Esclavage: des Camerounais-Américains "guéris" de leur "blessure" après un retour aux sources

YAOUNDÉ - 10 Janvier 2012
© Raphaël MVOGO | XINHUA

Au matin du 3 janvier à Limbe, "totalement libérée", Ravin Scott-Manna s'est rendue sur la plage pour "écouter la voix de la mer" et essayer de se reconstituer dans son imaginaire le terrible voyage forcé sans retour de ses aïeux aux Amériques. Le retour aux sources de la Camerounaise-Américaine est un véritable choc.

La veille à Bimbia, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville balnéaire du sud-ouest du Cameroun, la chercheuse afro-américaine venue renouer avec le "douloureux passé" qu'elle vit en elle comme une "profonde blessure", parmi un groupe de 87 Américains d'origine camerounaise ayant retrouvé leurs racines grâce à des tests ADN, n'arrêtait pas pleurer durant la cérémonie organisée en leur honneur sur un site ayant servi de port d'embarquement des esclaves lors de la traite négrière.

Le fameux chapitre ayant marqué d'un voile sombre l'histoire de l'humanité et occasionné entre le commerce, comme du bétail, puis la déportation de 10 à 15 millions de valeureux hommes et femmes d'Afrique dont particulièrement ceux du golfe de Guinée réputés robustes et travailleurs, d'après des études, remonte aujourd'hui à plus de 400 ans. Mais il provoque encore vive émotion et répulsion.

A Bimbia, cette charge émotionnelle a atteint son comble avec des instants de transe brusque vécus sur l'ancien port d'esclavage par Lisa Aubrey, une autre chercheuse membre de la délégation des Ark Jammers, du nom de l'association promotrice des voyages retour des descendants des esclaves camerounais dans leur patrie d'origine, association créée par un groupe d'artistes et de mélomanes camerounais résidant aux Etats-Unis.

A l'instar de Ravin Scott-Manna qui, en guise de souvenir, a emporté dans ses bagages du voyage retour aux Etats-Unis un bout de terre et des pierres de Limbe, Lisa Aubrey mène des recherches pour retracer les routes de la traite négrière qui fait d'elle un "sans-terre".

"C'est très émouvant pour moi. J'ai la chance de vivre la réalité des recherches que j'étais en train de faire. Je travaillais pour localiser l'endroit où la charge humaine s'est produite au Cameroun", a-t-elle confié à Xinhua.



10/01/2012
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