Emeutes de la faim: La diaspora fait pression sur Olivier de Schutter

YAOUNDÉ - 17 Juillet 2012
© Boris Bertolt | Mutations

Elle demande au rapporteur spécial de l’Onu, en séjour au Cameroun, d’inviter Paul Biya à faire la lumière sur les victimes des évènements de 2008.

C’est à huis clos que le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, en visite officielle au Cameroun depuis hier a rencontré la société civile à Yaoundé. Une rencontre peu ordinaire au cours de laquelle seulement 12 organisations de la société civile ont été retenues pour présenter au rapporteur des Nations Unies les problèmes auxquels elles sont confrontées. D’après nos informations, seulement quatre ont exposé sur des thématiques précises. A savoir: Le phénomène de l’accaparement des terres au Cameroun, le respect des droits des travailleurs dans les plantations et l’utilisation des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. Pour Eric de Schutter, il était également question d’avoir «des informations sur la qualité du dialogue avec le gouvernement». Sur la base de ces entretiens qui auront duré près de deux heures, le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation devra rendre un rapport aux Nations Unies à Genève au mois de mars 2013.

Au même moment, un collectif d’associations de la diaspora camerounaise, à savoir Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (Code), du Cercle belgo-africain pour la promotion humaine, Comité de soutien pour la libération des prisonniers politiques au Cameroun, la Fondation Moumié, le Collectif national pour l’impunité au Cameroun, l’Action citoyenne pour la promotion humaine et Tribunal Article 53, demandent à Olivier de Schutter de faire pression sur le gouvernement pour que la lumière soit faite sur les victimes des émeutes de février 2008. Sans oublier les personnes emprisonnées suite à ces émeutes, qui croupissent encore dans les géôles du Cameroun.

Le communiqué souligne: «Le Cameroun a connu aux yeux du monde entier le massacre de plus de 150 jeunes Camerounais par l'armée nationale. Ces jeunes Camerounais assassinés avaient, semble-t-il commis le crime de manifester leur désespérance et leur ras-le-bol dans une société où simplement manger à sa faim ou s'acheter les produits de toute première nécessité relevaient presque des travaux à la Sisyphe». Plus loin, on peut lire: «Accepter d'être reçu uniquement par les autorités camerounaises en balayant d'un revers de la main la société civile camerounaise, c’est cautionner la misère généralisée au Cameroun, cautionner le désespoir de toute la jeunesse camerounaise et favoriser son exil vers le grand continent à la première occasion.». Pour cela, ce collectif d’associations de la diaspora s’oppose «à toute caution de l’Onu à un gouvernement dont le niveau de corruption attire tous les médias du monde avec une vingtaine de ministres et autres pontes emprisonnés, pour détournements de fonds publics».

Dans ce texte signé de Brice Nitcheu, Patrice Nganang, Koko Ateba, Kadji Elie, Jean Marie Moukam, Thierry Amougou et Marcel Tchanqué, il est par ailleurs demandé à Olivier de Schutter d’exiger «de Monsieur Biya l'ouverture d’une enquête de police sur les dénonciations faites par une Ong française, de biens mal acquis à son encontre afin d’éclairer l’opinion camerounaise sur les biens effectivement détenus par ce dernier».

Le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation poursuit sa visite ce jour en terre camerounaise. Il devra se rendre à Maroua pour rencontrer des acteurs locaux. M. De Shutter est accompagné Ulrik Halsteen, chargé des droits de l’Homme au Haut commissariat des Nations Unies, et de Gaetan Valoqueren, assistant de M. De Shutter à l’université de Louvain.



17/07/2012
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