Election présidentielle : « L’Appel du peuple » ou du Rdpc ?

(Dikalo 24/12/2009)

Sous le prétexte d’une volonté populaire, un groupe de personnalités à publié un ouvrage pour supplier Paul Biya de briguer un énième septennat. C’est la question qu’il convient de se poser après la cérémonie présidée par le Premier ministre lundi dernier dans un hôtel huppé de la capitale politique. Yang Philémon, entouré de tout le ghotta politico-administratif fidèle au parti au pouvoir, a présidé la présentation d’un ouvrage de 336 pages intitulé « Paul Biya, l’appel du peuple, the people’s call.»

En lieu et place de publication, il s’agit en réalité d’un ramassis de motions de soutien signées par de hauts dignitaires du régime et des militants du Rdpc appelant leur président d’être leur candidat lors de la prochaine élection présidentielle prévue en principe en 2011.

Le livré édité par la société de presse et d’édition du Cameroun, Sopecam, comprend aussi les images du chef de l’Etat, sa lettre au peuple camerounais du 06 novembre 2009, un prologue signé par le Premier ministre, chef du gouvernement, une préface de René Sadi, le secrétaire général du Comité central du Rdpc ; deux introductions générales du Pr. Jacques Fame Ndongo, le communicateur du Rdpc et du ministre des Forêts M. Elvis Ngolle Ngolle. Ensuite, les initiateurs de cette production intellectuelle ont meublé les pages avec des éléments tirés de l’actualité récente : la fortune du chef de l’Etat, ses vacances budgétivore et les différentes réactions de la classe dirigeante sur ces affaires.



Dessous

A la lecture de cet ouvrage, on se rend immédiatement compte qu’il y a une nette différenciation entre le titre et son contenu. Dans un environnement politique pluraliste où plusieurs formations politiques rivalisent d’adresse pour le contrôle de l’électorat, il est dangereux de croire que le point de vue d’un parti, fut-il proche du pouvoir, est le reflet de toute l’idéologie du peuple camerounais. Autrement dit, le soutien du Rdpc à son chef par rapport à la prochaine élection présidentielle n’est pas celui de tous les camerounais. Ce serait une manière de falsifier la réalité et de nous ramener vingt ans en arrière de monolithisme politique marqué par le règne de la pensée unique.

Les résultats d’un sondage objectif effectué sur toutes les couches sociales de la population camerounaise par rapport à la candidature de Paul Biya en 2011 seraient un désaveu complet pour les auteurs de l’ouvrage intitulé « L’appel du peuple» ; des opportunistes qui n’ont aucune légitimité populaire pour parler au nom du peuple camerounais et qui en réalité s’agitent pour sauvegarder leurs intérêts personnels qui ne résisteraient pas à un départ de Paul Biya du pouvoir. C’est la principale signification qu’il faut donner à la flagornerie du 21 décembre dernier à Yaoundé organisée par un groupe de personnalités au degré de militantisme douteux.



Présidentielle anticipée ?

Le débat autour de la candidature de Paul Biya en 2011 agrémenté par toutes ces motions de soutien est sans objet. C’est une polémique inutile qui vise à détourner les camerounais des vraies questions de l’heure. Ceci pour plusieurs raisons : la dernière modification constitutionnelle donne toute la latitude à l’homme du 06 novembre 1982 de briguer un nouveau septennat. Il n’a pas besoin du soutien d’un groupe de griots pour le faire.

En outre, le président national du Rdpc est le candidat naturel de ce parti pour l’élection présidentielle. Paul Biya n’a pas encore démissionné du parti des flammes. Il en est donc le candidat indiscutable.

Qu’est-ce qui explique donc toute cette agitation et quelles en sont les motivations réelles ? Pourquoi parler d’élection présidentielle aujourd’hui alors que le mandat du président en exercice expire en 2011 ? Philémon Yang, René Sadi, Jacques Fame Ndongo et autres ne préparent-ils pas l’opinion publique à une éventuelle élection présidentielle anticipée qui pourrait avoir lieu en 2010 ? On parle d’ailleurs de la convocation imminente d’un congrès ordinaire du Rdpc dans la perspective de cette échéance politique.

Où est passée l’opposition dans ce cirque qui déroule autour d’elle ? Lorsque les dés seront jetés, elle n’aura plus que ses larmes pour pleurnicher afin de dénoncer un complot qu’elle a pourtant vu venir. L’urgence de l’action est là.



Daniel Atangana

© Copyright Dikalo



25/12/2009
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