Emergence - Dessous d’un réveil tardif: Les maîtres à penser de Paul Biya

DOUALA - 03 JUIL. 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

Le Chef de l’Etat s’est enfin lancé dans la bataille du développement après un très long sommeil dû à une crise économique aiguë qui a frappé le Cameroun de plein fouet. Pour cela, il s’est inspiré des modèles étrangers, africains et asiatiques.

- La politique au centre des préoccupations

Quand Paul Biya arrive au pouvoir le 6 novembre 1982, sa seule préoccupation est la stabilité politique et non le développement économique du Cameroun. Le contexte fait de turbulences l’y contraint, l’y pousse. En effet, Paul Biya vient de remplacer un homme à poigne, à forte personnalité, Ahmadou Ahidjo qui a passé 24 ans au pouvoir et qui a occupé des responsabilités suivantes ; Premier ministre du Cameroun oriental de 1958 à 1960 et président du Cameroun indépendant du 1er janvier 1960 au 4 novembre 1982. La plupart des ministres du premier gouvernement (6 novembre 1982) boudent Paul Biya qu’ils trouvent indigne du poste. La plupart trouvent que la Présidence de la République aurait dû aller à un homme comme Victor Ayissi Mvodo ou à Samuel Eboua. C’est par la crainte qu’inspirait Ahidjo que certaines personnalités du Grand Nord actuel vont accepter du bout des lèvres pour faire partie de ce gouvernement de l’ère Biya.


Victor Ayissi Mvodo

Il était né en 1933 comme Paul Biya. Originaire du département de la Mefou et Afamba qui a pour chef-lieu Mfou, ce Bene, élève comme Paul Biya au lycée Leclerc de Yaoundé avait obtenu son baccalauréat en 1955. Il avait préféré attendre que Paul Biya obtienne sont bac en 1956 afin que tous les deux aillent en France poursuivre leurs études supérieures. Quelle preuve d’amitié. Ayissi Mvodo et Biya étaient vraiment amis au départ mais de retour au pays, les intérêts vont les séparer quoique tous les deux vont faire partie pendant de nombreuses années du régime Ahidjo. Ayissi Mvodo décédé avant l’an 2000 ne comprenait pas pourquoi leur mentor commun Ahmadou Ahidjo lui avait préféré Biya au poste de Premier ministre de 1975 à 1982. Il était un homme à forte personnalité au tempérament et sanguin.

Il voulait se présenter à l’élection présidentielle de 1997 contre Paul Biya quand la mort l’a frappé. Il avait obtenu le ralliement d’une bonne partie des membres de l’élite et des populations béties, essentiellement les Ewondo, les Bene, les Etenga, les Eton pour battre Paul Biya. De même, il avait obtenu le soutien d’une bonne partie des originaires du Grand Nord nostalgiques du régime Ahidjo. C’est au cours d’une apparition à la Crtv-télé que les Camerounais s’étaient rappelé qu’il était toujours en vie. Et c’est au cours de cette interview qu’il avait donné des précisions sur ses ambitions présidentielles. Paul Biya qui, dit-on, serait fidèle en amitié avait nommé ce vieil ami/ennemi à la présidence du Conseil d’administration de la Société nationale d’investissement du Cameroun (Sni) où il avait un bureau. Entre autres postes occupés dans le régime Ahidjo, il avait été pendant 12 ans ministre de l’Administration territoriale. A ses obsèques, ses enfants issus de son premier mariage avec une Française qui était rentrée dans son pays étaient présents. Il a fait partie du premier gouvernement de Biya (6 novembre 1982) ainsi que du deuxième (13 avril 1983) à l’Administration territoriale.


Samuel Eboua

Né vers 1928 dans le département du Moungo, région du Littoral, ce haut commis de l’Etat avait la double confiance d’Ahidjo et de son épouse Germaine, ce qui était un rare privilège. Cette dernière le qualifiait « de sérieux, fidèle et intègre… » Lui aussi ne portait pas Biya dans son cœur. Ne raconte-t-on pas qu’un jour Ahmadou Ahidjo convoque le Premier ministre Paul Biya à la Présidence. Ce dernier s’y rend très rapidement et attend d’être reçu par Ahmadou Ahidjo. Le président Ahidjo s’impatiente et Eboua qui sait que Paul Biya est déjà là dit à Ahidjo qu’il n’est pas encore arrivé et fait un commentaire dans lequel il traite Biya de jeune homme irrespectueux et autre. Ahidjo qui est un homme d’expérience sait que les relations ne sont pas bonnes entre les deux hommes demande qu’on aille vérifier dans la salle d’attente si Paul Biya s’y trouve. Et il s’y trouve effectivement et depuis. Samuel Eboua après avoir été écarté de l’Undp dont il était l’un des membres fondateurs au profit de Bello Bouba Maïgari ministre d’Etat chargé du Tourisme et des loisirs va créer son propre parti avant sa mort. Biya l’avait nommé président du Conseil d’administration de la Regifercam, actuelle Camrail. Hormis ces deux personnalités, d’autres du Grand Nord étaient très hostiles à Paul Biya.


