France, Congo Brazza, Biens mal acquis : Me Jean-Pierre Versini-Campinchi serait-il un avocat du diable ?

France, Congo Brazza, Biens mal acquis : Me Jean-Pierre Versini-Campinchi serait-il un avocat du diable ?

Mabilemono:Camer.beNul doute que pour bon nombre de Congolais, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, l’avocat Corse du dictateur corrompu congolais, Denis Sassou - Nguesso, dans l’affaire dite des Biens Mal Acquis (BMA) fait l’avocat du diable. En effet, parce qu’il défend l’indéfendable, dans cette affaire dite des BMA s’il est vrai que Me Jean-Pierre Versini-Campinchi peut légitimement se prévaloir de ne faire que son travail d’avocat, aux yeux des Congolais, qui veulent avant tout connaître toute la vérité sur l’origine des fonds et la traçabilité des transactions financières très opaques qui ont permis à Denis Sassou-Nguesso et son entourage d’acquérir un empire immobilier en France, ce dernier n’est qu’un mafieux Corse qui use sans état d’âme de la surenchère en s’abritant derrière sa robe noire d’avocat pour soutirer un maximum d’argent (sale) à un dictateur corrompu. Et vu le montant exorbitant de ses honoraires, qui s’élèvent actuellement à 1 million d’euros (dont la moitié aurait déjà été versée), comment ne pas y croire ?

Aux yeux des Congolais qui cherchent à connaître la vérité sur leur spoliation par le clan au pouvoir et leurs proches, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi n’est donc qu’un affairiste, un homme égoïste qui ne s’embarrasse nullement de la morale et qui ne pense qu’à ses propres intérêts. Il veut par pur opportunisme se faire un maximum d’argent dans cette affaire des BMA en tentant de priver les Congolais de ce qu'ils ne peuvent pas obtenir sur leur sol, c'est-à-dire l'identification de ceux qui, par les détournements massifs d'argent public opérés, contribuent leur appauvrissement.
 
Chose surprenante, alors que son dictateur de client, Denis Sassou-Nguesso, peu loquace sur cette affaire bien qu’il ait perdu son sommeil depuis la décision inédite de la Cour de cassation, s’emploie très discrètement à faire en sorte d’éviter une trop forte médiatisation notamment après la désignation des deux juges d’instruction, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi vient de faire une sortie médiatique tonitruante. Est-ce pour justifier ses honoraires exorbitants, qu’il vient de lancer cette pittoresque opération de communication en demandant l’arrêt de l’enquête en France sur le patrimoine de trois chefs d’Etat africains ? A moins qu’il ait voulu tout simplement faire comprendre aux courtisans et autres griots du « Cobra royal » qui aboient brillamment et inutilement à Brazzaville que le débat sur cette affaire a lieu à Paris et non à Brazzaville. 

Qu’à cela ne tienne, nous constatons cependant que cette fois, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi a changé sa stratégie de défense et ne parle plus des « relents de colonialisme ». En effet, dans un entretien à RFI, il a donné sa nouvelle ligne de défense en affirmant qu’«il n’y a aucun texte du Code pénal français qui permette de poursuivre l’hypothétique détournement de biens publics dans un pays étranger. Et vous pouvez poursuivre le recel, à condition que vous puissiez poursuivre le délit premier ».

Autrement dit, dès l’instant où il est impossible de juger, en France, un détournement de biens publics qui a lieu à l’étranger et commis par des étrangers, on ne peut pas juger le recel en France. Ainsi, a-t-il ajouté : « De mon point de vue, ce n’est juridiquement pas possible. Car le recel, bien qu’il soit un délit autonome, suppose qu’ait été établie l’existence d’un délit premier. Or on ne peut pas considérer, en France, juger, qu’il y a eu détournement de bien public espagnol, italien, tchèque, ou ce que vous voudrez ».

Mais de son coté, Me William Bourdon, avocat de l’ONG Transparency International France, n’est pas de cet avis. Bien au contraire. Pour ce dernier la jurisprudence française est tout à fait compétente en la matière. Selon Me William Bourdon, qui qualifie cette sortie médiatique de son confère, Me Versini-Campinchi, d’acte de communication : « C’est une vraie fable sur le plan juridique. Me Versini-Campinchi est, a priori, un bon juriste qui ne peut pas ignorer les termes de la Cour de cassation qui a cassé, sans renvoi, l’arrêt rendu précédemment en octobre 2009 par la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris. Les juges d’instruction étant désignés, il n’y a aucun moyen quel que soit l’embarras que cette instruction peut causer dans certains palais présidentiels africains, de stopper cette instruction. C’est une espèce d’acte de communication en direction de l’opinion publique congolaise, en direction de Brazzaville. C’est une manifestation d’agacement aussi de Sassou-Nguesso. Il n’y a pas de doute là-dessus ».

Me William Bourdon a également critiqué l’argument de Me Versini-Campinchi sur l’impossibilité de juger en France des détournements de biens publics commis à l’étranger par des étrangers en ces termes : « J’imagine que Me Versini-Campinchi a des codes sur son bureau. Donc, s’il a un code pénal, il suffit de lire deux ou trois arrêtés de la Cour de cassation qui ont rappelé, à plusieurs reprises, que la France est compétente pour juger des faits de recel commis en France, même si l’infraction-source, c'est-à-dire le vol de ressources publics en l’occurrence, est commis à l’étranger. Même si l’auteur de l’infraction source n’est pas forcement identifié ou identifiable ». (cf. RFI (15/12).

Le débat est donc lancé et le moins que l’on puisse dire c’est que la bataille s’annonce très difficile pour le dictateur congolais et ses avocats parisiens chèrement payés. Il leur sera de toute évidence très très difficile d’éviter le terrain médiatique comme l’espère le « Cobra royal ».  
 
Mais quoi qu’il en soit, pour notre part, nous espérons surtout que les deux juges d’instruction, Roger Le Loire et René Grouman, qui ont été désignés pour enquêter sur cette affaire des Biens Mal Acquis, ne se laisseront pas submerger par le poids des pressions qui viendront de toute part et seront tout aussi pugnaces et déterminés que l’avaient été leurs collègues, Eva Joly, Laurence Vichnievsky et Renaud Van Ruymbeke qui ont acquis une notoriété sans précédent à la faveur des poursuites engagées contre l’ancien ministre des affaires étrangères Roland Dumas dans l'un des volets de l'affaire ELF.

© Correspondance : Bienvenu MABILEMONO, S.G. du Mouvement pour l’Unité et le Développement du Congo (M.U.D.C.)


17/12/2010
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