Folie des grandeurs: Le Dg de la Sodecao se tape une maison à 600 millions FCFA

YAOUNDÉ - 31 Mai 2012
© Henriette Assen | La Météo

Jérôme Mvondo, qui a des goûts de prince arabe, n'aurait pas eu de scrupule à détourner les 400 millions destinés à la paie des employés pour accroître le gigantisme de sa énième villa.

Il faudra plus que «l'Opération épervier» pour guérir certains gestionnaires de crédits publics de leur cleptomanie congénitale. Le Dg de la Société de développement du cacao (Sodecao) défraie ainsi la chronique dans son village natal Bikok (dans le département de la Mefou-et-Akono), du fait de son nouveau chantier: une villa dont des techniciens en bâtiment estiment la valeur à plus de 600 millions de nos francs. Comment Jérôme Mvondo a-t-il pu mobiliser, en un laps de temps, une somme aussi renversante? «Je suis Dg de la Sodecao depuis 7 ans déjà. Mes revenus cumulés m'assurent le train de vie qui est le mien, et c'est normal que je me construise un tel château chez moi, malgré ce que peuvent dire les jaloux», s'est-il défendu au téléphone. Seules les personnes naïves avaleront ce baratin de politicien.

Selon une source introduite au ministère des Finances, 400 millions de FCFA avaient en effet été débloqués par cette institution pour éponger une partie de la dette salariale due au personnel de la Sodecao. Bizarrement, aucun employé n'en a vu la couleur. Beaucoup font remarquer qu'à cette époque, les travaux de construction du deuxième palais de Jérôme Mvondo avaient pris un coup d'accélérateur. Suffisant donc, pour que prospèrent les supputations selon lesquelles le Dg de la Sodecao aurait dévié la trajectoire des 400 millions à des fins purement personnelles. Il n'est pas jusqu'au ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Minader), où on ne se montre pas intrigué par la non traçabilité des 400 millions alloués par le Minfi.


Demande d'explication.

Selon des sources introduites, le Minader, Emmanuel Essimi Menye, aurait traduit ses interrogations dans une demande d'explication aux termes assez incisifs, envoyée à Jérôme Mvondo. A titre conservatoire, le Minader aurait suspendu toute subvention au bénéfice de la société que dirige, comme un manchot, l'époux de madame le maire de Bikok, confie un haut cadre de ce département ministériel. La gestion de l'ancien Dg de la Société de presse et d'édition du Cameroun (Sopecam) est davantage sur le grill. Et le constat est amer: Les salariés de la Sodecao tirent le diable par la queue, les engins de la société sont abandonnés dans la brousse, parfois faute de carburant. Pendant ce temps, le Dg ne lésine sur aucune dépense d'apparat. Champion des missions aussi vaseuses que prolongées à l'étranger, l'enfant terrible de Nkondougou est aussi un as du pillage des maigres ressources de la Sodecao. Il est aidé dans cette razzia par son fils, qui joue les imprimeurs de fortune à Yaoundé: il a quasiment le monopole des marchés publics de l'entreprise, dont la plupart ne sont pas exécutés. Ce qui ne l'empêche pas de se faire payer, parfois au-dessus de la mercuriale. Dans ces conditions, une descente du Contrôle supérieur de l'Etat à la Sodecao pourrait engendrer un drame familial.


«Je suis l'ami du chef de l'Etat».

Du temps où Jérôme Mvondo faisait illusion auprès des pauvres villageois de Bikok, celui-ci se frappait le torse en leur convaincant qu'il est «l'ami du chef de l'Etat, Paul Biya». Aujourd'hui, le manège ne passe plus au point où les populations, pourtant militants du Rdpc (parti au pouvoir) dans leur grande majorité, sont allés jusqu'à siffler et envoyer paître le «chichissime» fossoyeur de la Sodecao, lors d'un meeting de soutien à la candidature de Paul Biya à la dernière élection présidentielle. «Non aux imposteurs qui prétendent parler au nom de notre président!», avaient-elles hurlé. Peu après la réélection de Paul Biya, l'impayable Jérôme Mvondo s'était rendu avec tambour et trompette à Mvomeka'a pour, selon ses dires, féliciter "son" ami pour sa large victoire. Il nous avait alors été rapporté qu'après plusieurs jours de pied de grue au village du président, M. Mvondo n'était pas toujours reçu. Las de se morfondre dans une résidence hôtelière de la place, le curieux ami présidentiel en était reparti la queue entre les jambes. Il ignorait une chose: le chef de l'Etat avait été mis au courant de ses frasques à la Sodecao et de son rejet pavlovien dans son propre village. Le recevoir, dans ces circonstances, reviendrait donc à donner une caution à un délinquant économique.


31/05/2012
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