Emeutes de la faim : Les causes de cette contestation toujours d’actualité cinq après

Cameroun - Emeutes de la faim : Les causes de cette contestation toujours d’actualité cinq après25 février 2008, 25février 2013, il y a cinq ans éclatait au Cameroun un violent mouvement de contestation  qualifié  d’«émeutes de la faim ». On en parle toujours comme si c’était hier.
Ce violent mouvement de consternation qui a débuté par la ville de Douala s’est propagé dans les autres villes du pays avant de se généraliser. Cette revendication a entrainé la mort de plusieurs camerounais et la destruction d’importants biens. Même si le bilan exact des décès varie en fonction des sources d’information, il faut du moins noter que de source officielle, le ministre communication avait déclaré que plus d’une trentaine de personnes avaient perdu la vie dans ce vaste mouvement de contestation. Et que, des biens meubles et immeubles avaient été détruis, des offices publics et bâtiments administratifs vandalisés.

Un mécontentement populaire

Tout part  d’un mécontentement orchestré par la  hausse du prix des carburants. En effet après la qualification de l’équipe nationale pour la finale de la CAN 2008 qui se déroulait en Egypte, le 7 février 2008,  les conducteurs de taxis de mototaxis et les transporteurs, sont surpris en allant carburer que le prix du carburant a augmenté et de manière clandestine. A ce moment où, le panier de la ménagère est pratiquement vide, à cause de la crise économique ambiante, la tension est vive. Et les transporteurs dans l’ensemble lance un préavis de grève. Ils promettent de descendre dans la rue si n’est fait le 25 février 2008.

 Après deux semaines de tractation, le gouvernement ne cède pas. Il maintient le prix du carburant et la colère des transporteurs augmente.   A cette hausse de carburant efficiente, s’ajoute également une imminente hausse du prix du pain, qui fait monter la colère d’un cran et généralise le malaise.
 
A cette tension déjà ambiante, s’ajoute une autre  latente. Il s’agit de  la vive opposition au sujet de la modification de la constitution par le président Paul Biya.  Pour des mesures de sécurité dit-on, le gouverneur de la province du Littoral a interdit systématiquement les manifestations de l'opposition, principalement ceux du Social democratic front ‘Sdf), opposé à la révision de la constitution. Le 23 février 2008 alors que Jean Michel Nintcheu  député Sdf du Wouri Est organise un meeting au carrefour Madagascar.  Seulement, au moment ou celui-ci s’apprête à donner sa communication devant une foule nombreuse, des forces de l’ordre interdisent la tenue de cet évènement et dispersent la foule. Pendant cet exercice pas aisé dans ce conteste tendu, un gendarme ouvre le feu sur les populations et sur le tas, on note des morts et des blessés graves. Comme du feu mis à une poudrière,  les populations furieuses protestent et commencent les casses. C’est un affrontement entre les policiers et les populations. Les jeunes courroucés, choqués par cet acte barbare, détruisent une station service et mettent le feu à un bus de Socatur.  

Sur coup, plusieurs jeunes sont arrêtés et maltraités. Beaucoup sont conduits dans des centres de détention, et des prisons. La nouvelle se transmet telle une trainée de poudre et embrase d’autres quartiers de Douala. Bonabéri, Bépanda, New-Bell, Makéa, Bessengue , Bilongue brûlent. Des jeunes barricades des voies publiques et mettent du feu sur des roues en pleine chaussé. Douala est sous tension. Le 26 février 2008 date du début de la grève, la machine est lancée et ne peut plus s’arrêter. Ce malgré le sursoit  fait à ce mouvement. Les jeunes sont dans la rue. Fous de rage, ils cassent et brulent sur la chaussée, les comptoirs de Pmuc, les palettes, les roues de véhicules. Les voies sont barricadées, la circulation est coupée. Les véhicules ne circulent plus. Dans les différents quartiers, c’est l’affrontement avec les forces de l’ordre. On enregistre, des morts, et des blessés graves. De tous les cotés car, la police et la gendarmerie tirent à balle réelles. Le pillage s’intensifie de même que les mouvements d’humeurs. Le nombre de morts augmente. D’autres villes s’embrasent,  Bamenda, Limbé, Buea, Bafoussam, Loum, Djombé ,  Penja, Bafang, Yaoundé et les autres. Le mouvement est national. Face  au pillage qui s’intensifie, l’Etat qui ne maîtrise pas le mouvement décide de  sécurité des édifices et des entreprises. A Douala pour assurer le ravitaillement des populations. Les boulangeries et des pharmacies à Douala  sont Placées sous protection militaire. A Yaoundé, la manifestation prend une autre tournure. Le commissariat du quartier Mokolo a été incendié. Le même sort était réservé à la mairie de Tsinga, à certains comptoirs au marché central, Mokolo et Essos. À la poste centrale, des manifestants ont brulé des pneus sur la chaussée pour empêcher toute circulation.

A Douala, des manifestants présents sur le pont de Bonabéri sont contraint de se jeter dans le Wouri par la police qui tire à balles réelles. Les bilans font état des dizaines de morts par noyade.

Selon le bilan officiel, annoncé le 5 mars 2008 par le ministre camerounais de la communication, il y aurait eu 24 morts dont un policier ; la police aurait procédé à plus de 1.500 interpellations ; certains manifestants seraient toujours recherchés par la police. Ils sont considérés comme leaders des manifestants du quartier briqueterie à Yaoundé, la capitale politique. La radio RFI avait dressé un premier bilan de 170 morts le 27 février 2008.

Cinq ans après, rien n a véritablement changé. Au contraire, la situation va s’empirant. A côté de la crise économique, des problèmes électoraux, de la hausse des prix du carburant, s’ajoute aujourd’hui, les coupures intempestives d’électricité. Le bilan n’est guère reluisant : 7 morts suite aux incendies. Donc, quatre à Douala au quartier dit Carrefour Ypa et trois au quartier Minboman à Yaoundé. Il se pose également un problème criard d’approvisionnement en eau potable. Des quartiers passent des mois sans eaux à Douala et à Yaoundé. Une situation  qui laisse penser qu’on n’est pas loin  d’une autre crise sociale.
Du moins personne n’aura intérêt que cela ne se répète.

© La Nouvelle Expression : Hervé Villard Njiélé


26/02/2013
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