Du rififi dans le Nkam: Le préfet et les élus locaux à couteaux tirés

Cameroun/Du rififi dans le Nkam: Le préfet et les élus locaux à couteaux tirésLe chef de terre accuse publiquement les élus de la localité de tentative d'assassinat par bande organisée.Autrefois timide, renfermé et pratiquement absent du département du Nkam, le préfet Boulounougou depuis la confirmation à son poste en octobre 2012 dernier semble avoir repris du poil de la bête. Des sources crédibles indiquent que le préfet du Nkam, jusque-là discret dans ses prises de position et conflits avec les hommes politiques et élites de la localité a décidé de livrer bataille à ciel ouvert. On a pu l'observer récemment au cours d'une réunion de sécurité avec les sous-préfets et les chefs traditionnels du Nkam.

Selon certaines indiscrétions glanées à bonnes sources, devant une assistance médusée, voire choquée, le préfet du Nkam va se livrer à un réquisitoire contre les hommes politiques et élus du Nkam, sortant du contexte de la réunion. Les collaborateurs pas au courant et les chefs traditionnels pourtant auxiliaires de l'administration ne diront rien, subordination hiérarchique oblige. Un gène s'installe.

Mais encouragé par le chef canton Mbang, le sergent-chef Biyo qui voue une haine au député du Nkam depuis l'échec du candidat qu'il soutenait à la députation, il avait même déclaré qu'il démissionnerait de ses fonctions si l'honorable Gaston Komba était élu député, prétend-on, le préfet du Nkam va étayer son propos d'attaques en règle principalement contre le maire, président de section Rdpc de Yabassi Samuel Kwedi, inspecteur principal des Douanes et l'honorable Gaston Komba, député du Nkam.

Les 2 élus et hommes politiques ont en commun d'avoir un franc-parler qui gêne et d'être les hommes à abattre du ministre Pierre Titti. Sortant de sa réserve, il va dénoncer l'intention (il lit dans les enveloppes) d'une certaine grande élite de vouloir imposer des candidats, appelant les chefs traditionnels à se rebeller dans ce cas et leur assurant de son soutien. Il va jusqu’à les encourager à ne pas laisser les listes se faire sans eux et à lancer des mots d'ordre politique.

L'on se souvient que lors de la concertation du parti de la Flamme au palais des Congrès sur la sensibilisation aux inscriptions biométriques et la célébration du 30ème anniversaire du Rdpc, le Dr Messanga Nyamding, membre du Comité central et élite du Nkam, très proche de Pierre Titi s'était vertement attaqué au ministre Pierre Moukoko Mbonjo et au conseiller spécial Narcisse Mouelle Kombi, les accusant de soutenir le président de section et maire de Yabassi, impopulaire selon lui et incapable de conduire les opérations de sensibilisation.

On comprend ainsi que le préfet ne s'attaquait ni plus ni moins qu'au ministre des Relations extérieures que l'on dit ne pas combler les populations des largesses financières comme Pierre Titi, les autorités administratives et traditionnelles du Nkam. Mais si tout le monde avait accès aux caisses de l'Etat, il serait facile pour chacun d'être large et gentil. Encore que l'opération Épervier rode...

Coupeurs de route

Le préfet n'hésitera pas d'ailleurs à affirmer que le maire Samuel Kwedi a «échoué» et qu'il est parmi les élites qui seraient allés voir le Minatd en vue de son départ du Nkam. Heureusement dira-t-il, une autre élite m'a soutenu auprès du Minatd. Vous imaginez bien laquelle, Pauvre Moukoko, lui qui avait juré s'éloigner des batailles du Nkam y est attrait de force. Déjà au cours d'une réunion de restitution et d'évaluation du meeting de remerciements au président Paul Biya tenu à son domicile en septembre dernier, des francs tireurs proches du ministre Titi n'ont pas hésité à s'en prendre à lui, face à face, donnant une tonalité conflictuelle à une réunion annoncée fraternelle.

S'appuyant sur un fait divers, un braquage d'un car de transport par des bandits armés qui ont délesté les passagers de leur argent et portables, le préfet du Nkam affirmera que c'est lui qui était visé. Comme argument, il cite des déclarations de passagers à qui les coupeurs de route auraient déclaré que «c'est le préfet qu'on attendait ici». Il va ainsi dans un premier temps pointer un doigt accusateur vers les hommes politiques et ensuite être plus précis en indexant le député du Nkam comme commanditaire d'une bande armée voulant porter atteinte à sa vie. Pourquoi et dans quel intérêt?

Quels sont ses preuves, ces questions restent sans réponse. En tout cas, à Yabassi, cette accusation très grave ne laisse personne indifférent. Accuser un élu du peuple d'un tel crime, c'est porter atteinte à toute l'Assemblée nationale, à toute l'institution. Rien ne peut le justifier. Il est urgent que le gouvernement ouvre une enquête pour rétablir la vérité et que les responsables assurent leurs actes. Au cours de notre enquête sur le terrain, il nous a été révélé que les autorités de défense et de renseignement sur le terrain couvrent tous ces égarements des protégés de Pierre Titi et ont perdu depuis longtemps leur objectivité.

Il est de notoriété publique dans le Nkam que les relations entre les 2 jeunes élus du département, le maire de Yabassi, Samuel Kwedi et le député du Nkam avec le préfet sont loin d'être au beau fixe. Si elles sont ouvertement conflictuelles avec le maire, ce dernier lui reprochant son affairisme et activisme politique au service de Pierre Titi, elles sont froides avec le député. En effet les 2 hommes s'ignorent, le député du Nkam reprochant au préfet sa partialité et son intrusion dans la politique locale. Quant au préfet, il a du mal à dire ce qu'il reproche au député, se cabrant sur les «on dit» de son conflit avec l'ancien préfet, manipulé par les mêmes personnes et pour des mêmes causes.

Joint au téléphone, le préfet du Nkam n'a pas daigné répondre à notre sollicitation. Le député du Nkam Gaston Komba, réputé pour ne pas faire dans la langue de bois a confirmé ce qu'il appelle «le harcèlement politique» à son endroit. «J'ai l'habitude vous savez. Ceux-ci n'ont que 2 armes: le mensonge et l'argent et sont à court d'arguments». Le député est un élu du peuple. On n'a jamais dit qu'il était l'élu d'un préfet ou d'un ministre.

Malheureusement ajoutera-t-il, « c'est l'argent du contribuable qui sert à détruire la paix sociale dans le Nkam ». Déjà aux élections présidentielles, se souviennent quelques observateurs, le préfet du Nkam et le sous-préfet de Nkondjock avaient monté toute une manipulation contre le député, l'accusant de soutenir l'opposition. Le Cabinet civil avait d'ailleurs été saisi par ces autorités administratives, le sous-préfet de Nkondjock se vantant partout d'être un proche du ministre le directeur du Cabinet civil, Martin Belinga Eboutou.

Malheureusement les résultats sur le terrain viendront démentir ces accusations mensongères et toute cette cabale motivée par l'argent facile. Aux dernières nouvelles, des tracts appelant à discréditer les actions du député du Nkam circulent depuis la fin de la semaine dernière dans le département.
Affaire à suivre.

© La Nouvelle : Charles Nwé


12/12/2012
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