ESCROQUERIE : Un footballeur camerounais,Guillaume Nkendo Tchoungang, risque la peine de mort en Birmanie

Source: Camerounlink 09 04 2019

 

Guillaume Nkendo se retrouve en prison pour une scabreuse affaire de 250 millions de FCFA.

Quartier Ekié, il est 16h, ce dimanche 31 mars 2019. Tristesse et pleurs partagent désormais le quotidien de la famille Tchougang. Les frères, soeurs et oncles sont assis à l’ombre d’un arbre. La situation du jeune Guillaume Nkendo inquiète. Fils aîné, le footballeur professionnel vit des moments difficiles en Birmanie. Sa maman explique : «Nous sommes au courant depuis le 25 mars par l’entremise d’un de ses amis, que Guillaume, notre fils a été arrêté dans un aéroport birman. Sur les raisons, il nous fera savoir que Guillaume a foutu son nez dans une affaire d’escroquerie évaluée à 250 millions de F CFA».

Seul soutien de la famille depuis près de dix ans, l’ancien joueur d’Albacète en Espagne, passé également par la Turquie risque la peine de mort. Une peur anime sa mère Lisette, celle de ne plus voir son fils. Elle appelle à la mobilisation. «J’interpelle ici les autorités camerounaises, soucieuses des conditions de vie de leurs concitoyens à travers le monde de nous venir en aide. Il a défendu les couleurs camerounaises, et on ne saurait le laisser dans cette souffrance», lance-t-elle, en larmes. Comme Guillaume Nkendo, plusieurs autres jeunes footballeurs camerounais et africains en général vivent le martyr dans ce pays d’Asie. Eux, qui dans l’espoir d’avoir un salaire décent et une carrière à l’international, empruntent, au péril de leur vie, la route de l’étranger. S’ils sont nombreux à privilégier l’Europe, parfois sans succès, d’autres n’ont d’yeux que pour l’Asie, considéré comme le nouvel Eldorado du football.

Le chemin de la Birmanie est alors privilégié. Sauf que, après leur arrivée dans ce pays de 51 millions d’habitants (Selon le recensement de 2014, le premier depuis 1983), ils sont aussitôt confrontés à de nombreuses difficultés. Deux autres Camerounais, nous renseigne le journal français Villeneuve d’Ascq, «ont été arrêtés en 2010 et condamnés après qu’ils ont avoué avoir contrefait des dollars parce restés coincés en Birmanie sans pouvoir obtenir de contrat avec une équipe locale».

TERRE PROMISE

Approché par le même journal, Jonathan Yamoah, manager ghanéen du club de Nay Pyi Taw confie que «Les joueurs qui viennent en Birmanie pensant avoir la belle vie comprennent vite que ce n’est pas ce à quoi ils s’attendaient. À première vue, le monde du foot en Birmanie semble facile, mais pour les joueurs, la compétition est rude». En plus des Camerounais, plusieurs footballeurs africains subissent des traitements «inhumains». L´info claire et nette. Alors, qu’est ce qui les fait tant courir, dans cet Etat peuplé de 100 groupes ethniques, et où les «les salaires pour la plupart de ses footballeurs n’excèdent pas 100.000 F CFA», selon une enquête menée par la Radio télévision sénégalaise (RTS). Alors même que la paire de godasse dans le pays, dira Eliza Hunt de Radio France internationale (RFI), coûte près de la moitié de cette somme. Une situation que regrette d’ailleurs le jeune footballeur namibien, Jarmyn: «Tout ce que je veux, c´est jouer au football et devenir un professionnel du ballon rond. Quand on m´a dit que j´avais une chance d´intégrer une équipe en Asie, je n´ai pas hésité», explique-t-il. Dans son cas, la terre promise c’était la Birmanie. « Je ne savais où ça se trouvait, alors regardé sur Google et j´ai dit ok. Aujourd’hui je suis déçu car je n’ai pas avancé d’un cran», se confie-t-il à RFI.

TRAFIC DE JOUEURS

Des agents peu scrupuleux et autres intermédiaires ont fait leur apparition et exploitent les rêves de jeunes africains. L’enquête menée par «Le petit journal birmane» décrit bien qu’«ils savent et n´hésitent pas à faire miroiter à qui voudra bien y croire, que les dirigeants de club asiatiques recherchent des joueurs africains. Il faut alors avancer de grosses sommes pour obtenir visa et billets d´avions». « Emmanuel Koska a quitté Aigle royal de la Menoua, mais aussi vendu les terres de son père pour payer un voyage en Thaïlande car selon son agent, un contrat l’attendait. Quand il est arrivé sur place, cet agent a disparu avec son argent et l’équipe ne l’a pas gardé», raconte le Courrier international dans son numéro de juin 2018. L’expérience de cet autre footballeur camerounais renseigne sur les conditions de départ.

«Quand on arrive à l´aéroport, aucun club n´est au courant de notre venue. Il y a simplement un prétendu manager qui est le plus souvent de mèche avec ton passeur. Il te dirige vers un hôtel que tu devras payer de ta poche. Et après, on te dit que tu pourras passer des tests. Sois tu es bon et le club négocie pour te faire ton business visa. Soit, le plus souvent, tu es condamné à t’entraîner encore et encore», explique Romaric dans un reportage sur les antennes de la RTS. Même quand ils arrivent en club, beaucoup attendent plusieurs mois pour qu’on leur accorde un intérêt. . Et pendant ce temps, leur visa de tourisme finit par expirer. Coincés, sans argent et en situation irrégulière, beaucoup de joueurs finissent par vivre dans la pauvreté, et certains deviennent des délinquants. Même ceux qui réussissent à décrocher un poste dans un club sont à la merci de leurs employeurs, qui peuvent exiger des salaires et des conditions de travail déraisonnables, car les joueurs sont en situation irrégulière.

Sans visas valides, les footballeurs ne peuvent pas non plus dénoncer les abus, par crainte d’être expulsés. Même Louis-Paul Mfédé de regrettée mémoire, l’ancien Lion indomptable [qui a joué pour le Cameroun lors du Mondial de 1990 et de 1994] a été emprisonné en Indonésie après l’expiration de son visa. Autant dire.


Source : Repères

 



09/04/2019
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