Fécafoot: Vers une assemblée générale sur fond de cafouillage juridique

Douala, 19 juin 2013
© Christian TCHAPMI | Le Messager

Silence, on vote ! Sauf revirement de dernière minute, les élections à la Fédération camerounaise de football auront bel et bien lieu ce jour au siège de l’instance à Tsinga. Alors que les membres du Comité exécutif jurent de reconduire au trône le président sortant, quoiqu’écroué au Secrétariat d’Etat à la défense, le Comité d’urgence, lui, a déjà déclaré la vacance de pouvoir et désigné John Begheni Ndeh pour assurer l’intérim en sa qualité de 1er vice-président et premier dans l’ordre de préséance lorsque le poste de président est vacant.

1- Dans les dédales d’une élection à plusieurs inconnues

Sacrée Fécafoot ! Le film des événements qui ont marqué le processus électoral depuis le coup d’envoi en mars dernier, ressemble à s’y méprendre, à un polar américain. Cela pourrait même inspirer un écrivain qui en fera certainement un best-seller. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’instance faîtière du football camerounais a cristallisé toutes les attentions au point de perturber le quotidien paisible des autres fédérations sportives civiles nationales vers lesquelles le Camerounais lambda n’a plus qu’un regard désabusé. Suffisant pour comprendre que les joutes électorales annoncées pour ce matin à 10h au siège de la Fécafoot, seront tout sauf un long fleuve tranquille. Hier déjà, une session extraordinaire du Comité exécutif convoquée par Francis Mveng qui a reçu délégation de pouvoir pour le faire, a décidé de la tenue effective de cette Ag élective très attendue ce 19 juin à Yaoundé.

Les administrateurs de la Fédération fondent cette décision sur la réunion convoquée et présidée le 05 juin 2013 par le Premier ministre, chef du gouvernement à laquelle prenaient part le ministre des Sports et de l’éducation physique et le président de la Fédération camerounaise de football. Conclave au cours duquel, apprend-on, « il a été convenu que les élections au niveau fédéral auront lieu le 19 juin 2013 ». Par ailleurs, le Comité exécutif rappelle qu’en application de l’article 7 alinéa 4 du Code électoral de la Fécafoot, « le Secrétariat général de la Fédération assure le secrétariat et la logistique de la Commission électorale fédérale, de la Commission de recours des élections à la Fédération ». Vu sous ce prisme, c’est donc Tombi à Roko Sidiki, le nouveau boss de la Fécafoot, en attendant que le président sortant, gardé à vue au Sed, retrouve la liberté (ou non). Le grand match se joue à trois. Caddy Marlène Patience Emvoutou Aka’a, John Begheni Ndeh et Iya Mohammed dont on annonce le vote par procuration. Les arbitres sont les 105 délégués convoqués, dont 90 venant des dix régions, 10 issus des commissions spécialisées et cinq représentants des clubs d’Elite One et Two. A ceux-ci viennent se greffer deux délégués représentants les joueurs et deux autres représentant le futsal et le beach soccer.

Les scrutateurs de la Fifa et de la Caf sont déjà dans nos murs et n’attendent plus que de voir qui sera le futur président de la Fécafoot. Quid sur la sécurité invoquée par le gouvernement le 25 mai dernier pour annuler l’Ag élective qui était prévue ? Personne à la Fécafoot n’en fait cas. Tout comme l’identité de celui qui va représenter le ministre des Sports et de l’éducation physique reste un mystère. Mais passées ces incertitudes pré-électorales, on se demande quelles sont les chances des deux adversaires du président sortant. La première équation qu'ils devront résoudre est celle de constituer leur liste, l'autre verrou du système électoral à la Fécafoot étant ce mode de scrutin de liste. Sur 49 membres, Iya, seul a déjà réussit à se tailler une trentaine. Un nouveau bail de quatre ans lui sera alors à nouveau accordé. Mais ne sait-on jamais. Tout peut arriver.


2- Begheni Ndeh: un caillou dans la chaussure du Comité exécutif?

Lundi dernier, c’est le Comité d’urgence qui a tenu une énième réunion à Yaoundé à l’issue de laquelle il a constaté la vacance du poste de président de la Fécafoot et a décidé, conformément à l’article 39 alinéa 2 des statuts de la Fécafoot, que John Begheni Ndeh assurera l’intérim, en tant que 1er vice-président. De plus, « le comité d’urgence décide de procéder au blocage des différents comptes bancaires de la Fécafoot jusqu’à nouvel avis », mentionne le procès-verbal de ce conclave. Une décision que botte en touche le Comité exécutif dont les membres arguent que la convocation de l’Assemblée générale de la Fécafoot est faite par le Comité exécutif et non par une autre instance. Autrement dit, le Comité d’urgence, selon les statuts, n’est pas habilité à convoquer quoi que ce soit puisqu’il n’est pas un organe de la Fédération. Le constat de la vacance du poste de président est de la compétence du Comité exécutif. « Ce n’est qu’après ce constat que le 1er vice-président a 60 jours pour convoquer une Assemblée générale, qui va élire un nouveau président de la Fécafoot. S’il ne reste que 12 mois pour la fin du mandat, il l’achève. Or, on est dans une situation où il n’y a plus de mandat, le Comité exécutif reste en place au nom de l’article 29 du Code électoral, qui prévoit la continuité du service », défend Junior Binyam, le chef du département communication de la Fécafoot.

Dans la même mouvance, le Comité exécutif, à la lumière des dispositions combinées de l’article 29 du Code électoral, de l’article 48 alinéa 2 des statuts de la Fécafoot adoptés le 16 mai 2012, a constaté l’expiration du mandat des membres du Comité d’urgence à partir du 21 mai 2013. Les décisions qu’elle dit prendre sont donc nulles et de nul effet. Pendant ce temps, Begheni Ndeh que ses ex-camarades ont surnommé « le traître », ne l’entend pas de cette oreille. L’ingénieur d’agriculture qui s’est retrouvé dans les dédales du sport de façon anodine, ne nourrit qu’une seule envie : s’asseoir au trône. Le natif de Ndjong, dans le département de la Mezam justifie son antipathie envers le camp Iya par le fait qu’il a été longtemps mis à l’écart de la gestion de certains dossiers juteux. Il y a aussi que faute de pouvoir être à nouveau dans les bonnes grâces de Paul Biya, le faiseur de rois, il espère tronquer sa casquette d’ancien ministre avec celle de président de la Fécafoot. Une belle passerelle pour rebondir au-devant de la scène.

Christian TCHAPMI



19/06/2013
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