Bello Bouba Maïgari

Ahmadou Ahidjo l’avait imposé à Paul Biya comme Premier ministre dans son premier gouvernement du 6 novembre 1982. Il était comme la plupart des ministres du Grand Nord de ce gouvernement l’œil et les oreilles d’Ahidjo, lui rapportant tous les jours les faits et gestes du président Biya. Il sera reconduit lors du remaniement du 13 avril 1983 comme à celui du 18 juin 1983 mais sera débarqué lors de celui du 22 août 1983 au plus fort de la crise entre Ahidjo et Biya et remplacé par Luc Ayang, originaire de l’Extrême Nord, cumulativement avec ses fonctions de ministre de l’Elevage, des pêches et des Industries animales. Il convient de préciser ici que le Toupouri Luc Ayang est Premier ministre par intérim. En réalité, le vrai président du Cameroun pour Bello Bouba Maïgari n’est pas Paul Biya mais Ahmadou Ahidjo de qui il reçoit instructions et ordres. C’est ce Bello Bouba Maïgari qui, sur injonction d’Ahidjo va demander à tous les musulmans et autres ministres du Grand Nord de démissionner du gouvernement en ce mois d’août 1983 pour mettre Biya en difficulté.

Ce contexte politique houleux va faire en sorte que Paul Biya consacre toute son énergie pour faire face à la situation. Ce climat délétère va l’amener à mettre l’économie de côté et à prendre certaines décisions comme par exemple le démantèlement de l’ancienne province du Nord en trois provinces : Adamaoua, Nord et Extrême Nord après un discours sur les ondes de la Crtv au cours duquel il dénonce l’existence ou la découverte d’un complot destiné à renverser ou déstabiliser l’ordre républicain. Paul Biya n’aura pas de répit. En 1990, le retour au multipartisme qui touche tout le continent africain avec parfois des conférences souveraines nationales ne va pas épargner le Cameroun. La marche de Bamenda avec Fru Ndi et autres à sa tête, les villes mortes à Douala et dans d’autres villes du pays vont faire perdre le sommeil à Paul Biya. Il n’a pas le temps de se pencher sur l’économie qui périclite de plus en plus et le climat social est très tendu avec la fermeture, au cours de cette décennie, de nombreuses sociétés d’Etat dont beaucoup étaient des éléphants blancs. En 1996, Paul Biya promulgue une nouvelle constitution dont tous les organes ne sont pas encore mis en place. Le seront-ils un jour avant son départ du pouvoir ? Toujours est-il dit que c’est au cours des années 2000 que le chef de l’Etat commence un peu à comprendre qu’il a trop mis l’accent sur la politique et qu’il fallait s’occuper de l’économie. C’est qu’il s’est rendu compte que bien de pays à potentiel moins élevé que le Cameroun faisait des miracles économiques à l’instar du Rwanda, de la Guinée Equatoriale, des dragons du Sud-Est asiatiques, (Corée du Sud, Taïwan, Malaisie, Singapour, etc.).

Paul Biya comprend alors la mesure du retard économique pris par le Cameroun. Et c’est au cours de sa campagne pour la présidentielle qu’il développe le thème des « Grandes ambitions » aujourd’hui transformées en « Grandes réalisations ». De 2004 à 2011, les Grandes ambitions ont été un slogan creux au point où au sein même du Rdpc au pouvoir, on se demandait si le président national du parti et président de la République était un homme sérieux : il parlait mais sans rien réaliser. Les Grandes ambitions étaient le thème favori des opposants et de la presse de tous bords pour se défouler sur Biya, sur son incapacité à réaliser ou concrétiser ses promesses électorales. Vint le 3ème congrès ordinaire du Rdpc à la mi-septembre 2011 au cours duquel dans son discours de politique générale Paul Biya déclara qu’à partir de 2012, le Cameroun sera transformé en un immense chantier. Il paraît qu’il pourrait tenir parole. Alors la question que l’on peut se poser est celle de savoir d’où lui vient cette volonté politique subite qu’il n’a pas eu en près de trente ans au pouvoir ? Voici notre point de vue.


