Football : Le Minsep fuit les problèmes

Cameroun - Football : Le Minsep fuit les problèmesAccusé «d’ingérence» dans les affaires internes de la fédération et menacé de suspension par la Fifa, Adoum Garoua demande à la Fécafoot de poursuivre le processus électoral.

Le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep), Adoum Garoua, a autorisé hier, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), à poursuivre son processus électoral entrepris il y a quelques semaines. Un revirement qui fait by Text-Enhance">suite à une menace de la Fédération camerounaise de football association (Fifa) de suspendre le Cameroun. Le 4 avril dernier, une lettre du Sg de la Fédération internationale de football association (Fifa) est venue rajouter au conflit latent Minsep-Fécafoot.

Dans cette correspondance, Jérôme Valke se plaint notamment «d’une ingérence [du Minsep, Ndlr] dans les affaires internes de la Fécafoot qui doit être seule à même de prendre de telles décisions conformément à ses statuts», écrit l’ancien journaliste (et proche de Mohammed Iya) ; non sans rappeler ce que prévoit les textes : «Les articles 13 et 17 des statuts de la Fifa exigent en effet des associations membres qu’elles gèrent leurs affaires de façon indépendante et sans l’ingérence d’aucun tiers, faute de quoi elles sont susceptibles d’être sanctionnées ». Une menace à peine voilée qui n’était pas sans rappeler celles faites au Cameroun par le passé, dans les mêmes  conditions, par l’instance faitière du football. Des intimidations très souvent instiguées par les responsables de Tsinga en mal de popularité.

Néanmoins, et ceci au vu des circonstances, le Sg de la Fifa avait demandé au président de la Fécafoot «de prendre contact avec les autorités concernées, et plus particulièrement le Ministre des Sports, pour leur faire part de la position de la Fifa et faire en sorte que la décision soit révoquée afin d’éviter une détérioration de la situation alors même que les Lions indomptables sont en pleine course pour la qualification à la prochaine coupe du monde de la Fifa 2014», conseillait-il, avant de finir par clairement menacer le gouvernement camerounais via le président de sa fédération.

«Nous vous saurons gré de bien vouloir nous tenir informés des démarches que vous aurez effectuées et de leurs résultats jusqu’au mardi 9 avril 2013 au plus tard. Faute d’éléments concrets prouvant la fin de l’ingérence ministérielle, nous nous verrions alors obligés de porter le cas à la connaissance des organes de la Fifa appropriés, pour de plus amples considérations», lâchait le Sg de la Fifa.

Menaces

Si la décision d’Adoum Garoua d’hier apaisera quelque peu la tension entre le Minsep et la Fécafoot, il n’en demeure pas moins qu’elle ne mettra pas un terme à la crise actuelle. Ceci au regard des dissensions observées au sein du Comité exécutif et du Comité d’urgence de la Fécafoot dont six des neuf membres ont effectué une sortie médiatique peu habituelle lundi dernier. John Begheni Ndeh (1er vice-président de la Fécafoot), David Mayebi (vice-président), Pierre Semengue (vice-président de la Fécafoot en sa qualité de président de la Lfp), Essomba Eyenga (Conseiller), Alioum Alhadji (conseiller), Félix Nguele Nguele (conseiller) affirment se désolidariser «de toutes démarche tendant à exacerber les tensions que connait actuellement la famille du football camerounais», écrivent-ils dans une lettre adressée ce même lundi-là au Secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valke.

Lesquelles tensions se sont traduites, «au mois de mars dernier, poursuivent-ils, par des bagarres impliquant des armes blanches et des armes à feu dans la région du Littoral, s’accentuent davantage avec la tenue clandestine des élections dans certains départements au mépris de la Loi», écrivent les signataires du courrier sus-évoqué réunis lundi, 08 avril dernier à Yaoundé. Face à ces dérapages, les autorités administratives avaient dû taper du poing sur la table en interdisant l’organisation de certaines élections départementales. Les six membres du Comité d’urgence sus-évoqués suggèrent donc «Compte tenu des dérives auxquelles nous assistons actuellement et qui sont de nature à menacer l’ordre public dans notre pays, […] qu’un dialogue soit établi avec les autorités gouvernementales ».

