Entreprise – Perspectives

Écrit par Administrator    Vendredi, 22 Juin 2012 05:04  


Le crash pourrait être fatal au Dg de Camair-Co

Le contrat d’Alex Van Elk arrive à expiration à la fin du mois de juin. La reconduction est hypothétique. Le commandant Jean Louis Angounou, le premier Camerounais avoir à accédé au grade de commandant de bord est pressenti pour le remplacer.

1- Fin de mission

Le Directeur général de Camair-Co, Alex Van Elk clamait lors du premier anniversaire de la compagnie aérienne camerounaise en mars 2012 les efforts qu’il avait faits pour nationaliser les cadres de l’entreprise. Soulignant avec chiffre à l’appui que sur les 61 expatriés qu’ils étaient en 2011 au lancement de la Camair-Co, il n’en restait plus que 21 et le dégraissage se poursuivait à dose homéopathique. Seulement il ignorait que bien avant certains de ses protégés, il serait le prochain dans la charrette. Depuis quelques mois, il circule des informations faisant état de ce que les carottes étaient cuites pour Alex van Elk. Des informations prises avec des pincettes lorsqu’on sait toute la confiance et la liberté de gestion qu’il a reçues du gouvernement camerounais pour faire de Camair-Co, une compagnie aux standards internationaux.

Aux dernières nouvelles, des informations puisées à bonnes sources font état de ce que la pression que le Dg de Camair-Co mettait sur le gouvernement pour le renouvellement de son contrat a reçu une fin de non recevoir. Il aurait même déjà reçu une lettre de la présidence de la république lui signifiant que son contrat ne sera pas renouvelé. Si aucune raison ne transparaît dans cette lettre, il n’en demeure pas moins vrai que cela est lié au bilan de gestion produit au terme de la première année d’exercice (mars 2011- mars 2012). Une gestion émaillée d’une somme d’erreurs managériales qui ont conduit à un déficit d'exploitation qui n’ont pas permis d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés. A ceci est venu s’ajouter une demande de subvention supplémentaire qui va friser une supercherie.

On se souvient que lors de la célébration du premier anniversaire, il n’a pas manqué de faire son mea-culpa. « Nous avons fait des erreurs et certainement beaucoup d’erreurs, mais que nous sommes entrain de corriger », aveu fait par Alex Van Elk, le Directeur général de la Camair-Co lors de la conférence de presse qu’il a donnée mercredi 21 mars 2012 à l’hôtel Sawa de Douala. Il ne s’était pas appesanti sur la nature de ses erreurs. Mais il était évident qu’il s’agissait surtout de son business plan initial, dont il soutient mordicus qu’il reste le meilleur pour la Camair-Co. « La Camair-Co a démarré dans un contexte particulièrement difficile et la situation de la compagnie n’est pas reluisante, ce n’est pas un secret, mais elle ne frise pas la banqueroute comme veulent le faire croire certains journaux et certains intervenants dans l’émission [télévisée]» avait souligné le Dg Hollandais de la Camair-Co. A cet effet, il annonçait les premiers bénéfices pour 2014. Elles seraient de l’ordre de 12 milliards Fcfa en 2015. Cela reste uniquement une prévision qui pourrait ne pas être réalisée. Pour y parvenir, il ne fait pas dans la dentelle pour soutenir que Camair-Co continue d’avoir d’énormes besoins d’investissements. Pourtant elle a consommé à ce jour près 50 milliards Fcfa, soit 32 milliards Fcfa de financement de l’Etat et 15 628 770 000 Fcfa de recettes engrangées par la Camair-Co. Pourtant le business plan initial préconisait le versement de la somme de 29 846 043 500 Fcfa représentant le plan de financement de l’Etat entre 2010 et 2015. C’est dire que la Camair-Co a déjà perçu plus de 110% du montant initial pour toute la période.

2- Dérives financières

Pour justifier la demande d’un appui financier qu’il a faite au ministre des finances le 4 janvier 2012 d’un montant de 9,6 milliards Fcfa, il dira que c’est pour couvrir : - le paiement des assurances des avions ; - l’achat du carburant pour les vols de Douala- Paris ; - la location des avions ; - les charges de navigations locales et internationales de manutention dans les aéroports ; - les contrats de maintenance passés avec le groupe technique de Lufthansa ; les salaires des pilotes. Rebelote deux semaines plus tard le 17 janvier 2012, le Pca, qui n’est autre que le Premier ministre sollicitait pour la même compagnie un appui financier de 19 milliards Fcfa pour l’équilibre d’exploitation de la Camair-Co au titre de l’exercice 2012. Une entourloupette qui n’a pas échappé à la vigilance du ministre des Finances Alamine Ousmane Mey. Pour justifier cette entourloupette démasquée, Emmanuel Mbozo’o, le Dga va souligner que les 9,6 milliards Fcfa demandé par le Dg portait sur les difficultés rencontrées avec des surcouts dont ils ont été confrontés sur le marché en cours d’exercice qui ont crevé le budget initial. Alors que les 19,5 milliards Fcfa entre dans le cadre du plan de financement de l’Etat dans l’exercice 2012.