II- Ses inspirateurs et modèles économiques

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo

Le président Equato-guinéen est à la tête d’un pays de 28.051 Km2 comprenant une partie continentale et une composante insulaire et peuplée de 1,5 millions d’habitants dont une forte proportion d’étrangers attirés par le dynamisme d’une économie basée sur les hydrocarbures liquides (pétrole) et gazeux. Quand le colonel (aujourd’hui général même si officiellement il est redevenu civil) Teodoro Obiang Nguema Mbasogo renverse, le 3 août 1979 son oncle, le président Francisco Macias Nguema, la Guinée Equatoriale est un pays très pauvre, parmi les plus pauvres au monde. Un colonel de l’armée ne touchait pas 50.000 francs Cfa jusqu’à l’an 2000. Dans cette période de disette, le président Obiang Nguema était l’ami du président Paul Biya, proximité linguistique et ethnique jouant à merveille. Obiang Nguema qui est Fang se rendait régulièrement à Yaoundé pour venir prendre à manger et de l’argent chez son grand frère Biya. Au cours d’une de ses visites, ceux qui étaient présents entendaient comment il lui demandait en patois « comment va ma femme ? Comment vont mes enfants ? » Et Obiang Nguema de lui répondre : « Bien ». L’amitié qui liait ces deux hommes était très solide, du moins Paul Biya le croyait-il. Le jour de son départ de Yaoundé pour la Guinée Equatoriale, des camions militaires chargés de vivres (bâtons de manioc, cartons d’huile Diamaor, filets de tomates, gigots de bœuf, régimes de plantain, etc) prenaient la route de l’aéroport, parfois dans l’avion présidentiel de Biya quand celui à hélices d’Obiang Nguema n’avait pas la capacité de transporter toutes ces vivres.

Mais voilà, entretemps on a découvert le pétrole en Guinée Equatoriale en 1991 (la compagnie Walter international) sur le gisement d’Alba au large de l’île de Bioko où se trouve la capitale Malabo. Mais c’est surtout en 1995 avec la découverte du gisement Zafiro, toujours au large de Bioko et en novembre 2000 avec la mise en exploitation du gisement de Ceiba, au large de Bata, le chef-lieu de la partie continentale du pays, que la Guinée Equatoriale est devenue un producteur important d’or noir avec 350.000 barils. A partir de ce moment-là, Obiang Nguema a commencé à espacer ses visites au Cameroun, ne venant que le temps d’un sommet. L’’amitié avec Paul Biya a commencé à se déliter. Les Equato-Guinéens installés au Cameroun fans de la région du Sud et du centre, département du Nyong et Mfoumou sont rentrés chez eux avec leurs épouses camerounais.

Paul Biya qui va rarement chez ses voisins de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) qui comprend six pays : Cameroun, République centrafricaine, Gabon, Congo Brazzaville, Tchad, Guinée Equatoriale) se rend en Guinée Equatoriale pour un sommet et découvre toute honte bue que ce pays n’est plus le petit coin de brousse peuplée de singes qu’il connaissait. Il est émerveillé, subjugué par les infrastructures immobilières, routières, aéroportuaires et des aménagements de toutes sortes. C’est au cours de cette visite qu’il découvre que l’ancien ministre de l’Economie et du Plan de son premier gouvernement du 6 novembre 1982 et ancien directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale, Pierre Désiré Engo aujourd’hui en prison dans le cadre de l’opération Epervier avait investi massivement. Et c’est Obiang Nguema en personne qui avait vendu la mèche. Et l’on raconte que Paul Biya avait demandé à son aide de camp de noter, de prendre le nom de Engo et de lui rappeler l’affaire à son retour au Cameroun.

