Etats-Unis : En 8 ans de mandat, Barack Obama n'a presque pas œuvré pour la communauté noire-américaine

 
Le mythe du premier président noir américain a vite été rattrapé par la réalité du contexte socio-culturel qui marque les Etats-Unis depuis de longues années...
 

Barack Obama ne sait plus où donner de la tête. Entre le meurtre de deux noirs américains, mardi et mercredi, et l'assassinat de cinq policiers à Dallas, jeudi, son discours a radicalement changé. Ainsi, à quelques heures d'intervalle, le président américain en est venu à condamner le « grave problème » que constitue le racisme aux Etats-Unis, puis à dénoncer « des attaques haineuses, calculées et méprisables » auxquelles il n'y a « aucune justification possible. » Un double discours qui reflète bien la complexité du positionnement de Barack Obama par rapport aux minorités qu'il n'a jamais réellement soutenues tout au long de ses deux mandats présidentiels.
Pris entre deux eaux

C'était écrit, Barack Obama, en tant que premier président noir des Etats-Unis, devait œuvrer pour améliorer la condition des minorités au sein du pays. Du moins, c'est ce que tout le monde imaginait. Y compris les Républicains. « Ils voulaient que Barack Obama prenne des mesures en faveur des minorités pour pouvoir dire qu'il n'était pas le président de tous les Américains », analyse Thomas Snegaroff, historien spécialiste des Etats-Unis et auteur de la Géopolitique des Etats-Unis (PUF).

 

« La difficulté de la tâche d'Obama, c'est que s'il était trop favorable aux noirs, on l'aurait accusé de faire du favoritisme, tandis que s'il ne faisait rien, les minorités l'auraient accusé de renier ses origines », pointe pour sa part François Durpaire, historien spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise.

Pas de mesure spécifique en faveur des noirs américains

Contrairement à la communauté LGBT pour laquelle il a beaucoup œuvré, « Barack Obama a toujours dit qu'il ne ferait pas de plan spécifiquement consacré à une minorité », souligne François Durpaire. Néanmoins, la réforme Obamacare a été implicitement perçue comme une mesure en faveur de ces mêmes minorités, principales bénéficiaires du dispositif de par leur origine sociale. En dehors de ça, donc, aucune mesure. Juste « une exemplarité qui a eu un impact positif [sur la communauté noire] », selon Thomas Snegaroff.

 

Mais le président américain avait-il réellement entre ses mains le pouvoir d'améliorer la situation socioculturelle des Etats-Unis ? Thomas Snegaoff estime que non. « Si on attendait qu'il règle tous les problèmes raciaux des Etats-Unis, on s'est trompés parce qu'il n'a pas tous les pouvoirs. » Le maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise va dans le même sens, en prenant l'exemple des bavures policières. « Il s'agit de policiers municipaux, pas d'une police nationale. Obama ne pouvait pas avoir d'influence directe [sur cette question] », analyse l'historien.

Un siècle d'esclavage et 50 ans de ségrégation

Enfin, Barack Obama est arrivé à la tête d'un pays historiquement rongé par le racisme. « Il faut se dire qu'il est le président d'un pays qui a connu un siècle d'esclavage et un demi-siècle de ségrégation », résume François Durpaire. Il est donc évident que cette équation à plusieurs inconnues ne pouvait pas être résolue par un seul homme.

 

Néanmoins, et comme le souligne Thomas Snegaroff, « la situation des noirs américains s'est dégradée sous Obama, à tel point qu'aujourd'hui la fracture culturelle aux Etats-Unis est revenue près de son niveau des années 1960. » En ce sens, Barack Obama a échoué dans ce pour quoi il avait été élu, si bien qu'« aujourd'hui, la population noire est très déçue du mandat du premier président noir des Etats-Unis », conclut Thomas Snegaroff.

20 minutes

 
 


18/07/2016
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