Elections sans électeurs.


Écrit par Gerard Philippe KUISSU | Douala
 
Lundi, 25 Octobre 2010 17:00

Pour se mesurer, savoir comment on évolue, la meilleure façon est d’observer  les autres dans la même situation.  On comparera toujours les choses ou les Situations identiques. Et de cette comparaison nait des leçons et des éclaircissements implacables. Nous avons quatre pays la Cote d’ivoire, la Guinée Conakry et la République Centrafricaine où vont se dérouler très bientôt des élections présidentielles ; comme nous en 2011.

 

En Cote d’ivoire, l’engouement pour les élections ne se dit pas, il est visible. Les inscriptions sur les listes électorales ont été massives et la preuve les électeurs sont massivement alignés devant les bureaux de vote pour retirer leurs cartes d’identité et leurs cartes d’électeurs. Ils attendaient ces sésames avec frénésie. Même le Président Gbagbo a brandi la sienne avec fierté lors d’un meeting à Bouaké courant octobre 2010. Tout le processus a été consensuel, nous avons vu les quartes figures de la scène politique discuter, négocier, travailler dure pour aboutir à un consensus qui est cette élection du 31 octobre. Juste à coté, nous avons la Guinée. Le combat qu’ont mené chaque candidat et ses sympathisants pour ne pas dire électeurs ont laissé stupéfaits  plus d’un observateur.

L’engagement des protagonistes y est tel que même le Président la République le tigre SEKOUBA KONATE personnages fort consensuel et au dessus de la mêlée a du faire appel à la sous région pour départager les adversaires. Les électeurs y sont mobilisés, inscrits dans des listes électorales et fortement impliqués le long du processus. Finalement c’est le général Sangaré un officier supérieur de l’armée malienne qui a été choisi pour conduire les élections dans la clarté et la sérénité à son terme. Jusque là l’engouement, la vigilance,  l’implication des électeurs est totale.

A coté de nous, malgré la volonté du pouvoir d’aller aux élections à la date prévu par la constitution, l’opposition a fini par faire plier le pouvoir  pour réorganiser le processus électorale. Afin  que les populations s’inscrivent sur les listes électorales. Ce qui a été fait et de façon consensuelle et les élections auront lieu en janvier prochain. Dénominateur commun  à tous ces cas, l’organisation des élections est confiée à un organisme indépendant et autonome. Pire en Cote d’ivoire cette commission hautement indépendante est dirigée par un militant d’un parti de l’opposition, en Guinée avant le général Sangaré nommé cette semaine, c’était des personnages de la société civile non véritablement acquis à un camp.

Chez nous  au Cameroun qu’en est il ?

Jamais on n’a vu la classe politique pouvoir et opposition réunie,  clergé et société civile, diaspora et communauté internationale être totalement incapable, de mobiliser les électeurs ; être suffisamment aphone pour ne pas être entendu. Nous avons parcouru des bureaux d’ELECAM de log baba à Douala 3e, de Deido à Douala 1er, Bayangam, Bafoussam, et bien d’autre : rien n’y fait ce n’est pas l’affluence escomptée. Au vu de ce qui se passe ailleurs il y a pour le moins un problème. La différence dans l’engouement et l’implication des populations est abyssale.

Au Cameroun, au départ les protagonistes ont perdu la bataille d’une commission électorale indépendante. Le pouvoir de Yaoundé a ensuite fait avaler des charbons ardents à toute l’opinion nationale en imposant la crème des cadres de son PARTI/ETAT à la tête de la structure supervisant les élections. Pour parfaire sa main mise sur le processus, le pouvoir en place a vidé  juridiquement de sa substance ELECAM supposé contrôler de bout en bout les élections ; elle le fait désormais avec le ministère de l’intérieur. IL faut souligner que par rapport aux cas évoqués ci- dessus ou les candidats ont tout fait pour une refonte des listes électorales : autre échec. Au Cameroun, la base de travail  d’ELECAM c’est la liste électorale qui est contestée depuis 1992 !

Dans ces conditions, il n’est pas nécessaire d’être intelligent pour comprendre l’origine du manque d’engouement des populations pour la prochaine élection présidentielle. C’est du qui perd gagne. Dernière comparaison : de la Cote d’ivoire, de la Guinée, de la Centrafrique personne ne peut dire avec exactitude qui sera le vainqueur, tout au plus peut-on imaginer ceux qui seront au deuxième tour. C’est le propre d’une élection sereine, équitable et juste. Chez nous non seulement c’est à un seul tour, personne n’est dupe la sempiternelle phrase de Monsieur Dipanda Mouèllè résonnera encore : « le candidat monsieur Biya Paul  est déclaré élu avec … » voilà là oui y aura suspense le score de sa victoire ! Le vainqueur est connu d’avance. De plus les populations veulent un changement à la tête de l’exécutif, pas d’un exercice  (non)démocratique d’élections.

Voilà l’inextricable situation dans laquelle le Cameroun nage. Comparé aux pays sus évoqués  qui ne sont pas des dragons économiques,  qui ne sont pas plus nantis que nous, comparé à ces pays sur le strict plan des élections (conception, organisation, gestion, transparence,  etc.) Nous avons beaucoup de chemin à faire ; tant qu’il ne sera pas fait, on repartira en 2011 avec le tandem BIYA /FRU NDI. Chiche.

Gérard Philippe Kuissu
Correspondant icicemac.com
Douala


31/10/2010
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