Evasion aggravée : Abah Abah Polycarpe condamné à 06 ans de prison ferme

Evasion aggravée : Abah Abah Polycarpe condamné à 06 ans de prison ferme

Cameroun - Evasion aggravée : Abah Abah Polycarpe condamné à 06 ans de prison ferme Le chef d’escorte, Minkala Minkala, écope de la même peine, tandis que les trois autres gardiens de prison reçoivent 03 ans chacun.

Abah Abah Polycarpe a été finalement reconnu coupable du délit d’évasion aggravée et condamné, en l’absence de ses avocats, à 06 ans de prison ferme par le Tpi d’Ekounou siégeant dans le cadre de la procédure de flagrant délit. Au cours de la même audience d’hier, mardi 19 juin 2012,  quatre gardiens de prison ont été condamnés. Tous ont été reconnus coupables du délit de complicité d’évasion. Il s’agit du chef d’escorte Minkala Minkala qui écope lui aussi de 06 ans de prison comme l’ex-Minefi, des trois autres gardiens que sont Atangana Eyebe, Ngomo Noah et Mbo’o Mengue, tous reconnus coupables de la complicité d’évasion et condamnés solidairement à 03 ans de prison chacun.   

C’est au terme d’une audience marathon de près de 12 heures d’horloge, émaillée d’incidents,  et à l’issue d’une véritable « parodie de procès », selon les avocats, que les peines ont été prononcées contre les cinq prévenus. Il était 22h30mn lorsque le président du tribunal, Claude Evine Ba, de retour de sa troisième suspension d’audience de la journée, fait enfin tomber le suspense. C’est alors qu’une grande clameur parcourt toute la salle. Et c’est sous haute protection que Abah Abah quitte la salle d’audience, non sans avoir lancé en direction du représentant du ministère public, un « vous avez gagné » accompagné d’un rire moqueur.

En réalité, c’est un procès d’un genre particulier auquel l’assistance a eu droit hier devant le Tpi d’Ekounou. Le verdict aura été prononcé en l’absence de la dizaine d’avocats de la défense qui avaient décidé de déserter la salle des débats au moment où le président du tribunal donnait la parole au procureur de la république, Noe Ngong, pour présenter ses réquisitions. Par cette désertion, les conseils des cinq prévenus entendaient ainsi protester contre l’attitude cavalière d’un président du tribunal qui entendait poursuivre les débats à tout prix, et qui les a poursuivi, en dépit de toutes les remontrances et autres arguments avancés par les prévenus et leurs conseils. Cette sourde oreille du président du tribunal se matérialisera par le refus de la demande de renvoi formulée par la défense, demande adossée sur l’appel relevée, séance tenante, contre le jugement Avant dire droit (Add) rendu par le tribunal, à l’orée de l’ouverture des débats.

En effet, aussitôt les débats ouverts, la défense a soulevé plusieurs exceptions dites d’ordre public par lesquelles la nullité de toute la procédure était exigée. Il s’agissait de l’illégalité de l’interpellation de Abah Abah, de sa non assistance par ses conseils à l’enquête préliminaire et le fait de n’avoir pas reçu notification des suspicions qui pesaient contre lui. Toutes ces exceptions seront jointes au fond par le président du tribunal qui déclare, dans son Add, devoir en tenir compte lors du jugement au fond. En passant outre l’appel interjeté dont notification lui est faite séance tenante, le président Evine décide de faire entendre le seul témoin de l’accusation, le superintendant des prisons, Clément Ndeugué, chef Saf à la prison de Kondengui, au moment des faits.

C’est sur ces entrefaites que la défense décide de récuser le juge. Une demande de récusation formulée par le prévenu Abah Abah est alors notifiée séance tenante au président du tribunal qui l’ignore et décide de passer outre. Il refuse d’arrêter les débats. Il s’en remet aux prévenus à qui il demande de choisir leurs options de défense. Ce à quoi ils répondent, à l’unisson, qu’ils sollicitent plutôt le renvoi de la cause. Rien n’y fera. Poursuivant dans la même logique, le président du tribunal demande au procureur de la république de présenter ses réquisitions et de requérir sur les peines. C’est à ce moment que, sentant la cause perdue, tous les avocats quittent le prétoire, non sans avoir eu plusieurs minutes d’échanges houleux avec le procureur de la république. Tout y est  passé, injures comme invectives. Et c’est finalement en one man show que le représentant du ministère public requiert la peine maximale de 10 ans fermes pour Abah Abah et Minkala Minkala, et 08ans pour les trois autres complices. Des réquisitions que ne suivra pas le président du tribunal, en dépit de l’insistance du procureur Ngong.

Réagissant à ce verdict, Me Nouga, un des conseils de Abah Abah, déclare éprouver « un sentiment de grande déception face à ce qu’il considère comme une parodie de justice.» Tout en tempérant ce sentiment par l’espoir que la saisine, par voie de recours de la cour d’appel, va permettre de rectifier et sanctionner les manquements et les errements du président du Tpi d’Ekounou.

Pour être condamné hier, mardi, Abah Abah est accusé de délit d’évasion aggravée. Notamment, le fait de s’être, le 11 mai 2012, retrouvé à son domicile à Odza, après un rendez-vous avec son dentiste. Selon ses avocats, il s’était rendu chez lui, ce jour là avec l’aval du chef d’escorte, pour récupérer de la nourriture, sans aucune intention de s’évader. Il sera le même jour enlevé par des éléments cagoulés de la Dgre et séquestré pendant  06 heures, avant d’être remis à la disposition de la Dpj, d’où il est déféré au parquet pour être inculpé le 15 mai du délit d’évasion aggravée.

© Mutations : Evariste Menounga


20/06/2012
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