ETOUDI: La guerre de succession est relancée

YAOUNDE - 12 AVRIL 2010
René Atangana | La Météo
Consciemment ou non, le journal Mutations a ouvert la boite de pandores. Le positionnement en vue de la succession de Paul Biya reprend forme. Cette fois, de manière radicale.

René Sadi: candidat à la présidence de la République 2011. L'information n'a pas fait sourire tout le monde. René Sadi est pour beaucoup dans les cordes après la publication de l'information. Le poisson d'avril du quotidien est gros à avaler. Pour beaucoup, la guerre de succession est relancée. Les camps se sont reformés, les ambitions ont prospéré. René Sadi bénéficiait jusque là d'une certaine virginité politique. Ses adversaires espèrent que l'information sur sa candidature viendra polluer la carrière politique de cet homme que la nomination comme secrétaire général du comité central du Rdpc est venue mettre en orbite.

L'opposition camerounaise étant désormais décapitée, l'opposition s'est transportée au sein même du parti au pouvoir. Les candidats à la candidature se comptent sur toute l'étendue du triangle national. Tous ne rêvent que d'une chose: fragiliser davantage, le fils de Yoko. L'information de la candidature de René Emmanuel Sadi viserait ainsi à carboniser davantage le ministre chargé des missions à la présidence de la République. En nommant René Sadi au secrétariat général du comité central du Rdpc pour succéder à Joseph Charles Doumba, Paul Biya savait bien que cet homme est un Babouté du Centre, dans le département du Mbam et Kim. Son ethnie se retrouve également dans la région de l'Adamaoua et à l'Est du pays. Si une bonne frange des électeurs de l'Adamaoua est plus enclin à voter l'Undp de Maïgari Bello Bouba, le leader de ce parti de l'opposition allié au Rdpc et ministre d'Etat en charge du Transport dans l'actuel gouvernement, un positionnement de René Sadi dans la perspective d'une présidentielle pouvait mettre à mal ce vote régional. En effet, les habitudes ayant la peau dure, certains préfèrent remettre au goût du jour l'axe Nord-Sud.

Il y a plusieurs années, au cours d'un meeting du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, organisé dans la partie septentrionale, Amadou Ali, l'actuel Vice Premier ministre, ministre de la Justice, s'était laissé aller. Dans ce qui ressemblait à une mise en garde, le natif de Kolofata avait demandé à Paul Biya de se souvenir qu'il a reçu le pouvoir du Nord et qu'il devra logiquement remettre le pouvoir aux ressortissants de cette aire géographique. Personne ne croit à Amadou Ali lorsqu'il déclare n'avoir jamais rêvé succéder à Paul Biya. Marafa Hamidou Yaya, le ministre d'Etat chargé de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, originaire du département de la Bénoué, semble également être sur les starting-blocks, en vue de la succession du chef de l'Etat. Luc Ayang, l'indéboulonnable président du Conseil économique et social n'a certainement pas dit son dernier mot. La famille Hayatou garde son joker de luxe. Issa Hayatou ne cracherait pas sur un bail à la tête du pays, après son denier mandat annoncé, au sommet du football africain. Cavaye Yeguié Djibril, du haut de son perchoir, à l'Assemblée nationale espère être le prochain faiseur de rois. Ce n'est pas pour rien qu'il est préféré au fantasque Adama Modi. Contrairement à ce qu'on peut imaginer, on est loin d'avoir un magma consensuel, au Grand Nord sur la succession de Paul Biya. Il s'agit d'un peuple écartelé entre les musulmans et les chrétiens, les peulh et les non peulh. Rien à voir avec le choc des ego dans la province du Sud.

Dans le Sud du pays, certains veulent ouvrir une autre parenthèse du Sud après le départ de Paul Biya. C'est tout naturellement que certains proposent la candidature de Frank Biya pour succéder à son géniteur de père. Edouard Akame Mfoumou se considère comme un officier de réserve. L'ancien ministre des Finances bénéficie d'un préjugé favorable même au sein des partis de l'opposition. En 2004, l'éventualité de sa candidature est étudiée sein de la coalition de l'opposition camerounaise. Dans son récit et son argumentaire sur les tractations autour du choix d'Akame Mfoumou, Sindjoun Pokam ajoute: "Je ne suis pas alle le chercher comme un homme providentiel. J’ai senti que c'est un homme extrêmement déterminé et capable de redresser le pays, surtout, d'organiser une transition tranquille. Nous devons être subtils pour éviter de faire basculer le Cameroun dans une aventure sans lendemain." Au sein de la Coalition Akame Mfoumou bénéficiait de la sympathie d'un bon nombre de personnes notamment celles qui n'avaient pas déposé de dossiers de candidature: Issa Tchiroma, Antar Gassagay ou encore Célestin Bedzigui. Autant dire que l'ancien argentier national a su rebondir après le scandale des écoutes téléphoniques 1997. C'est dire qu'il pourra toujours renaitre de ses cendres.