Seulement au sortir de la réunion tripartite tenue le 6 février 2012 à la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, Alex Van Elk n’a pu obtenir qu’un accord de déblocage des 19,5 milliards Fcfa du plan de financement de l’Etat de manière séquentielle de 2 milliards Fcfa par tranche. Or le business plan initial indiquait que le chiffre d’affaires devrait progresser de 37 674 000 000 Fcfa en 2011 à 73 575 000 000 Fcfa en 2015, soit une augmentation 95%. Et la compagnie aérienne serait déficitaire surtout la période cumulée de 23 649 000 000 Fcfa. Or les informations financières actualisées par le staff dirigeant et validées par le Conseil d’administration font ressortir que le chiffre d’affaire sur la période ciblée (2010 – 2015) sera en forte croissance, il passera de 15 628 770 000 Fcfa en 2011 à 81 126 809 000 fcfa soit une augmentation de 49%. Et pour les pertes cumulées sur le strois premières exercices (2011-2013) de 36 828 880 000 Fcfa.

Malheureusement pour le même exercice 2011, le chiffre d’affaire prévisionnel de la Camair-Co était de 37 674 000 000 Fcfa, mais n’a réalisé que 44,5% de son objectif, soit un chiffre d’affaire de 19 545 853 000 Fcfa. Pour un déficit en valeur de 18 844 404 000 Fcfa pourtant le business plan l’avait évalué à 6 747 000 000 Fcfa. «D’où une détérioration la situation nette de l’entreprise» fait remarquer le ministre des Finances. Les malheurs d’Alex Van Elk, qui sont alors à leur début, tiennent surtout du départ de son mentor Essimi Menye du ministère des Finances.

3- Son successeur…

Pour le remplacer dans la short list, le commandant Jean Louis Angounou dont le personnage fait désormais partie de l’histoire de l’aéronautique au Cameroun, comme étant le premier à avoir accéder au grade de commandant de bord. Avec à son actif une riche carrière de 40 ans d’expérience, il a fini par déposer sa tenue en 2002 avec en travers de sa gorge la mort programmée du Boeing 747 avec lequel il fit le dernier voyage qui s’acheva par une sortie de piste à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle le 5 novembre 2000. Un aéronef qui lui collait à la peau et pour lequel, il continue d’écraser une larme lorsqu’il se rappelle de tous les péripéties qui ont conduit à sa mise hors d’usage. Pourtant, il ne cesse de soutenir (exit l’interview accordé à Stv en 2009) que « la seule partie qui a été endommagée est celle sous le train avant. Les moteurs étaient intacts, il fallait tout simplement reprendre l’avion et réparer à partir du train jusqu’en haut. On appelle cela des modules… » Pour répondre à ses contradicteurs, qui brandissaient la vieillesse de l’avion, 19 ans d’âge à l’époque de l’accident et du coût prohibitif de la réparation 10 milliards Fcfa, il soutient que le Combi toujours était neuf. «Dans la mesure où tout son suivi est fait de manière normale. On appelle cela des ‘checks’. Et celui du Boeing 747 était maintenu. Si cet avion avait voulu être réparé, comme l’a confirmé Boeing, il l’aurait été en 45 jours. Les frais de réparation étaient largement inférieurs à ce que l’assurance a versé à la compagnie.»

Pour la banqueroute de la défunte Camair, il met à l’index tous les responsables à quelque niveau que ce soit. «Il faut dire que la nomination des responsables de la Camair n’a pas été faite suivant le principe qui permettrait de faire marcher cette entreprise. J’ai constaté que la plupart des hauts cadres qui venaient d’être nommés arrivaient avec l’intention de faire partir cet avion : le Boeing 747. » Et pour le crash du 737 de 1995, qui a été ramené au devant de l’actualité avec la 4è lettre ouverte de Marafa, il a son avis sur quelques pistes qui pourraient justifier aussi le crash. «La direction de la Camair n’a pas été très regardante sur la sécurité. Par exemple, un pilote qui doit voler à 11h ne doit pas être maintenu en alerte jusqu’à 21h. Ce que je veux expliquer est que l’équipage a été à l’aéroport, ce qui pose problème : étant entendu qu’ils sont arrivés à 11h, ils ne pouvaient pas effectuer un vol à 21h. Il faut nécessairement remplacer l’équipage qui était là le matin. Donc, ils sont partis assez tard, après que l’équipage soit resté trop longtemps en attente .On aurait dû déclencher un autre équipage.»

André Som




23/06/2012
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