamais tyranniser tout ce peuple tout le temps. Tous les autocrates, tous les tyrans finissent toujours par connaître le soulèvement de tout ou grande partie de leur peuple, à moins, avant ce soulèvement, d’être emportés par la mort qui n’épargne personne. En relisant l’Histoire, le peuple arabe paraît être plus passionné, plus ambitieux et plus audacieux que le peuple noir. Nous pensons à ses conquêtes situées surtout au Moyen-âge et à l’islamisme des temps modernes, en passant par son esclavagisme débuté avant celui des Occidentaux et dont les exactions se sont manifestées au-delà de ses terres, ainsi qu’à ses luttes, notamment du début jusqu’au milieu des années 50, pour sa propre libération de la colonisation. On pourrait même s’étonner qu’en matière de totalitarisme, il semble avoir subi plus longtemps que nous, la prédation de ses propres dirigeants. On est cependant en droit d’imaginer que globalement, hormis l’Egypte antique et deux ou trois empires nègres plus tard, à l’échelon de vastes nations, il a eu comme dirigeants ses propres enfants, plus anciennement que nous, d’où ce réveil qui devance le nôtre. Aujourd’hui, c’est tout le monde arabe qui est en ébullition. Qui l’eut cru, il y a seulement… l’année dernière ?      

Est-il possible de craindre une contamination au niveau de l’Afrique subsaharienne ?

Cette flambée révolutionnaire est prémonitoire en tant qu’elle n’est pas sans rappeler la période, débutée en 1988/90, qui a couvert la Glasnost en Union soviétique, avec la chute du Mur de Berlin et l’éclatement du Bloc de l’Est. C’est au court de cette période, en 1989/90, que ce vent de l’Est semble avoir soufflé en Afrique subsaharienne, avec la libération de Nelson Mandela après 27 ans d’incarcération, l’ « affaire Yondo Black et autres » au Cameroun, l’effervescence et les conférences nationales un peu partout en Afrique Noire qui s’en sont suivies pour aboutir au retour généralisé du multipartisme. En ce sens donc, avec un peu de superstition prédisant l’aspect cyclique des événements en Afrique, de l’esclavage au néocolonialisme en passant par l’évangélisation, la colonisation et les indépendances, la révolution dans le monde arabe peut être précurseur des événements qui attendent l’Afrique subsaharienne.

Un petit mot sur la promesse du Chef de l'État camerounais du 11 février 2011 passé ?

J’avoue n’avoir pas suivi ni lu le discours de cette année du Chef de l'État, étant loin de mes bases. Néanmoins, je parierai que comme des gouttes d’eau, il ressemble, à peu de chose près, à ceux prononcés les années précédentes, depuis que la Fête de la Jeunesse est instituée au Cameroun. Un discours de circonstance qui n’est jamais suivi d’effets, j’entends par là de faits dans le concret, n’intéresse personne. Nous répéter tous les ans que la jeunesse est le fer de lance de la nation et en faire des chômeurs chaque année davantage, revient à rouiller le fer de cette lance. Par conséquent, ce discours est sans objet.

Ceux parmi les jeunes qui travaillent, gagnent 50 à 80 000 FCFA par mois et n'arrivent pas à joindre les deux bouts à la fin du mois, est-ce leur prix à payer pour construire le Cameroun ?

Un des problèmes liés au sous-développement est qu’en Afrique, et le Cameroun ne fait pas exception, on occupe un poste pour avoir un emploi et non pour travailler. Travaillons, prenons de la peine, c’est le fond qui manque le moins ! Les petits salaires ne sont pas forcément un prix à payer, si l’on ose s’exprimer ainsi. Mais disons que le partage de la richesse nationale est inique. D’un côté, il est observé qu’actuellement, 50 à 60% du budget de l'État camerounais sont détournés d’une manière ou d’une autre. Quand on y adjoint l’énorme faussé qu’il y a entre les salaires les plus élevés et ceux les plus bas, qu’à cette situation il faut ajouter la corruption généralisée, la myriade de gens de l’économie informelle (70% des agents économiques, au Cameroun, tous secteurs confondus) qui vivent d’expédients, cela fait beaucoup. C’est autant de choses qu’il faut identifier de manière pointue afin d’élaborer un programme intégrant un plan à moyen et à long termes d’un développement durable qui assurerait un mieux être pour tous. En y parvenant et en l’expliquant aux jeunes tout en leur apprenant à avoir, non seulement le goût du travail, mais la satisfaction du travail bien fait, ils comprendront et payeront le prix qu’il faut pour une juste et équitable rétribution.