Joseph Owona, l'ancien Sgpr de la présidence de la République peut difficilement réussir un tel retour selon certains chroniqueurs. De même, le nom de Jacques Fame Ndongo revient toujours dans les scenarios de l'après-Biya. Le ministre de l'Enseignement supérieur semble être de tous les mauvais coups. Il pourra difficilement, le moment venu, faire taire le Mindef, Mebe Ngo'o.

Le pouvoir qui reste au Sud, une équation difficilement imaginable pour plusieurs communautés. Les Anglophones estiment qu'il est temps qu'ils occupent le palais d'Etoudi après les longs règnes d'Ahmadou Ahidjo (1960-1982) au Grand Nord et Paul Biya du Grand de 1982 à nos jours, soit 27 ans. Philemon Yang, l'actuel Premier ministre espère secrètement succéder à Paul Biya. Son bilinguisme affiché ne saurait être un obstacle pour Paris. Une autre minorité ethnique espère jouer sa partition à la suite de Paul Biya. Les Sawa ne sont pas encore remis de la méprise de Soppo Priso, à la veille de l'indépendance. Petit à petit, Laurent Esso, le "cœur du pays", pourrait surprendre. Aujourd'hui, il se départit facilement son flegme habituel.


Le syndrome gabonais



L'actualité camerounaise peut être lue à la lumière des évènements récents du Gabon.

Omar Bongo était issu d'un groupe minoritaire du Gabon, les Tékés. Il a succédé, le 2 décembre 1967, à un homme issu de l'ethnie fang, la plus forte population du Gabon, présente dans quatre des neuf provinces du pays. Un groupe important qui fait dire à un ancien ministre: "Poids du nombre oblige, les Fangs se sont toujours singularisés par rapport aux autres communautés nationales. Qui n'est pas Fang, avancent-ils, est Bilob, terme quelque peu particulier pour désigner les étrangers"... Avec le décès d'Omar Bongo Ondimba, certains pensent que le pouvoir retourne chez les fangs. On assistera à la désagrégation du Parti démocratique gabonais.

Le décès du président de la République Omar Bongo Ondimba a non seulement endeuillé le peuple gabonais tout entier, mais encore, a fait éclater le Parti démocratique gabonais. Bien avant l'annonce officielle du décès d'Omar Bongo Ondimba, des tractations nocturnes et opportunistes s'opéraient déjà dans le pays. Une seule question régnait: qui va assurer la succession ? Durant la période qui marque le deuil national, la tension monte. Des groupuscules toujours nocturnes se forment pour aiguiser davantage leurs différentes stratégies de conquête du pouvoir, avec toujours pour interrogation majeure : qui va remplacer Omar Bongo Ondimba et comment faire pour arriver à cette fin ?

Les ténors du PDG quittent les rangs de cette formation, car ils n'apprécient pas le mode de désignation choisie par le parti. Les mécanismes qu'ils avaient soigneusement élaborés pour se maintenir au pouvoir et faire encore mieux la cour à Omar Bongo commençaient à se retourner contre leurs ambitions officiellement avant la mort du grand camarade. L'analyse du comportement des dissidents du PDG, fait ressortir deux choses: d'abord ils n'étaient pas si puissants qu'on le pensait, sinon ce ne seraient pas eux qui auraient été obligés de sortir du parti, mais ceux qui y sont restés, puis que ce sont eux qui constituaient le véritable mal du PDG. Puisqu'ils sont restés pendant toutes ces décennies consciencieusement aux côtés d'un homme dont ils dénoncent indirectement aujourd'hui la gestion calamiteuse par le biais de leurs excuses sans cesse répétées. Le moment venu, les responsables du RDPC vont-ils résister à l'envie de rester dans le bateau.



13/04/2010
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