Au cours des années qui vont suivre Obiang Nguema met en place des infrastructures dans son pays à la vitesse grand V : ponts, routes, aéroports, autoroutes, hôpitaux, écoles, ports, logements sociaux, villes nouvelles comme celle d’Ayala dans la partie continentale, etc. Paul Biya se rend compte qu’il est en retard de plusieurs années et que Obiang Nguema qui il donnait à manger lui montre qu’il ne sait rien, lui fait la leçon. Ceci nous renvoie à une sagesse bantoue qui dit que c’est l’enfant du millepatte qui avait montré à son père comment s’enrouler sur lui-même. Si Paul Biya veut s’inspirer de ceux que les Asiatiques ont fait en matière de développement, son vrai maître à penser dans ce développement reste incontestablement le président équato-guinéen dont le pays dispose de plus grosses réserves de changer plus de 2000 milliards de Fcfa à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Béac) avant le Cameroun qui est à 1.700 milliards. Obiang Nguema a réussi à imposer son compatriote Abaga Tchama comme gouverneur de la Béac cassant ainsi la règle non écrite qui faisait d’un Gabonais le gouverneur de cette institution financière.


Paul Kagame du Rwanda

L’homme qui est à la tête de ce pays surpeuplé de 26.338Km2 pour 12 millions d’habitants est un dictateur éclairé à l’instar de ceux de l’Asie du Sud-Est. Le général dictateur est à la tête d’un pays qui a pour richesse naturelle les collines, le climat frais, l’altitude, le thé, les technologies de l’information et de la communication (Tic), le tourisme, quelques minerais, le gaz méthane dissout dans les eaux du lac Kivu. Donc pas vraiment grand-chose avec l’énorme potentiel naturel et humain du Cameroun qui avait poussé un ancien ambassadeur de l’Allemagne à Yaoundé, Herbert Nodelke, à faire la déclaration suivante au moment de quitter notre pays : « Le Cameroun a tout pour devenir la Suisse de l’Afrique ». Le diplomate allemand faisait ainsi allusion aux richesses du sol et du sous-sol de notre pays, à son énorme potentiel humain, etc. Il avait conclu que c’était la malgouvernance de la tête (Paul Biya et ses collaborateurs qui n’étaient pas à la hauteur, qui faisait que le Cameroun ne décolle pas économiquement.

Le Rwanda a subi le génocide de 1994 au cours duquel il a perdu environ un million de personnes, en majorité des Tutsis et aussi des Hutus modérés, mais le pays s’est relevé de ses cendres comme le phœnix pour entreprendre la longue marche du développement, avec un certain succès. Paul Kagame et son pays sont le chouchou des instances financières internationales et des investisseurs privés. Dans son édition n° 2685 du 24 au 30 juin 2012, l’hebdomadaire Jeune Afrique consacre un dossier à ce pays. Que lit-on en page 72 dans l’article d’Alain Faujoes : « Dans quasiment tous les domaines, Kigali peut prétendre à l’excellence. La capitale a réalisé presque 8% de croissance annuelle depuis 2005, et même 8,8% en 2011, année où l’ensemble de l’Afrique subsaharienne a vu son Pib croître de 5%. Elle s’est hissé à la 45e place en 2012, au lieu de la 150e en 2008, dans le classement « Doing Business » qui évalue 183 pays selon la facilité avec laquelle on peut y faire des affaires… Autre talent rwandais : l’art de séduire les bailleurs de fonds. En 2010, ils étaient 28 partenaires, de la Banque mondiale aux Ong, plus modestes, à apporter 750 millions d’euros à Kigali… ». Ça se passe de commentaires.


L’Asie du Sud-Est

Voilà un autre exemple dont Paul Biya veut s’inspirer. Le chef de l’Etat dans une lointaine interview dans Jeune Economie de Blaise-Pascal Talla avait déclaré qu’il lisait beaucoup. Que lit-il ? Nous supposons des ouvrages sur la politique, l’économie et autres et probablement il a dû tomber sur des écrits relatifs au développement extraordinaire des « petits dragons » du Sud-Est asiatiques tels la Malaisie, Singapour, Taïwan. De tous ces pays, aucun n’a le potentiel du Cameroun en termes de richesses du sol et du sous-sol mais, hélas, ils sont tous devant nous dans le domaine économique tous simplement parce qu’ils ont eu ou ont à un moment donné de leur histoire, des dirigeants qu’ils soient des militaires ou des civils.