Un dernier mot à l’endroit des Africains et surtout à l’endroit des peuples frères de Tunisie, d'Égypte et de Côte-d’Ivoire.

Je les exhorterais à distinguer d’un côté le problème de la Tunisie et de l'Égypte et de l’autre, celui de la Côte-d’Ivoire. Pour la Tunisie et l'Égypte, il s’agit d’un exemple de révolution à suivre qui, incontestablement, emporte l’adhésion de tous les Africains. Pour la Côte-d’Ivoire, il y a ceux des Africains qui considèrent Laurent Gbagbo comme un anti-impérialiste à la Patrice Lumumba ou à la Thomas Sankara, et d’autres comme un anti-démocrate. En ce qui me concerne, j’appartiens au deuxième groupe. Je ne reviendrai pas sur ce Laurent Gbagbo qui déclare être « un socialiste non pratiquant », ni à celui qui de jour s’affiche comme un pourfendeur des Blancs en général et des Français en particulier et qui de nuit, signe des contrats juteux avec eux ou se fait défendre par eux.  Je ne reviendrai pas non plus sur l’historique qui a fait s’écrier le Général Guéi : « Mais, qu’est-ce que c’est que ce président qui se transforme en boulanger », au point de valoir internationalement à Laurent Gbagbo le surnom de « boulanger d’Abidjan ». Laurent Gbagbo est resté au pouvoir cinq ans supplémentaires, soit tout un mandat entier sans élection, dans une Afrique qui a faim de démocratie. A l’issue de ces cinq ans, il organise, - je dis bien qu’il organise, car même avec une commission indépendante, il demeure un pouvoir d’Etat qui coiffe tout ! – il organise disais-je, l’élection présidentielle. Au cours de cette organisation il remet en cause des listes électorales qu’on finit par revoir à partir de ses revendications, si ce n’est de ses injonctions, pour ensuite contester le président de la commission indépendante qu’il fait remplacer. Et après l’élection, d’autorité, la Cour constitutionnelle annule purement et simplement les résultats de sept départements défavorables à Laurent Gbagbo. Ces constations appellent deux réflexions. La première est que quand on connaît l’omnipotence de nos régimes, on imagine mal comment Laurent Gbagbo a pu être débordé au point de ne pas contrôler les fraudes et de ne même pas les dénoncer véhémentement après le scrutin. La force du pouvoir de nos régimes est telle que, malgré son isolement quasi mondial, Laurent Gbagbo est toujours au pouvoir. Ce qui veut dire que s’il savait qu’il ne pouvait pas contrôler cette élection, il n’y serait pas allé. La preuve : il est resté au pouvoir cinq années supplémentaires en roulant tout le monde dans la farine, y comprise la Communauté internationale, bref, en dictant sa loi. La deuxième réflexion est qu’aucune loi électorale dans le monde, même en Côte-d’Ivoire, ne permet d’annuler des résultats de circonscriptions électorales sans autoriser l’organisation de nouvelles élections dans les circonscriptions querellées. Pareille situation s’est présentée une seule fois au Niger avec Laminzana et s’est d’ailleurs terminée avec l’assassinat de ce dernier. Un démocrate digne de ce nom aurait donc donné l’exemple et demandé, en ouvrant l’œil, qu’on organise un nouveau scrutin dans lesdites circonscriptions.  Au demeurant, qu’en est-il des circonscriptions qui ont voté Gbagbo à 95% ? Je tiens à souligner que je suis profondément socialiste, partant, j’étais membre du Bureau national du SDF. A ce titre, en compagnie de ce Bureau, j’ai eu à déjeuner avec Laurent Gbagbo lors de son passage au Cameroun où nous l’avions invité avant qu’il ne soit président. J’ai par conséquent en aversion le libéralisme que représente Alassane Outtara. Oui, je suis de ceux que Laurent Gbagbo a déçus et nous sommes nombreux dans ce cas, même avec l’aspect populiste de ses rodomontades anti-impérialistes. Au peuple ivoirien, je dirais que malgré la forfaiture de la Cour constitutionnelle, les deux proclamations départagent les deux camps sensiblement à 50% chacun. La sagesse recommande donc à Laurent Gbagbo de passer la main, comme on lui a laissé un mandat entier sans élection. S’il est irremplaçable, il reviendra à coup sûr au pouvoir. Même sans être irremplaçable, Amadou Toumani Touré a été rappelé par son peuple.      

A suivre

© Camer.be : Interview réalisée par L. Seuleu


29/03/2011
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