France - Afrique : La France encourage la longévité au pouvoir en Afrique

France - Afrique : La France encourage la longévité au pouvoir en Afrique

Frace - Afrique : La France encourage la longévité au pouvoir en AfriqueLe 14 juillet 1789, Camille Desmolin, en furie, détruisait la bastille en France. Ce jour est devenu, le jour de la fête nationale française. Ce 14 juillet 2010 a été exceptionnel puisque, pour la première fois, des soldats venus d’Afrique ont participé au défilé militaire sur les champs Elysées à Paris. A cette occasion, la France a cru bon d’exprimer sa reconnaissance aux soldats des anciennes colonies qui ont combattu pour sa libération. Treize chefs d’Etats africains dont les pays célèbrent cette année le cinquantenaire de leurs indépendances ont été invités manifestations. Douze de ces chefs d’Etat y ont pris part; l’ ivoirien Laurent Gbagbo ayant décliné l’invitation.

Le 13 juillet déjà, Nicolas Sarkozy, le président français offre un déjeuner au palais de l’Elysée où, entre autres, il annonce le nivellement des pensions des anciens combattants africains comparativement à celles de leurs compagnons d’armes français. Ce qui retient notre attention au cours de ces cérémonies, c’est l’ordre protocolaire selon lequel les chefs d’Etat sont traités. Ainsi, le président du Cameroun, Paul Biya, est le dernier  à arriver au perron de l’Elysée. Il est le « doyen » des chefs d’Etat invités. Donc, à l’observance, le plus respecté. C’est sur la base de ce critère “démocratiquement” curieux qu'il parle au nom de ses pairs pendant le déjeuner. Les mêmes dispositions sont appliquées pour les épouses des chefs d’Etat.

Le lendemain, pendant le defile, Paul Biya, 28 ans au pouvoir, est assis juste à la droite de Nicolas Sarkozy. Juste à côté du Président camerounais se trouve le président Idriss Déby du Tchad qui cumule 20 ans de pouvoir. Après Idriss Déby, Abdoulaye Wade du Sénégal (10 ans), Faure Gnassingbé du Togo (5 ans), Yayi Boni du Bénin (3 ans) et Ali Bongo du Gabon (moins d’un an). Ce critère protocolaire nous a laissé perplexe. La France semble ainsi accorder une “prime à la longévité” au pouvoir. Toute chose en totale contradiction avec la tradition démocratique qui, à l’expérience, a rarement permis à un chef d’Etat de faire plus de deux mandats. L’un des piliers de la démocratie, c’est l’alternance au pouvoir. Par exemple, en 28 ans, sous la présidence Biya, la France a connu trois chef d’Etat à savoir, François Mitterand, Jacques Chirac et maintenant, Nicolas Sarkozy. L’alternance au sommet de l’Etat permet de renouveler la classe dirigeante et donc, d’expérimenter d’autres modes de gouvernance.

L’alternance renforce la confiance au sein les institutions. Dans son discours à Accra au Ghana, le président américain disait, et à juste titre, que “l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais des institutions forte”s. A voir la France faire, nous avons l’impression qu’elle ne veut pas d’une Afrique démocratique avec des institutions fortes. Le président Sarkozy tient de beaux discours. Cependant, le temps n’est plus aus discours, mais aux actes. En cautionnant cette longévité au pouvoir, il est clair que la France ne veut pas de l’émancipation de l’Afrique. Une Afrique forte, qui menacerait les intérêts de la France. A contrario, de l’autre côté de l’Atlantique, le président américain Barack Obama prépare une initiative originale. Il entend inviter des leaders de la Société civile africaine.

C’est un acte salutaire qui vient démontrer que l’Amérique d’Obama veut d’une Afrique où le pouvoir ne se concentre pas entre les mains des chefs d’Etat. Une Afrique où les forces sociales sont vigoureuses. Une Afrique où les groupes sociaux peuvent impulser le changement. Cela nous semble en accord parfait avec l’esprit démocratique. Le président Obama l'a d'ailleurs démontré en effectuant sa première visite sur le sol africain au Ghana. Un pays exemplaire en matière démocratique puisqu'il a organisé des élections jugées transparentes par une bonne partie de l'opinion nationale et internationale. Mieux encore, ce pays a connu deux alternances historiques en 29 ans.

Jerry Rawlings (1981-2001) a cédé le pouvoir à John Kuofor (2001-2009) qui a fait pareil en laissant son fauteuil à John Atta Mills (depuis 2009).. La démocratie et la bonne gouvernance sont si importants aux yeux du jeune président américain qu'il n'a pas jugé utile d'adresser une invitation officielle à Mwai Kibaki, président du Kenya (le pays de son père) à la crémonie de son investiture. Parce que Mwai Kibaki avait perdu les élections au Kenya face à l'opposant Raïla Odinga. Il est resté au pouvoir malgré la menace de guerre civile qui planait sur son pays. Malgré les milliers de morts qu'ont engendré les violences post-électorales. Voilà les actes que nous exigeons de la France. Nous ne voulons plus simplement des discours et des belles intentions. Mais, davantage des faits concrets qui traduisent l'amitié. Une vraie amitié, celle qui est régie par la sincérité et le respect des valeurs communes. Celle qui débouche sur un partenariat gagnant gagnant

© Emergence : MAGNUS BIAGA



27/07/2010
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