Faillite: L’école primaire toujours payante et facultative

DOUALA - 10 SEPT. 2012
© Etame Kouoh | Le Messager

Malgré la décision du chef de l’Etat, beaucoup de Camerounais sont toujours sous scolarisés à cause du laxisme entretenu par les pouvoirs publics.

Une semaine après le début de la rentrée scolaire, beaucoup de parents ont encore du mal à inscrire leurs enfants dans les écoles primaires publiques. En évoquant les places insuffisantes, beaucoup de chefs d’établissements en profitent pour arnaquer et escroquer les pauvres parents. Le témoignage de Pierre Ndoumou, parent d’élève : «Mon fils doit faire le cours d’initiation cette année. En voulant l’inscrire, le directeur a dit que ses effectifs sont pléthoriques. Lorsque j’ai insisté, il m’a demandé de faire un geste et il va s’occuper spécialement de mon cas. J’ai payé et mon fils a été inscrit».

Si ce dernier a trouvé la « solution miracle » pour avoir une place dans un établissement primaire public moyennant « rançon » et à la «magnanimité» de ce chef d’établissement dans l’arrondissement de Douala Vè, tel n’est pas le cas des autres qui broient du noir et sont contraints à se diriger vers un privé onéreux à défaut d’ajourner l’éducation de leurs progénitures. «C’est la raison pour laquelle le taux d’alphabétisation au Cameroun sera toujours bas. Au nom de l’argent, les responsables sacrifient l’éducation des jeunes sur l’autel de leurs intérêts égoïstes alors qu’ils ont bénéficié gratuitement de l’éducation dans leur jeunesse », dit Pierre Kambang, enseignant à la retraite. Ce dernier indexe les pouvoirs publics qu’il rend responsables de ce taux faible d’alphabétisation. «L’Etat a les moyens de créer une commission d’enquête pour débusquer tous ces directeurs d’écoles indélicats mais ne le fait pas. Au Cameroun, l’école primaire publique n’est gratuite que sur le papier malgré la décision du chef de l’Etat qui est bafouée par ses collaborateurs à la base. Ces derniers bénéficient d’une incroyable immunité».

Après une enquête menée au Cameroun en octobre 2010, Transparency international avait déjà remis en cause la gratuité de l’école primaire publique au Cameroun en publiant le montant des frais non réglementaires payés par les parents. Malgré les recommandations faites aussi bien par cette organisation internationale et la société civile camerounaise, l’école primaire est et demeure payante au Cameroun. Quant à l’alphabétisation, les taux au Cameroun sont toujours à la traine.

Etame Kouoh


Focal: Terminologie

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), une personne est considérée comme analphabète lorsqu'elle est incapable de lire et d'écrire, en le comprenant, « un exposé bref et simple de faits qui ont trait à sa vie quotidienne ». Un analphabète peut aussi être considéré comme « toute personne qui ne sait lire que des chiffres, son nom ou une expression courante apprise par cœur». Ce taux d'alphabétisation indique donc le pourcentage d'adultes âgés de plus de 15 ans qui n'entrent pas dans cette définition. Au moment où le préambule de la constitution du Cameroun stipule que tous les êtres humains sont égaux en droits et devoirs, certains compatriotes ploient encore sous le, poids de l’illétrisme. «L’alphabétisation est au cœur de l’éducation de base pour tous ; elle est essentielle pour éliminer la pauvreté, réduire la mortalité infantile, freiner la croissance démographique, instaurer l’égalité des genres et assurer le développement durable, la paix et la démocratie», dit Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco.




10/09/2012
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