Corée du Sud

Pour ce pays, on peut renvoyer à la lecture du livre de l’agronome Français René Dumont : « L’Afrique noire est mal partie », ouvrage dans lequel il comparait la Corée du Sud, 99.000 Km2 et 45 millions d’habitants aujourd’hui. En 1960 écrit René Dumont, le Cameroun a l’avantage sur la Corée du Sud qui n’a pour richesses du sous-sol que quelques maigres gisements de charbon et de fer alors que le Cameroun est un scandale géologique avec son fer, sa bauxite… Nous, aujourd’hui cet avantage ne nous a servi à rien. La Corée du Sud qui était au même niveau de développement que le Cameroun en 1960 nous vend de l’électronique grand public (chaîne stéréo, téléviseurs, téléphone cellulaires) des voitures et exploite notre diamant.

Comment expliquer cela ? C’est tout simplement qu’à un moment de son histoire la Corée du Sud a eu à sa tête, un homme, le général Park Chung Hee qui avait pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1963. A sa mort, également par un coup d’Etat, en 1979, la Corée du Sud était déjà un pays industrialisé. Si ce pays est aujourd’hui la huitième puissance mondiale au même niveau que le Brésil qui a 200 millions d’habitants pour une superficie de 8.512.000 Km2, c’est parce qu’il avait à sa tête un dictateur éclairé comme l’est Paul Kagamé au Rwanda et surtout il avait la volonté politique.


III- Manque de volonté politique de Paul Biya

Paul Biya peut avoir tous les défauts : lenteur dans la prise de décisions, inertie (un terme que Paul Biya aime bien utiliser), accessibilité à lui, s’entoure de mauvais collaborateurs mais l’un des plus graves reste le manque de volonté politique. C’est cela même qui a fait que le Cameroun ne décolle pas. Paul Biya a passé son temps à s’occuper des affaires politiques en délaissant de côté l’économie avec tous ses démembrements que sont : l’industrie, les infrastructures de toute nature. L’argument selon lequel le climat politique ne lui permettait pas de faire éclore l’économie est fausse. En effet, le climat politique était plus délétère en Corée du Sud dans les années 1960 et 1970 plus que les années 1990 au Cameroun. La Corée du Sud avait au Nord un voisin très belliqueux, la Corée du Nord communiste soutenue par les pays communistes qu’étaient la Chine et l’ex-Urss. La tension était donc permanente entre ce voisin du Nord et la Corée du Sud soutenue par les Etats-Unis d’Amérique. Cette tension permanente n’avait pas empêché le général dictateur d’ériger son pays en quelques années en une puissance industrielle.

C’est que Paul Biya a mis du temps pour comprendre qu’on va le juger non pas par rapport aux réformes politiques mais par rapport au développement économique du Cameroun. N’avait-il pas dit, il y a longtemps, dans un discours qu’il est celui qui a apporté la démocratie et le développement. Mais où est donc ce développement ? Sur ce plan, on peut dire qu’il a échoué et qu’il veut se rattraper. Le pourra-t-il ? Et même s’il y parvient, ce développement est malheureusement orienté. En effet, on dirait qu’il veut faire tout simplement honneur aux originaires du Sud, ceux de sa région d’origine à qui il offre sur un plateau en or : deux barrages hydroélectriques : Mekin et Mem’Evelé, une centrale à gaz, le port en eau profonde de Kribi, la construction de routes, du chemin de fer, d’usines diverses (industrie lourde et légère). Et les autres régions qu’ont-elles reçu au crépuscule du pouvoir de Biya ? Rien. Paul Biya a également mis du temps pour comprendre qu’il fallait se tourner vers un pays comme la Chine pour financer les infrastructures du Cameroun.


Les conseillers nationaux

On ne sait pas quel rôle les économistes ont joué auprès de Paul Biya depuis l’époque où il était Premier ministre. On peut citer l’ancien vice-Premier ministre en charge de l’Agriculture et du Développement rural, Jean Nkuete, actuellement secrétaire général du Comité central du Rdpc. Il est titulaire d’un doctorat en économie obtenu en Italie et travaille depuis, auprès de Paul Biya. En effet, de 1975 à 1980, il a été directeur des affaires économiques et conseiller technique de Paul Biya Premier ministre. Il a été auprès de lui comme secrétaire général adjoint de la Présidence de la République du 13 avril 1983 au 21 novembre 1986, date à laquelle il devient secrétaire général du gouvernement. Quels types de conseil donnait-il au Président de la République. De nombreuses personnalités camerounaises ont côtoyé le président Paul Biya dans le domaine économique mais sans résultats probants. La question que l’on peut se poser est la suivante : ces conseillers étaient-ils compétents ou incompétents ? Ou alors ils étaient compétents mais Paul Biya ne suivait pas leurs conseils ?




03/07/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres