Explosion démographique: Repenser le développement

Explosion démographique: Repenser le développement

 

 

YAOUNDE - 16 AVR. 2010
MAKON ma PONDI | Cameroon Tribune

Au rang des éléments les plus saillants que les résultats du troisième récemment général de la population et de l’habitat ont mis en lumière figure l’accroissement spectaculaire du nombre d’habitants de ce pays.

De 7,6 millions en 1976, la population du Cameroun est passée à plus de 19 millions d’habitants en 2010 et, si le taux moyen d’accroissement observé ces vingt-cinq dernières années se maintient, ce chiffre pourrait dépasser la barre des 30 millions dès 2030. Et cela ne va pas sans difficultés pour la gestion de la cité.

Déjà, il y a à satisfaire les besoins élémentaires. A commencer par nourrir tant de bouches, sans dépendre de l’extérieur. En d’autres termes, assurer et garantir l’auto-suffisance alimentaire. L’ambition étant même de dégager des surplus pour l’exportation. La réalisation de tels objectifs passe impérativement par la définition et une mise en œuvre de politiques judicieuses, réalistes, volontaires et pragmatiques. Là-dessus, la nature a largement pourvu le pays. Ici, comme dans bien d’autres domaines, le potentiel du Cameroun est énorme, imposant. Le reste est une question de volonté, d’intelligence et d’engagement patriotique. Car, si des nations bien moins loties que le Cameroun réussissent à produire assez de nourriture pour leurs populations, à plus forte raison pour cette « Afrique en miniature » dont le sol est des plus généreux ?

Encore faut-il, sans tarder, impulser une véritable relance du monde rural. Le développement – non pas une croissance factice – et le salut du pays sont à ce prix. On observe, en effet, un déséquilibre flagrant dans le développement des zones urbaines et des zones rurales. Les équipements collectifs et les infrastructures de base allant prioritairement aux villes. Au détriment de l’arrière-pays qui manque cruellement d’eau potable, d’électricité, de voies de communication, de couverture sanitaire appropriée. Ce qui conduit fatalement à une marginalisation des populations rurales, à une régression du secteur agricole.

Dès lors, il n’est pas étonnant – autre constat majeur du recensement – qu’une majorité croissante de nos concitoyens se retrouve aujourd’hui dans les centres urbains et les bidonvilles qui essaiment autour de ceux-ci. Attirant sans cesse des hordes de jeunes ruraux à qui il manque un minimum pour vivre décemment dans leur milieu naturel. Et qui viennent gonfler les rangs de ces sans emploi vite happés par la délinquance, les milieux du crime. Qu’on se souvienne qu’en 1976, plus de 71 % de la population camerounaise vivait en campagne. L’urbanisation galopante et quasi incontrôlée qu’on observe depuis lors ne peut être qu’un sujet de préoccupation pour les décideurs. Fermer les yeux sur un phénomène qui exsude l’explosion relèverait de la démission, de l’insouciance. Pour assurer un développement harmonieux du pays, il devient impératif pour les planificateurs de créer et de consolider dans les villes « rurales » et les villages, un cadre de vie adapté aux besoins des populations concernées en leur garantissant les conditions d’un épanouissement optimal

Il s’agit, au bout du compte, d’une indispensable réorientation de notre politique de développement. Pour garantir au Cameroun toutes les chances d’être à terme un pays émergent, il importe dès à présent de concevoir, d’orienter, d’impulser et d’harmoniser l’action des pouvoirs publics dans la perspective de communautés villageoises revitalisées et mieux encadrées. C’est la seule parade au mal-vivre des forces vives de cette campagne nourricière qui n’arrête pas de se vider. Une solution qui comporte en plus l’avantage d’alléger considérablement l’épineux fléau du chômage.

Demain plus qu’aujourd’hui, trouver des emplois à cette masse de jeunes qui s’accroît de manière exponentielle ne sera pas chose aisée. Loin s’en faut ! A la vérité, le chantier est titanesque. Il n’y a pourtant pas d’autre choix que de s’atteler à la tâche. C’est ici et maintenant qu’il faut créer les conditions d’un avenir porteur de prospérité pour tous. Cela signifie entre autres exigences rompre avec le pilotage à vue, anticiper, se projeter sur le long terme. En ayant chacun, à l’esprit, cette terrible interpellation de Paul Biya : « Quel Cameroun voulons-nous pour nos enfants ? »



16/04/2010
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