Face à son entêtement

Face à son entêtement
(Liberté 26/12/2010)


Gbagbo sera d’abord asphyxié financièrement.
Gbagbo risque gros. Étouffé de partout, personne ne peut prévoir que sera sa réaction. Il est soumis à une pression croissante au fil des jours. Les sanctions économiques s’abattent sur la tête de ce dernier et le recours à la force pour le déloger du palais présidentiel est une option retenue par ses pairs de la CEDEAO qui parle également au nom de l’Union africaine. Guillaume Soro, son ex-Premier ministre devenu celui de Ouattara, le président légal aux yeux de la communauté internationale, à commencer par l’Onu dont la force militaire stationnée en Côte-d’Ivoire assume la protection, n’a pas arrêté de préconiser de recourir à la force face à l’entêtement de Gbagbo. Pour l’heure, le plan consiste à asphyxier financièrement Gbagbo. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a confirmé le gel des financements de la Côte-d’Ivoire. La Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest a fait de même, annonçant travailler avec Ouattara et ne plus reconnaître la signature du président sortant. La Banque mondiale devait débloquer 245 millions d’euros dans le cadre de dix projets de l’Association internationale de développement en cours de réalisation. La banque ouest-africaine, quant à elle, disposait d’un soutien financier de 800 millions de dollars en faveur de la Côte-d’Ivoire. Le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a entériné jeudi à Bissau la reconnaissance d’Alassane Ouattara comme président légitimement élu de la Côte-d’Ivoire par l’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO. Ces différentes mesures auront sûrement des conséquences immédiates, d’abord sur le camp Gbagbo. À l’allure où vont les choses, d’ici peu, l’administration fidèle à Gbagbo ne pourra plus être rémunérée et entretenue. Ce qui donne d’ores et déjà à réfléchir à l’armée régulière et aux forces de police que Gbagbo s’était attaché grâce aux soldes et autres avantages. C’est le calcul qui est fait par la CEDEAO. La Côte-d’Ivoire, complètement abandonnée par ses partenaires économiques, connaîtra également d’autres retards dans la marche de son économie. D’ores et déjà, il est fait état d’arrêt d’exportation de cacao, la première richesse du pays. La Côte-d’Ivoire produit 40% de la demande mondiale. Dans ce genre de conditions, il sera très difficile de diriger pour Gbagbo, voire impossible. Surtout que d’autres sanctions planent déjà sur sa tête. En effet, jeudi, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu, réuni à Genève, a dénoncé les atrocités et les violations des droits de l’homme commises en Côte-d’Ivoire entre le 16 et le 21 décembre avec comme bilan 173 meurtres. La CPI pourrait donc engager très prochainement des poursuites. En outre, l'hypothèse d'une solution militaire à la crise ivoirienne se renforce, car la possibilité de voir l'impasse politique se réduire par la diplomatie est compromise, dès lors que jusqu’ici et depuis près d'un mois, Gbagbo ne donne aucun signe de faiblesse. Pourtant, la CEDEAO a réitéré vendredi à Abuja son appel de quitter le pouvoir, excluant tout compromis avec le président installé par le Conseil constitutionnel alors que la victoire revient à son challenger Ouattara. La CEDEAO, qui avait exclu la Côte-d’Ivoire le 7 décembre dernier suite au refus de Gbagbo de quitter le pouvoir au profit de Ouattara, a posé sur la table l’éventualité de sanctions militaires dont le renforcement des forces de l’Opération des Nations unies en Côte-d’Ivoire (ONUCI), composée de 10 000 hommes venant de 42 pays, appuyés par 500 hommes tirés de la force onusienne en poste au Liberia.

Par : Djamel Bouatta

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26/12/2010
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