Lâchage ou simple démarcation ? «Notre position se justifie d’autant plus que le Comité d’urgence, organe de management de la fédération ne s’est réunie qu’une seule fois au cours des quatre dernières années [au lendemain de la Can de 2010, en Angola, Ndlr], ses membres étant réduits à s’informer à travers les médias lors des crises récurrentes qu’à connues notre football ces dernières années », peut-on lire dans le courrier adressé au Sg de la Fifa. Une correspondance portant en objet : «courrier du Minsep au sujet des élections au sein de la Fécafoot».

Tacle par derrière

On se souvient que le 26 mars dernier, Adoum Garoua avait demandé aux responsables de la Fédération de surseoir au processus de renouvellement des organes dirigeants afin d’y voir plus clair dans le jeu électoral dont le sprint final est annoncé pour la mi-mai prochain avec la tenue d’une assemblée générale élective. Mais c’est par un «Niet» que la quasi-totalité des membres du Comité exécutif, ainsi que ceux de l’assemblée générale de la Fécafoot réuni ce jour-là à l’hôtel Mont Fébé ont répondu à cette instruction du Minsep.

Et l’avertissement de la Fifa survenue quelques jours plus tard, au lieu de concilier les protagonistes, a plutôt exacerbé les positions au sein de l’organe fédéral national dont le Bureau exécutif est aujourd’hui profondément divisé. En témoigne les différentes sorties publiques et médiatiques de certains de ses membres depuis le week-end dernier. Mais aussi celles de quelques figures de prou de la scène footballistique nationale (Roger Milla, Joseph Antoine Bell…) et des pourfendeurs de Mohammed Iya réunis au sein du «Comité citoyen pour le redressement du football camerounais». Tous minimisent la lettre au ton condescendant de la Fifa. Antoine de Padoue Essomba Eyenga n’y voit d’ailleurs qu’un tacle par derrière de Mohammed Iya à Adoum Garoua.

Selon lui en effet, le président de la Fécafoot et lui se sont entretenus avec le Minsep avant la rédaction de la correspondance du 26 mars dernier au sujet des nombreuses plaintes formulées par des parties prenantes au processus électoral. Ils auraient d’ailleurs convenu des grandes lignes de ladite correspondance qu’Iya aurait utilisé pour «piéger» Adoum. Pour le vice-président de la Fécafoot, il n’a donc jamais été question d’ingérence de la tutelle dans les affaires internes de la fédération. Au contraire, soutient-il : «En ce moment, beaucoup de choses ne sont pas normales. Je sais que les textes de la Fécafoot ne peuvent pas être refaits à la veille des élections mais des incohérences peuvent être corrigées.

Le Code électoral de la Fécafoot est un bon document mais son application sur le terrain viole des règles de droit», déclare-t-il dans l’édition de ce mardi, 09 avril 2013 de Cameroon tribune. Sauf retournement de dernière minute et alliances stratégiques, la crise est consommée à Tsinga. Qu’à cela ne tienne, le Minsep achève, ce mercredi, 10 avril 2013, la série de consultations entreprises hier aprèsmidi avec les acteurs du football nationaux en vue de l’apaisement de la crise ouverte qui oppose, depuis quelques jours, les principaux dirigeants du football camerounais que sont les responsables du Minsep et ceux de la Fécafoot au sujet du processus électoral au sein de cette association sportive civile. Lesdites consultations qui se déroulent à huisclos ont débuté avec la rencontre des responsables de la Ligue de football professionnel (Lfp) et s’achèveront ce jour avec ceux de la Fécafoot. Chaque groupe intervenant a 15 minutes pour exposer et remettre, ensuite, la mouture de ses propositions en vue de l’apaisement des tensions.

© L'Actu : Bertille Missi Bikoun


11/04/2013
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